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La force de l'amour et de la foi de la maman, par Emile Tubiana

La force de l'amour et de la foi de la maman.

La maman qui chauffe le lac

 

 

Un riche citadin aimait constamment se marrer des personnes dépourvues de biens ou de travail. Il faisait des blagues à leur compte, même si celle-ci lui coûtaient parfois une fortune.  Un jour il appela devant tous les vieux du village un pauvre malheureux et lui dit :

« Veux-tu être riche en une nuit ? » Le pauvre bonhomme se précipita pour se faire volontaire et lui dit :

« Que dois-je faire pour gagner une fortune comme tu le dis ? »  Le riche avec un sourire nonchalant et moqueur lui répondit :

« Si tu es prêt à passer une nuit nu dans le Lac de Galilée, dans l’eau froide trempé jusqu’au cou, depuis le coucher jusqu’au lever du soleil et si tu réussis, je te paierai une somme honorable, mille pièces en or. »  Le pauvre bonhomme en entendant la somme fabuleuse, accepta immédiatement le pari sans hésiter. Puis devant tous les témoins du village et à l’heure convenue le bonhomme se présenta. C’était avant le coucher du soleil, il se déshabilla et juste lorsque le soleil commençait à s’enfoncer derrière la colline, à l’horizon, il entra dans l’eau jusqu’au cou et attendit patiemment le matin, tout comme il a été prévu par le riche.

La nuit était très froide, le pauvre bonhomme tremblait d’abord, mais la somme était tellement grande pour un homme comme lui, qu’il préférait risquer sa vie pour avoir la chance d’être riche et pouvoir mettre fin à toutes les misères qu’il avait enduré toute sa vie. Avec cette somme il pourrait acheter une maison et vivre toute sa vie avec sa mère, sans effort.

            Durant la journée la maman avait appris la nouvelle du pari que son fils avait fait avec le riche.  Elle prit avec elle quelques bûches et se précipita vers la plage où tout le monde était habillé bien chaudement pour assister au spectacle de la nuit. La plupart étaient couverts avec des capes en laine, d’autres avaient apporté des couvertures et certains avaient préparé un feu de camp afin de pouvoir passer la nuit au bord du lac.

            La pauvre maman, voyant son fils rentrer dans l’eau dans ce froid, alluma un petit feu et continua à souffler toute la nuit à pleins poumons en espérant pouvoir chauffer l‘eau froide du lac. A la vue de la maman avec ses petites bûches, le riche se réjouissait et se moquait d’elle.

            La maman ne cessa pas ses efforts et jusqu’au matin elle ne faisait qu’apporter des bûches qu’elle trouvait sur la plage et continuait à alimenter le petit feu.  Elle se débattait, elle soufflait et à chaque fois que le feu rougissait elle se frottait les deux mains de joie. Les passants la prenaient pour une folle.  De temps en temps le riche s’approchait d’elle pour lui dire :

« Madame, l’eau doit être bien chaude, faites attention, votre fils perdra le pari. »  La nuit passa et finalement les premiers rayons du soleil apparaissaient, les témoins déclaraient la fin de la nuit et la fin du pari.  Le pauvre bonhomme sortit aisément de l’eau et réclama son dû. Le riche le voyant sortir de l’eau doucement était sûr que la maman avait effectivement chauffé l’eau.  Il réfléchit un moment puis il lui dit :

« Mais votre maman avait chauffé le lac et ceci n’était pas prévu dans notre pari. »  Les témoins que cette aventure amusait se joignaient aux arguments du riche. Finalement le pauvre malheureux n’avait plus de secours. La seule possibilité qui lui restait était de faire recours à la justice et de porter plainte auprès du roi David.

            Un mois passa depuis le pari ; les soldats du roi vinrent lui annoncer que le jugement attendu sera le troisième jour de la pleine lune du mois et qu’il se tiendra au palais du roi à Jérusalem.

