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La dégradation de la situation économique en Europe, alors que l’économie israélienne maintient sa croissance, encourage l’alya de France.

La dégradation de la situation économique en Europe, alors que l’économie israélienne maintient sa croissance, encourage l’alya de France.

 

Par Emmanuel Navon

 

 

Il y a en Israël quelque 150 000 binationaux Franco-Israéliens et près d’un million de Francophones. La Diaspora juive de France est la plus grande d’Europe (près de 600 000 Juifs) et c’est de France que « montent » la plupart des Juifs européens. Près de 3 000 Juifs français ont fait leur alya en 2005. Bien que ce chiffre ait diminué depuis (2 000 Olim de France en 2008, et 1 600 en 2010), la France demeure un « réservoir » d’alya important.

La motivation des Juifs de France à faire leur alya a récemment augmenté suite au traumatisme de la tuerie de Toulouse ainsi qu’à la récurrence d’actes antisémites (le 2 juin dernier, trois Juifs de 18 ans portant une kippa ont été agressés à Villeurbanne dans le Rhône par une dizaine d’individus qui les ont frappés à coups de marteau et de barre de fer). La dégradation de la situation économique en France et en Europe, alors que l’économie israélienne maintient sa croissance, ajoute une raison matérielle pour encourager l’alya. Quant à la motivation idéologique et religieuse de l’alya, elle reste élevée chez beaucoup de Juifs français.

Malheureusement, l’alya de France souffre d’un taux d’échec et de retour qui, bien que difficilement chiffrable, ne peut pas être dissimulé. Alors que le Ministère de l’Immigration et de l’Intégration est contrôlé par le Parti russophone « Israël Béteinou » et alors que les Olim anglophones bénéficient de l’aide et de l’accompagnement très efficaces de l’organisation « Néfech Be’Néfech », l’alya de France ne dispose pas de soutiens institutionnels significatifs. Cela explique partiellement son taux d’échec relativement élevé.

Le favoritisme du Ministère de l’Immigration et de l’Intégration à l’égard des Immigrants russophones ne prendra fin que lorsque l’alya francophone transformera son pouvoir potentiel en un pouvoir politique seul capable de faire infléchir en sa faveur les priorités du gouvernement israélien. L’alya de France, par exemple, est souvent désavantagée dans le domaine de l’Éducation pour les équivalences de diplômes ou pour la reconnaissance des formations professionnelles.

Le fait que le ministre de l’Éducation, Guidéon Sa’ar, ait accepté de venir à la rencontre de la communauté francophone de Jérusalem le 17 juin prochain lors d’un grand événement organisé dans le cadre prestigieux de « Michkenot Cha’ananim » prouve que le Gouvernement israélien commence à prendre au sérieux le poids politique des Olim de France. À nous de montrer par notre présence que cette prise de conscience est justifiée.

L’AUTEUR
Emmanuel Navon est Professeur de Relations Internationales à l’Université de Tel-Aviv, Directeur du Département de Sciences Politiques à la « Mi’hlalah Harédit » (Collège orthodoxe) de Jérusalem, et candidat à la députation pour la 19e Knesset.

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