Iran : le monde à quatre mois de l’apocalypse (info # 010711/11) [Analyse]
Par Jean Tsadik © Metula News Agency
avec Stéphane Juffa
A en croire le briefing confidentiel que des spécialistes de l’AIEA ont prodigué à des experts occidentaux, juste avant la publication par l’agence de son rapport sur l’Iran, nous nous trouverions à quelques mois de la bombe atomique chiite.
Selon les experts de la Ména, qui ont toujours prévu cette échéance pour le début 2012, en décortiquant les informations qui affluent depuis une semaine à la rédaction, le pronostic peut même être affiné : quatre à cinq mois tout au plus.
Quatre à cinq mois avant que les ayatollahs ne soient en mesure de réaliser leur première explosion souterraine, dans un site déjà construit à cet effet. Et s’ils en ressentaient la nécessité, ils pourraient même se passer de cet essai.
On touche de la sorte aux craintes qu’avaient exprimées les savants du monde entier, réunis par les Etats-Unis à Los Alamos, pour concevoir les engins qui ont détruit Hiroshima et Nagasaki. Ca n’était pas les explosions qu’ils allaient générer qui les inquiétaient, mais ils étaient persuadés, qu’avec le temps, leur invention pourrait tomber entre les mains d’une satrapie. Et c’est ce scénario cauchemardesque qui est en train de se réaliser.
A en croire les informations recueillies par l’AIEA, les Perses disposent des connaissances, de la technologie, ainsi que des ressources (de l’uranium suffisamment enrichi, en quantité nécessaire) pour confectionner leur bombe.
Cela correspond aussi exactement aux prévisions que les renseignements hébreux n’ont cessé de fournir aux grandes puissances durant les dernières années, et que les services de ces pays ont confirmées, sans émouvoir outre mesure les décideurs politiques.
Des savants russes et occidentaux, et donc pas uniquement musulmans et nord-coréens, ont aidé les Iraniens à mettre au monde leur nouveau-né monstrueux. Et le programme était plus ambitieux que ce que l’on prévoyait à l’Ouest ; les quantités d’uranium fortement enrichi plus conséquentes que ce que l’on envisageait.
Les dates-étapes communiquées par les services étaient erronées. Même au sein de l’aile "optimiste" des renseignements israéliens, qui situaient la finalisation du projet dans un à trois ans, contre l’avis de la branche "réaliste", que nous partagions.
Mais depuis un mois environ, les images satellites, notamment d’un site gigantesque de mise au point, situé à une quarantaine de kilomètres de Téhéran, et de Fodow, près de la cité sainte de Qom, ont mis tous les Israéliens d’accord. Le doute et le flou sont désormais réservés aux seuls inconscients.
Nous de rappeler que les informations prêtes à être divulguées (aujourd’hui ou demain) par l’AIEA, suscitaient, depuis un certain temps déjà, l’inquiétude des experts de Vienne. Mais de relever également, les accusations que nous formulions à l’encontre du pénultième boss de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique, Mohammed El Baradei : il a largement contribué à minimiser le risque iranien, à prétendre qu’on ne pouvait pas être certain de l’existence d’un programme nucléaire militaire, et à détourner de l’œil public les documents en sa possession qui prouvaient le contraire de ce qu’il prétendait. Si nous le savions en temps réel, d’autres le savaient aussi. Une fois la crise passée, il faudra revoir le fonctionnement à la tête de cette agence névralgique.
Tout comme il serait nécessaire de poursuivre en justice les responsables et les personnels spécialisés de toutes les centrales de renseignement US réunies, qui, en 2007 encore, sous des hallebardes de critiques en provenance de nos plumes, assuraient encore, dans un rapport daté du 3 décembre de ladite année, que les Iraniens avaient stoppé leur programme nucléaire.
Avec des gens de cette qualité au service de la nation la plus puissante du globe, le globe a de profonds soucis à se faire.
Il faudra assurément faire de l’ordre dans ces foutoirs. Mais il y a plus urgent à faire, pour les Etats civilisés, en prenant connaissance du rapport de l’AIEA, le plus prudent et le plus conservateur des observateurs en matière de prolifération de l’armement atomique.
Le temps n’est plus, en effet, à réunir le Conseil de Sécurité pour y discuter de l’adoption d’un nouveau train de sanctions, si dures puissent-elles être. A l’échelle de la Terre, nous parlons désormais en minutes, plus en heures, en semaines, ni en mois.
