Il n’y a pas eu d’accord avec l’Iran (info # 022411/13) [Scoop]
Par Stéphane Juffa ©Metula News Agency
Avec le concours de tous les rédacteurs de l’agence.
A la Ména ainsi que dans les rédactions d’autres media pas totalement endormis en ce dernier dimanche de novembre, on se demandait depuis ce matin pourquoi personne n’avait publié le texte original et intégral de l’ "accord" qui a été signé ce week-end entre les 5+1 et la "République" Islamique d’Iran.
Peu après l’annonce de l’existence d’un accord, la Maison Blanche a diffusé un "Fact sheet", une fiche d’information, dans laquelle elle "explicite" ce qu’elle nomme les "Accords du premier stade concernant le programme nucléaire de la République Islamique d’Iran".
Intrigués, notamment par le fait que nous n’avions vu aucune déclaration officielle de la part de la cheffe des 5+1, Madame Catherine Ashton, nous avons même pris la liberté d’interpeler l’un de ses porte-paroles, M. Sébastien Brabant. Ce dernier nous affirmait qu’il n’avait pas vu non plus le document du traité. Nous lui avons dit qu’il était exclu, pour notre part, de réaliser une analyse stratégique des conséquences du traité sans avoir eu le loisir de le consulter, car commenter des commentaires ne participe pas du mode opératoire de notre agence. M. Brabant nous assura que, comprenant notre approche, il nous rappellerait rapidement. Nous attendons toujours une éventuelle manifestation de sa part.
La réponse à nos doutes est choquante, voire difficilement appréhendable ; elle nous vient de l’IRNA, l’Islamic Republic News Agency, et est confirmée par le ministère iranien des Affaires Etrangères : il n’y a pas d’accord !
L’agence de presse de la "République" Islamique diffuse l’intégralité du document qu’elle intitule l’ "Accord Iran-5+1 de Genève".
En en prenant connaissance, on ne peut être qu’étranglé par la surprise, par l’irresponsabilité des membres permanents du Conseil de Sécurité, ainsi que par l’énorme fraude organisée, de laquelle des media sont très probablement complices, diligentée par tous les gouvernements des 5+1, à commencer par celui des Etats-Unis et leur président, qui font croire au public qu’un accord a été conclu avec la théocratie perse. Car c’est faux. Absolument faux.
Il existe bien un document, mais ce n’est pas un traité, ni un accord, pas plus qu’un contrat ; c’est un texte intitulé "Plan d’action conjoint". Il ne contient aucun engagement d’aucune sorte, n’est pas rédigé à la manière d’un document juridique ou d’un traité international et est entièrement au conditionnel.
Exemple dès le premier paragraphe qui est nommé : "Eléments d’un premier pas", suivi par "l’Iran pourrait (would) s’engager aux mesures volontaires suivantes :".
Suit une longue liste d’actions que l’on "pourrait prendre" de part et d’autre, sans l’ombre de l’esquisse d’une contrainte ou d’un engagement quelconque.
Idem pour l’allègement des sanctions : "En contrepartie [entendez si l’Iran décidait de réaliser ce qui est mentionné dans ce ""Plan d’action conjoint"], les E3/EU+3 prendraient les mesures volontaires suivantes : (…)".
Ce document, que l’on peut qualifier de brouillon de travail si l’on veut se situer au plus près de la réalité, n’a strictement rien à voir avec les annonces faites par le président Obama ce dimanche. Quand ce dernier clame que l’Iran a, entre autres multiples "engagements", pris celui de "cesser l’enrichissement au-dessus de 5%", il ne dit manifestement pas la vérité.
Mais l’arnaque est plus globale : il n’existe aucun engagement d’aucune sorte dans tout le texte en question. Résumé juridiquement, cela donne la formule suivante : "l’Iran a le loisir de prendre un certain nombre de mesures destinées à limiter son activité nucléaire, et s’il le fait, les 5+1 pourraient, à leur tour, lever certaines sanctions".
Le seul avantage (très) relatif que l’on peut prêter à ce brouillon est qu’il établit la liste de "ce qui pourrait être entrepris, de part et d’autre, afin de parvenir à un accord intérimaire".
Mais quelqu’un ment même au sujet de cette liste, par exemple, quand le "Plan d’action conjoint" prévoit que "l’UE et les USA suspendraient les sanctions sur "l’or et les métaux précieux ainsi que sur les services dérivés", la feuille d’information d’Obama rapporte, pour sa part, sous le titre "Allègement limité, temporaire, réversible", que le "P5+1 (…) s’est engagé à suspendre certaines sanctions sur l’or et les métaux précieux (…)".
Il ne s’agit pas de certaines sanctions, mais des sanctions, et la différence est appréciable. Quant au titre "Allègement limité, temporaire, réversible" et aux autres mesures provisionnant les restrictions que les 5+1 apporteraient à la levée de certaines sanctions, rien de cela n’apparaît sur le brouillon commun ; il s’agit d’une vue de l’esprit de M. Obama, de son administration, et de ce qu’il faudra très bientôt commencer à considérer comme leurs complices dans cette gigantesque imposture à l’échelle planétaire.
Dans le genre escroquerie, on relèvera la dernière note du document : "Relativement au stade final et à chacun des stades intermédiaires, le principe standard selon lequel "rien n’a été agréé jusqu’à ce que tout soit agréé" s’applique".
Or sur la feuille de désinformation de la Maison Blanche, sous le titre "Une solution globale", on lit : "En ce qui concerne cette solution globale, rien n’est convenu concernant la solution globale [définitive] jusqu’à ce que tout ait été agréé".
Il s’agit bien sûr d’un détournement du sens de ce qui est stipulé sur le brouillon de travail ; sur la feuille d’info d’Obama, cela signifie que les éléments concernant le premier stade sont réglés par un traité, quant à la solution définitive, qui doit être négociée durant les six prochains mois, rien n’a été arrêté.
Tandis que sur le brouillon commun, cela signifie que rien, y compris ce qui y figure – s’agissant de l’un des stades intermédiaires – n’est constitutif d’un accord. Qu’il n’existe pas d’accord. Sur rien. Que ce week-end, les 5+1 et l’Iran ne sont pas parvenus à s’entendre.
Je crois que nous avons levé l’une des plus grandes impostures de l’histoire, en tout cas, je n’ai pas connaissance d’une autre mystification de cette ampleur.
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