Les jeunes du Maroc se penchent sur les valeurs de tolérance et de diversité

Les jeunes du Maroc se penchent sur les valeurs de tolérance et de diversité

Par Hassan Benmehdi pour Magharebia à Casablanca

Les mouvements fanatiques et extrémistes présents au Maroc ont créé des tensions sociales et politiques, déclenchant des appels à la tolérance.

"Diversité, tolérance, engagement et identité sont tous les ingrédients du Vivre ensemble", a déclaré Nouzha Skalli, ancien ministre du Développement social, le 31 mai lors d'un séminaire organisé à Casablanca.

Skalli, députée du Parti pour le progrès et le socialisme (PPS), a déclaré devant une audience essentiellement composée de jeunes que les valeurs de tolérance, de diversité et d'échange doivent se prolonger au-delà des conférences, des déclarations et de la législation. Elle a souligné que la vie en communauté consiste à accepter la diversité dans toutes ses formes, qu'elles soient religieuses, culturelles, linguistiques ou ethniques.

"Pour des valeurs pareilles, il est important de fixer des règles pour les appliquer", a-t-elle ajouté.

Reprenant ce discours, Marouane, jeune animateur dans une station de radio au Maroc, a expliqué que les responsables politiques marocains et tous les acteurs associatifs ont aujourd’hui plus que jamais l’obligation de traduire les valeurs de la tolérance sur le terrain.

Asmaâ, une participante âgée de 20 ans, s'est inquiétée de l’instrumentalisation de ces valeurs à des fins politiciennes.

"Les acteurs politiques y croient, mais ils les appliquent pas", a-t-elle affirmé. "Les idéologies nous séparent, nous invitent à refuser l’autre et à le juger négativement."

Kamil, un autre jeune, a expliqué souhaiter que ces valeurs deviennent une réalité de tous les jours.

"Je m’indigne quand je ne vois aucun député juif ni une quelconque représentativité juive au parlement marocain, sachant que la communauté juive est une partie intégrante de la société marocaine", a-t-il expliqué. "Où est donc la tolérance et la reconnaissance de l’autre ?"

Imane, jeune étudiante en droit de Casablanca, s'est dite déçue de voir les responsables politiques ne faire aucun effort pour tenter de persuader ceux qui propagent des idées extrémistes de reconsidérer leurs positions.

"Je pense que ce volet est le parent pauvre des débats au Maroc aujourd'hui, alors qu’il est d’une importance centrale pour les générations futures", a-t-elle déclaré.

Le dialogue et des arguments scientifiques crédibles sont en mesure de persuader de nombreux théologiens islamistes de revoir leurs idéologie, a expliqué pour sa part Aziza, l'amie d'Imane. "Encore faut-il savoir si nos acteurs politiques, étatiques et associatifs disposent de l’audace nécessaire pour le faire", a-t-elle ajouté.

Aïcha Abbassi, responsable de la communication au sein du Parti pour la justice et le développement (PJD), s'est également exprimée sur la question.

"Nous devons apprendre à respecter et à accepter l’autre tel qu’il est, même si nous ne sommes pas d’accord avec lui", a expliqué cette responsable du parti islamiste.

La présidente de Women's Tribune Fathia Bennis s'est dite convaincue que quelles que soient la religion, la couleur, la culture, les origines ou le sexe des personnes, "seule la tolérance est en mesure de nous réunir, d’accepter l’autre et de nous permettre de vivre ensemble".

La plupart des participants ont reconnu que le danger que représente le radicalisme devait être une raison suffisante pour encourager ceux qui favorisent les valeurs de tolérance, de respect de l'autre, d'échange et de partage au Maroc.

Pour Salah El Ouadiâ, porte-parole du parti Authenticité et Modernité (PAM), le vrai combat aujourd'hui au Maroc est celui des valeurs.

Dans une société saine, a-t-il déclaré, "personne n’a le droit de s’accaparer le religieux et le sacré".