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L'Eglise catholique face au génocide

L'Eglise catholique face au génocide

 

Par Marc Riglet

 

Spécialiste des relations judéo-chrétiennes, l'auteur revoit la position de l'Eglise vis-à-vis des Juifs.

 

Quelle fut l'attitude de l'Eglise romaine, des années 1930 jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, envers les Juifs persécutés ? Quelles positions de principe adopta-t-elle par rapport au fascisme en général et au national-socialisme en particulier et quelle politique fut conduite, par le Vatican, avec l'Allemagne nazie ? L'antijudaïsme chrétien s'accommoda-t-il de l'antisémitisme racialiste moderne ou bien y a-t-il eu entre l'un et l'autre solution de continuité ? Quel jugement, enfin, convient-il de porter sur la personnalité et les actions de Pie XII qui, de la nonciature à Berlin dans les années 1930 au trône de saint Pierre pendant la guerre, joua le tout premier rôle et commanda l'essentiel des réponses à ces questions ? 

Dans les années 1960, la pièce de Rolf HochhuthLe Vicaire, qui dénonçait sans ménagement les silences du pape face aux persécutions des Juifs, avait provoqué une vive polémique. Les travaux historiques conduits depuis, les réflexions menées au sein même de l'Eglise romaine, l'aggiornamento de Vatican II revisitant et déplorant l'antijudaïsme traditionnel, et puis, surtout, les déclarations de repentance de nombreuses autorités ecclésiales semblaient avoir établi solidement le "jugement de l'Histoire". Non seulement Pie XII était bien resté silencieux face au martyre juif, mais sa position ambiguë sur l'antisémitisme rendait ce silence coupable. Or, voici que ce constat est à nouveau discuté.Menahem Macina, éminent spécialiste des relations judéo-chrétiennes, s'en émeut dans un excellent livre où la richesse de la documentation le dispute au caractère serré de l'argumentation. Et comment ne pas être sensible, avec lui, à ce qu'il peut y avoir d'indécent dans l'entreprise de "révision hagiographique de l'attitude de Pie XII envers les Juifs" ? Elle s'explique dans le projet, bien avancé, de béatifier ce pontife et culmine même, chez certains, dans la proposition de conférer à Pie XII la qualité de "Juste des Nations" dont Israël honore ceux qui, dans les épreuves, ont aidé le peuple juif.  

Menahem Macina reprend toutes les pièces du dossier. Ses conclusions sont sévères mais justes. Pie XII, tout attaché à la défense de son Eglise, a manqué, vis-à-vis des Juifs, de la troisième vertu théologale : la charité. Ce serait la force de l'Eglise catholique que de le reconnaître et de s'en tenir là... une fois pour toutes. 

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