            Le jour du jugement tout le monde était présent. Le roi David écouta patiemment les arguments de l’un puis de l’autre et après un moment, le roi rendit son verdict et il déclara que le riche avait raison et que la maman avait effectivement chauffé l’eau du lac et que par conséquence elle avait violé les termes du pari. Le pauvre bonhomme se voyant perdre le dernier espoir qu’il avait encore et n’ayant aucun autre recours pris sa maman par la main et lui dit :

« Maman, je n’ai pas de chance, c’est injuste, mais que peut-on faire devant le jugement du roi David ? »

            Salomon, le fils du roi David, qui avait à peine sept ans, avait assisté à ce jugement et comme il était mêlé au public il avait aussi entendu les dires du plaignant à sa maman.  Il lança un regard au pauvre bonhomme, puis sourit et s’en alla au palais. Le soir Salomon dit à son père le roi :

« Papa, je voudrais cuisiner demain et je te prie d’inviter au dîner les sages de notre ville.qui avaient assisté au jugement ». Le roi David était content de la nouvelle et de la générosité de son fils, il accepta l’invitation sans connaître la raison. Le lendemain matin le roi ordonna d’inviter les sages de la ville comme son fils lui avait demandé.

            Le lendemain les sages étaient tous présents et bavardaient entre eux.  Le roi David les rejoignit un peu plus tard et participa aussi à la conversation. Quand l’heure du dîner arriva, Salomon n’était pas prêt avec sa soupe. Le prince entra dans la salle, s’excusa du retard et pria les invités de patienter encore un peu.

            Le roi David accepta les excuses de son fils et attribua ce contretemps à son manque d’expérience et comme il ne voulait pas le décevoir il fit patienter les invités. Ainsi passa presque toute la soirée et Salomon fit plusieurs apparitions avec ces mêmes excuses.  En finale la patience du roi David s’approcha de ses limites et croyant faire plaisir aux invités, pensant maintenant que la soupe devait être prête, il pria les invités de le joindre afin de rendre visite à son fils pour voir comment la soupe faisait sa cuisson.

            Arrivé à la cuisine et à son grand étonnement il vit le prince Salomon assis par terre en train de souffler sur le feu et la marmite suspendue à la poutre du plafond sans contact avec le feu. En voyant cela le roi s’exclama :

« Mais mon fils ! Comment veux-tu que la marmite se chauffe, si le feu est en bas et la marmite est suspendue en haut à une si grande distance du feu ? » Le prince qui par sa façon de faire cuire la soupe voulait en effet provoquer la réaction du roi, fit avec un air désespéré :

« Papa, et comment veux-tu que le lac se chauffe avec un petit feu de quelques bûches que la maman avait fait sur la plage à une distance beaucoup plus grande que ma marmite et le feu ? » Le roi David écouta calmement les arguments de son fils et comprit l’allusion qu’il faisait. Il lança un regard furtif, fit un doux sourire et répondit calmement :

« Mon fils, je te félicite de l’esprit de justice et de compassion que tu témoignes envers ce pauvre malheureux et puisque tu a du doute sur mon jugement, je serais prêt à donner la chance à ce pauvre et refaire le jugement. Puis le roi se tourna vers les sages et leur dit :

« L’argument de mon fils est valable et il mérite cette considération de refaire le jugement.  Les sages qui trouvaient l’argument du prince très astucieux firent un signe d’accord.  En attendant tous les présents n’avaient pas eu la soupe de Salomon mais par précaution le roi David avait prévu un autre mets à la place.

            Le jour suivant le roi avait refait le jugement devant tous les sages de la ville et obligea le riche à payer la somme qu’il devait au pauvre. Le roi David s’excusa auprès de la mère et du pauvre.

            Après que le public avait quitté la cour, le roi pria les sages, la maman du pauvre et son fils de rester, car il voulait s’entretenir avec eux. Quand ils étaient seuls, le roi les assembla autour de lui et posa la question suivante au pauvre :

« Dites-moi la vérité !  Est-ce que l’eau du lac était chaude ou froide ? » Le pauvre, qui ne savait pas mentir répondit :

« Mon roi, l’eau était chaude comme dans un bain à vapeur. »  Le roi s’adressa à son fils et lui dit :

« Mon fils, je t’ai fait ton plaisir de refaire le jugement, et comme tu viens de l’entendre mon premier jugement était quand-même juste. »  Puis il ajouta :

« Mon fils, la foi de la maman, de croire qu’elle pouvait chauffer le lac avec un petit feu de bûches était bien suffisante pour chauffer tout le lac ».

 

Emile Tubiana    

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