L’unique remède désormais envisageable consiste en la neutralisation la plus complète possible des infrastructures de l’industrie nucléaire perse. Pour ce faire, la participation militaire de toutes les grandes puissances serait souhaitable. On ignore cependant comment ces nations réagiront, et rien n’est moins sûr que d’imaginer qu’elles se mettent au diapason afin d’endiguer le risque commun.
Et je ne parle pas du tout de ce pauvre Alain Juppé, une fois de plus à la traîne, et la France avec lui, quand il suggère, la semaine dernière, d’empêcher la bombe par des sanctions à l’ONU.
Je pense à l’homme qui détient la clé du dispositif souhaitable, le président des Etats-Unis, M. Barack Obama. Le voilà parvenu au moment de vérité de son mandat ; il a tergiversé tant qu’il était encore possible d’envisager une solution diplomatique. Il a galvaudé un temps précieux, de même que les Européens, en acceptant, plusieurs fois, de participer à des discussions bidon avec les envoyés de Khamenei.
Il n’y avait que Catherine Ashton, la responsable des Affaires Etrangères de l’Unions Européenne, pour se dire encouragée et confiante en l’issue de ces rencontres. Encore un autre job à repenser complètement…
L’essentiel est que si Obama ne prend pas le taureau par les cornes, il va alors mettre instantanément l’humanité en danger d’éradication. Et il semble, malheureusement, que le pensionnaire de la Maison Blanche, en dépit des informations incontournables qu’il détient désormais, ne se soit toujours pas forgé une idée précise de l’étendue du péril que la bombe chiite ferait peser sur le monde.
L’enjeu est capital, en termes de stratégie militaire : avec les USA "dans le coup", on recourrait à un choix consistant à noyer les défenses de la "République" Islamique sous le feu, la privant de lever la tête pour, ne serait-ce qu’envisager de réagir.
Privés de l’extraordinaire puissance de feu américaine, il faudrait procéder à l’israélienne, en privilégiant des frappes rusées et précises, mais limitées dans leur nombre, contre l’infrastructure nucléaire ennemie, et les usines de missiles.
A noter, qu’on se concerte à tout va, afin de mettre sur pied des coalitions sans les Etats-Unis. C’est à cela qu’était consacrée la visite du chef des armées britanniques à Tel-Aviv, voici quelques jours.
Dans l’attente de la réaction des uns et des autres, une chose est presque acquise ; Jérusalem ne permettra pas à une dictature prônant ouvertement un nouvel holocauste de six millions de Juifs, soixante-six ans après la chute d’Hitler, de se doter de l’arme suprême.
Au moment où vont débuter les plus grandes manœuvres conjointes israélo-américaines, qui vont impliquer cinq mille hommes, dans un exercice grandeur nature visant à faire face à une attaque balistique, Washington souhaiterait que son allié s’engage, au moins, à ne pas entreprendre une campagne militaire en solo sans l’en avertir auparavant.
Mais à Jérusalem, on est convaincu que le rôle naturellement dévolu à l’Amérique est celui de leader de la coalition anti-Iran ; et que si Obama se défausse, s’il laisse à ses alliés le soin de sauver le monde sans son aide, on ne l’alertera pas à l’avance, car on craint aussi qu’il intervienne pour mettre les bâtons dans les roues de l’opération.
Léon Panetta, le Secrétaire US à la Défense, est venu réclamer à Netanyahu et Barak, qu’ils ne mettent pas son pays devant le fait accompli d’une opération qui aurait commencé sans lui. Il est reparti sans avoir obtenu ce qu’il était venu chercher. De la sorte, les deux leaders hébreux entendent augmenter la pression pesant sur les épaules du président, afin qu’il ne se dégonfle pas.
Face au danger devenu insupportablement tangible, l’air s’électrifie. Les chefs iraniens fanfaronnent, déclarant à la cantonade que nous n’aurons pas l’audace de les frapper, et que le prix que l’Occident aurait à payer, en cas d’attaque, serait exorbitant.
Le langage diplomatique va céder sa place au vocabulaire militaire. Chacun va être placé face à ses obligations, avec marge de manœuvre zéro. Les décisions qui seront prises cette semaine vont contribuer à changer la face du monde, les démocraties étant, à nouveau, contraintes de s’opposer par la force à un régime antihumain. Un exercice pour lequel elles ont toujours eu un mal fou à se mettre en jambes.
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