Le Vrai Grief des Arabes contre les Juifs
par Fred Maroun
Traduction du texte original: The Arabs' Real Grievance against the Jews
Aujourd'hui encore, le monde arabe n'accepte pas le concept d'un Etat juif, quelle que soit sa forme ou sa taille. Même l'Egypte et la Jordanie, qui ont signé des accords de paix avec Israël, ne reconnaissent pas ce pays en tant qu'Etat juif, et continuent de vouer à ses habitants une haine antisémite.
Pendant la guerre d'indépendance d'Israël, les juifs ont subi une épuration ethnique à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-est. Dans les années qui ont suivi, l'épuration ethnique a gagné le reste du monde arabe.
Les juifs demandent le droit d'exister et d'exister en égaux sur la terre ou ils ont toujours vécu et qui leur a appartenu pendant plus de trois mille ans.
Nous préférons clamer que le conflit porte sur l'« occupation » et les « colonies ». Les juifs eux, voient le traitement que les islamistes radicaux infligent aux chrétiens et aux autres minorités qui ont une présence millénaire au Moyen Orient, et qui étaient là avant même que naisse le prophète Mahomet.
Le vrai grief des arabes contre les juifs est qu'ils existent.
Nous les arabes, nous sommes très forts pour exiger que nos droits humains soient respecté, surtout quand nous vivons dans des démocraties libérales comme l'Amérique du Nord, l'Europe et Israël. Mais qu'en est-il de notre capacité à respecter les droits humains des autres, et plus particulièrement des juifs ?
Notre attitude envers les juifs, tout au long de l'Histoire et aujourd'hui encore, témoigne d'un refus constant de reconnaitre leur droit le plus fondamental, ce droit qui prive de sens tous les autres droits : le droit d'exister.
Le droit d'exister au Moyen-Orient avant 1948
Les antisionistes répètent à satiété qu'avant la création du moderne Israël, les juifs vivaient en paix au Moyen Orient et que l'hostilité du monde arabe envers les juifs a pour origine la création de l'Etat d'Israël. C'est un mensonge.
L'historien Martin Gilbert écrit que les juifs, avant la création d'Israël, « occupaient le statut inférieur de dhimmi qui, leur accordait la liberté de culte, mais transformait leur vie quotidienne en un flux ininterrompu de vexations et, d'humiliantes restrictions ».Un autre historien, G.E. von Grunebaum, écrit que les juifs du Moyen Orient affrontaient « une liste interminable de persécutions, de confiscations arbitraires, de conversions forcées et de pogroms ».
Le droit d'exister en tant qu'Etat indépendant
Le sionisme est né de la nécessité pour les juifs de devenir maîtres de leur propre destin et du refus de continuer à subir discriminations et massacres simplement parce qu'ils étaient juifs. Le projet d'un foyer national juif en Palestinien a été accepté et reconnu par les Grande Bretagne qui contrôlait la Palestine en raison du mandat que lui avait confié la défunte Société des Nations. Le monde arabe lui, n'a jamais accepté la Déclaration Balfour de 1917 qui officialisait la reconnaissance par la Grande Bretagne d'un projet sioniste, et il a encore moins accepté le vote des Nations Unies qui, en 1947, a partagé la Palestine et a reconnu aux juifs le droit de fonder un Etat.
Le refus arabe du droit à l'existence d'un Etat juif – un droit doté d'un poids juridique international plus important que pour tout autre pays – a donné lieu à plusieurs guerres, à commencer par la guerre d'indépendance de 1948-1949. Aujourd'hui encore, le monde arabe n'accepte pas le concept d'Etat juif, quelle que soit sa forme ou sa taille. Même l'Egypte et la Jordanie, qui ont signé des accords de paix avec Israël, ne reconnaissent pas ce pays en tant qu'Etat juif, et continuent à vouer une haine de type antisémite à l'ensemble de ses habitants.
Le droit d'exister dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est
En 2005, Israël a évacué Gaza. Ce retrait civil et militaire avait pour but de pacifier ce front-là et de permettre aux habitants de la bande de Gaza, une fois leur autonomie retrouvée, de transformer cette bande de terre en une prospère Riviera ou un second Singapour et de servir éventuellement de modèle à la Cisjordanie. L'expérience s'est soldée par un échec total. Les juifs ont eu beau renoncer d'eux-mêmes à leur droit d'exister sur ce morceau de terre, les Palestiniens de Gaza n'ont pas saisi la perche qui leur était tendue. Loin d'y voir un geste de paix, ils en ont conclu que quand on tire sur les juifs, ils finissent par partir, alors continuons de tirer.
Le débat est intense entre sionistes sur l'avenir de la Cisjordanie. Les propositions vont du retrait total et unilatéral à une annexion complète en passant par de nombreuses propositions de solutions intermédiaires. Pour l'heure, le statu quo prévaut sans perspectives aucunes.
Chacun sait, en dépit de la traitresse réecriture de l'Histoire par l'Unesco que ce morceau de terre appelé Cisjordanie a porté le nom de Judée – Samarie pendant plus de deux mille ans.
Chacun sait que Hébron abrite le Caveau des Patriarches ou sont enterrés les Patriarches et Matriarches bibliques et que ce lieu représente le second lieu saint du judaïsme. Toute personne sensée sait que le droit à l'existence des juifs est incontournable sur cette terre, même si elle passe un jour sous autorité arabe ou musulmane. Mais chacun sait aussi qu'aucun régime arabe n'aura la capacité ni la volonté d'assurer la sécurité des juifs vivant en territoire arabe tant est féroce la haine antisémite du monde arabe.
