Plusieurs chômeurs marocains (les chiffres oscillent entre 3 et 5) se sont immolés à proximité d'un bâtiment du ministère de l'Education, ce mercredi à Rabat, capitale du Maroc et deuxième ville du pays derrière Casablanca, informe l'agence américaine Associated Press. Plusieurs vidéos (voir en bas d'article, images particulièrement sensibles) circulent sur les réseaux sociaux. Il s'agit de jeunes diplômés, sans emploi, qui protestaient contre le fléau du chômage et occupaient un immeuble du ministère de l'Education depuis deux semaines. Youssef al-Rissouni, un activiste de l'Association marocaine des Droits de l'Homme a confirmé ces faits auprès de l'agence Associated Press. Il évoque cinq personnes parmi lesquelles trois auraient été emmenées à l'hôpital. Une vidéo sur Youtube montre un des rescapés, la peau brûlée et en lambeaux crier de douleur et de résignation. L'incident s'est produit pendant que la police dispersait des protestataires essayant de marcher vers Royal Palace. Ces immolations en rappellent immanquablement une autre, celle de Bouazizi en Tunisie qui fut l'élément déclencheur du printemps arabe.

 

Bouazizi, l'exemple

Fin décembre, le Tunisien Mohamed Bouazizi, qui s'était lui aussi immolé par le feu fin 2010 et dont le geste désespéré avait déclenché la révolution en Tunisie et, in fine, le "printemps arabe", avait été nommé Personnalité de l'année par le quotidien britannique Times. Un exemple suivi par des centaines de jeunes un partout dans le monde arabe sans toujours avoir les mêmes répercussions.

 

Large mouvement?

Le pouvoir en place autour du Palais Royale Marocain avait été contesté depuis le début de l'an dernier par des jeunes manifestants dans la rue. Composé de cybermilitants laïcs et de gauchistes, et jusqu'à récemment d'islamistes fondamentalistes, le "Mouvement du 20 février" continue de manifester dans certaines villes du royaume pour revendiquer des réformes politiques, moins de corruption et une plus grande justice sociale.

 

Un nouveau gouvernement pour le Maroc

Plus d'un mois après des législatives anticipées dans le tumulte du Printemps arabe, un gouvernement dirigé pour la première fois au Maroc par un islamiste, Abdelilah Benkirane, a été désigné mardi 3 janvier par le roi Mohammed VI. Le Parti justice et développement (PJD), dont le chef est M. Benkirane, a obtenu 12 ministères sur 30 dont ceux des Affaires étrangères et de la Justice.

 

Le chômage, une priorité

Dans une déclaration à l'AFP, le nouveau chef de gouvernement Abdelilah Benkirane a indiqué: "nous allons travailler pour que les investisseurs, étrangers et marocains, aient davantage de confiance". "Notre gouvernement respectera tous les engagements que le Maroc a signés, notamment sur le plan international. Nous ferons également tout pour améliorer les conditions de vie de nos citoyens", selon M. Benkirane. Les partis islamistes issus des élections dirigent donc désormais les gouvernements en Tunisie et au Maroc. Ils sont clairement en tête aux élections en cours en Egypte.