LA KETOUBA CHEZ LES JUIFS DU MAROC
La Ketouba est le contrat de mariage par lequel le mari s’engage a subvenir aux besoins de sa femme (nourriture, vêtements, soins, relations conjugales) durant leur union. Il contient également les modalités de compensation en cas de divorce ou de décès.
C’est un acte notarié qui protège les intérêts financiers de l’épouse.
Cet acte de mariage fut instauré 80 ans avant l’ère courante par Siméon Ben Chata .
Tout au long des siècles suivants, les scribes le sont écrits et parfois des enlumineurs les ont décorés. La tradition d’enluminer des manuscrits remonte à des milliers d’années :le concept de Hiddur Mitzva (embellissement de la Mitzva) a conduit a la création d’un patrimoine de l’art juif visible dans les musées du monde entier .L’enluminure est l’art de peindre des lettres et des miniatures avec de la couleur et de la dorure par apposition de feuilles d’or.
On peut admirer des Ketoubots richement ornées de Perse, d’Italie, de Turquie et d’Afrique du Nord, dans tous les musées.
La décoration d’une Ketouba reflète souvent le style de l’époque et peut inclure des motifs typiques du pays d’origine .Des motifs judaïques sont également fréquents tel le Lion de Yehoudah ou les murailles de Jérusalem.
J’ai eu le plaisir d’assister à la réalisation d’une centaine de Ketoubots par mon épouse qui est artiste peintre et professeur d’art plastiques. Etant pratiquante, elle a toujours eu des réticences à s’exprimer malgré ses talents, en raison de l’interdit de la représentation figurative selon la Halakha. Elle a donc décidé de sublimer cette passion en la reportant sur la calligraphie hébraïque et l’étude et le développement de formes géométriques dans les enluminures.
La décoration de Ketoubots, résultait d’une démarche comprenant plusieurs phases dont la première consiste a recevoir les futurs époux afin de connaître leurs souhaits et en leur présentant des modèles déjà réalisés a titre d’exemple, pour leur donner des idées.
Les fiancés choisissaient donc des thèmes en rapport avec leurs villes d’origine et celles de leurs aïeux : portes andalouses, Shtetels, maisons alsaciennes et très souvent, il a été demandé à ce que figure Jérusalem comme projet de future résidence. Ils demandaient également des danseurs hassidiques pour certains, des colonnes ou alors des arbres de part et d’autre symbolisant,l’union des deux familles dont les racines s’emmêlent et les branches se joignent pour produire des fruits de toute sorte avec une préférence pour les fruits d’Israël : grenades, olives, dates et des vignes dont le fruit évoque la sanctification ; et bien sur certains demandent a ce que des bénédictions par les Cohanim ou autres figurent en plus, tout autour du texte qui est écrit par un Soffer sur du parchemin ; ceci pour donner plus de valeur au texte même si cela n’est pas une obligation Halachique.
Une Ketouba personnalisée est une parure a mettre dans chaque foyer juif .C’est une véritable œuvre d’art chargée de sens qui rappelle des souvenirs heureux et est la preuve d’une promesse et d’une alliance .Elle est pleine d’émotions et cote le prix d’un bijou.
Commentaires
Il y a peu de documents historiques sur les communautés juives et je comprend qu'on s'y intéresse à plus d'un titre : pour l'histoire, la sociologie de ces communautés, l'art de la calligraphie etc.
mais ce qui est le plus important pour moi dans ces documents c'est la façon dont les hommes assuraient leurs droits matrimoniaux qui est frappante. Les droits de la femme étaient parfaitement secondaires, et surtout totalement fictifs lorsqu'un homme souhaitait divorcer. le prix à payer était souvent les deux bracelets en or qui avaient constitué le cadeau de noces, et la pauvre femme répudiée ne pouvait qu'accepter la dureté de son sort, et se réfugier dans sa famille dans le meilleur des cas. Je parle d'expérience, mes parents n'ont heureusement pas divorcé mais les droits de ma mère écrits dans sa kitouba étaient ridiculement symboliques. Les communautés juives n'ont pas brillé par leur intelligence et sensibilité à l'égard des femmes. hélène
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