Jérusalem-Est a été coupée du reste de Jérusalem pendant la guerre d'indépendance et a vécu sous la coupe du roi de Jordanie. Mais Jérusalem-Est est partie intégrante de Jérusalem, et abrite également le Mont du Temple qui est le lieu le plus saint du judaïsme. La vieille ville de Jérusalem, située à Jérusalem-Est, a fait l'objet d'un nettoyage ethnique à l'encontre des juifs après la guerre de 1948-1949.
Par deux fois dans le passé, les premiers ministres Ehud Barak et Ehud Olmert ont proposé que Jérusalem-Est soit partie intégrante du futur Etat Palestinien. Une offre qui n'est pas près d'être renouvelée. Les juifs savent qu'elle serait suivie d'un nettoyage ethnique qui aboutirait à nier le droit à l'existence des juifs à l'endroit précisément ou ce droit est plus important que partout ailleurs.
Le droit d'exister au Moyen-Orient maintenant
Pendant la Guerre d'Indépendance d'Israël, les Juifs ont fait l'objet d'un nettoyage ethnique à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et dans les années qui ont suivi, la purification ethnique a été généralisée à l'ensemble du monde arabe.
Les ennemis d'Israël, nombre d'entre eux sont arabes, remettent en question son droit à l'existence et nient aux juifs tout droit à l'existence sur au moins deux fronts : la menace nucléaire et l'étouffement démographique.
Le régime islamiste iranien a répété inlassablement son intention d'utiliser l'arme atomique pour rayer Israël de la carte. Mais au cas où le projet iranien « échouerait », le soi-disant mouvement « pro-Palestinien » - et sa variante Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) – a mis au point un Plan B : un Etat unique qui inclurait le retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants. Le refus du président palestinien Mahmoud Abbas et de son prédécesseur Yasser Arafat d'accepter une quelconque solution à deux Etats fait partie de ce plan.
Le droit d'exister ailleurs
Les antisionistes clament à qui veut l'entendre que les juifs sont des impérialistes au Moyen Orient, et qu'ils doivent retourner d'où ils viennent comme les Anglais et les Français l'ont fait avant eux. L'analogie est bien sûr trompeuse : les juifs ont une présence au Moyen Orient bien antérieure à celle des musulmans et des arabes.
Les juifs appartiennent-ils à l'Europe qui a tenté il y quelques décennies à peine de les exterminer tous, hommes, femmes et enfants ? Les juifs appartiennent-ils aux Etats Unis peuplés uniquement d'indiens il y a quelques centaines d'années ?
Dire que les juifs « appartiennent » à ces zones géographiques-là ne relève d'aucune réalité ; c'est juste un slogan antisioniste.
Les juifs n'abandonneront pas
En tant qu'arabes, nous nous plaignons de l'humiliation infligée aux Palestiniens aux checkpoints israéliens. Nous nous plaignons qu'Israël construise en Cisjordanie sans permission palestinienne et nous nous lamentons que les Israéliens osent se défendre contre les terroristes palestiniens. Mais nous sommes nombreux également à avoir cessé de nous interroger sur comment a-t-on pu en arriver là. Combien d'entre nous ont le courage d'admettre qu'engager une guerre après l'autre pour nier le droit des juifs à l'existence, et refuser toute solution raisonnable au conflit a précisément engendré cette situation ?
Notre message aux juifs tout au long de l'Histoire – et particulièrement quand ils ont eu la témérité de chercher à s'autodéterminer – a été clair : nous ne pouvons tolérer votre existence.
Pourtant, les juifs ne demandent que le droit d'exister et d'exister en égaux sur une terre ou ils ont vécu et continuent de vivre depuis plus de 3000 ans.
De plus, nier le droit à l'existence d'un peuple est un crime aux proportions inimaginables. Nous, arabes, prétendons que notre manque de respect pour le droit des juifs à l'existence n'est pas la cause du conflit. Nous préférons clamer que tout est affaire d'« occupation » et de « colonies ». Mais les juifs voient bien comment les islamistes radicaux traitent les chrétiens et les autres minorités qui ont vécu au Moyen Orient des milliers d'années avant que le prophète Mahomet voie le jour : Yazidis, Kurdes, Chrétiens, Coptes, Assyriens, Araméens et nombre d'autres encore. Ou sont ces peuples autochtones d'Irak, de Syrie et d'Egypte maintenant ? Vivent-ils librement ou sont-ils persécutés, chassés des terres ou ils ont leurs racines historiques, abattus par les islamistes ? Les juifs savent ce qui leur serait arrivé s'ils n'avaient pas eu d'Etat à eux.
Le seul et authentique reproche que les arabes font aux juifs est d'exister. Nous voulons que les juifs disparaissent ou qu'ils se plient à nos caprices. Le problème est qu'ils refusent de se plier à notre bigoterie et qu'ils ne se laissent pas influencer par nos menaces et nos calomnies.
Qui, doté d'un brin de bon sens, peut les en blâmer ?
Fred Maroun, est un arabe de gauche basé au Canada. Il publie régulièrement des tribunes dans New Canadian Media, et d'autres supports. De 1961 à 1984, il a vécu au Liban.
http://fr.gatestoneinstitute.org/8076/arabes-juifs-grief
Commentaires
Publier un nouveau commentaire