Partouché, coulé ?
Par Alexandre Lenoir
Numéro deux des casinotiers français, sponsor du du LOSC dont il détient 40 %, le groupe Partouche a été fondé il y a 40 ans par « Monsieur Isidore », qui avait lancé son premier établissement de jeu dans la région, à Saint-Amand-les-Eaux. Débarqué de son Algérie natale à 35 ans, Isidore Partouche, juif pied-noir, self made-man à la française, a su tisser le réseau de relations nécessaire à la réussite de sa petite entreprise. Qui aujourd’hui connaît bel et bien la crise.
Isidore Partouche. Un patronyme que l’on croirait sorti tout droit des listes de combattants tombés en 14-18 ornant les monuments aux morts de nos villages de la France profonde. Perdu ! A 81 ans, Isidore est bien vivant et il est né en Algérie. Bâtisseur du deuxième groupe français de casino, 394ème fortune de France en 2010, Isidore a la réputation de parler très peu aux journalistes. Ou alors, à l’instar de Jacques Chirac actuellement, son entourage se méfie à tel point de sa liberté de ton qu’il préfère établir un cordon de sécurité autour du patriarche. Morceaux choisis dans l’une de ses rares prises de parole accordée aux lecteurs de La Voix du Nord en 2006 : « Moi vivant, je vous garantis que Martine Aubry ne repassera pas aux élections la prochaine fois (on voit le résultat, ndlr). J’ai un peu de fortune, je l’utiliserai pour faire tomber cette municipalité.» A l’époque, Isidore boudait parce que Titine lui avait préféré son grand concurrent – le groupe Barrière – pour l’exploitation du nouveau casino de Lille. «Normal, le conseiller en manifestations culturelles du futur casino est un de ses collaborateurs », accusait alors Isidore. Cash ! Eh oui, ça se passe comme ça dans l’univers impitoyable des casinos : tout est affaire de relations. Et ça, Isidore en sait quelque chose.
Premier casino ? Saint-Amand-les-Eaux
Quand il achète son premier établissement de jeu en 1972 à Saint-Amand-les-Eaux à une certaine Mme Rachez, patronne controversée criblée de dettes dont le nom est liée à l’affaire Boulin , Isidore renoue rapidement avec les bénéfices… sans trop s’embarrasser des règlements. Ah cette foutue paperasse qui étouffe les petits entrepreneurs ! L’administration lui tombe dessus : amende et interdiction d’exercer pendant six mois. La même année, impair et manque, Isidore doit faire face à un redressement fiscal. Depuis son arrivée en France en 1965… il a tout simplement oublié de payer l’impôt sur le revenu. Le pied-noir de Tiaret (ville de 200 000 habitants à l’ouest d’Alger) se dit alors qu’il serait peut-être temps de se faire des amis à Paris.
Isidore entreprend alors d’étoffer son carnet d’adresse. Notamment auprès des RG qui surveillent alors le commerce des jeux. En mai 1987, quand Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, autorise l’exploitation des machines à sous en France, c’est bingo ! La gouaille et l’entregent du bonhomme, amateur de cigares et de bons mots, font merveille pour obtenir des autorisations auprès des mairies un peu partout en France. « Il est scandaleusement parrainé par les Renseignements généraux » persifle alors un concurrent jaloux. En devenant le premier contributeur de la fondation humanitaire France-Libertés de Danielle Mitterand, le nom d’Isidore résonne même favorablement aux (grandes) oreilles de l’Elysée. Et si Isidore n’est pas au Fouquet’s le soir de la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007, Enrico Macias, grand ami de la famille et administrateur de plusieurs établissements du groupe, chante place de la Concorde (voir ici).
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