Pauline Bebe, première rabbin femme de France
Pauline Bebe, première femme rabbin de France, nous reçoit avec le sourire dans son lieu culturel et cultuel du 11ème arrondissement*. Cela fait plus de 20 ans qu’elle a été ordonnée rabbin, mais la passion reste intacte. Sa vocation l’a aidée à braver les épreuves et n’a qu’un seul but, transmettre les valeurs en lesquelles elle croit : l’ouverture, la tolérance, le respect et l’échange.
Devenir femme rabbin, un long et difficile parcours
La première femme rabbin de France fait partie du mouvement Libéral (qui existe depuis 1903), le premier mouvement religieux juif du monde. Il y a à peu près un millier de femmes rabbins dans ce mouvement dont actuellement deux en France.
Pauline Bebe a grandi dans une famille juive qui avait une très forte identité juive mais non pratiquante. Elle étudie le Talmud Torah, se passionne pour les textes et se dit rapidement que le métier de rabbin lui permettra de vivre sa passion au quotidien. Après une Licence à Paris, de nombreux entretiens, et 5 ans dans une école rabbinique en Angleterre, elle devient enfin rabbin en 1990.
Mais malgré de brillantes études, et comme beaucoup de femmes qui entrent dans un métier d’hommes, les préjugés sont nombreux, d’autant que le monde religieux évolue plus lentement que le monde laïque. Les réactions d’incrédulité par rapport au fait qu’une femme puisse devenir rabbin l’obligent à toujours se justifier, et légitimer le fait qu’une femme peut être rabbin d’après les textes. S’il a fallu travailler deux fois plus qu’un homme, son obstination a payé.
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*Le centre Maayan est un ancien garage complètement réhabilité. C’est un centre culturel et cultuel au sein duquel il y a toutes sortes d’activités : théâtre, cinéma, bridge, cours, ateliers…
Le fait d’être la première est une expérience à la fois difficile et extraordinaire, mais ce n’est pas pour autant qu’elle souhaite que les gens viennent la voir parce qu’elle est une femme.
La première partie de sa carrière, il a fallu qu’elle entre dans un moule, qu’elle singe ses collèges masculins. Puis, en 1995, elle a pu laisser libre court à sa façon d’envisager le rabbinat. Après de nombreuses cérémonies, le succès est arrivé !
Une femme engagée
Pauline Bebe tient à faire avancer l’idée que la spiritualité n’appartient pas qu’aux hommes et le fait qu’une femme puisse représenter une institution religieuse et pas seulement prier à la maison. Son leitmotiv ? Etudier, persévérer et ne pas se décourager !
A sa manière, Pauline Bebe est une féministe hors pair. Elle soutien au maximum les femmes, fait des visites pour des abris pour les victimes de violences, participe à des émissions de radio, parle de la contraception auprès des jeunes, de l’avortement…
Mais la cause des femmes n’est pas la seule à attirer son attention. Elle s’insurge contre tous les préjugés qu’ils soient sexistes, racistes, anti-gay… et même les préjugés auxquels on ne pense pas forcément : réflexions anti-vieux, anti-jeunes… toute généralisation d’un segment de la population.
Dans sa communauté, il y a des gens qui viennent de partout, elle accueille tout le monde, de toutes les origines, même des gens qui ne sont pas juifs. Elle tient à ce que son centre soit un lieu d’ouverture et de discussion.
L’avenir idéal ?
Il y aura toujours des mouvements ultra orthodoxes qui penseront que la femme doit rester à la maison, doit être au second plan. Mais le fait que les femmes puissent étudier et avoir accès à la connaissance lui paraît primordial, car de la connaissance vient la participation.
L’entretien se termine par une touche optimiste, puisque Pauline Bebe pense que bientôt, on pourra voir un rabbin, un homme ou une femme, et l’apprécier en tant que rabbin. Qu’il y aura une reconnaissance par rapport à la compétence et non par rapport au sexe.
C’est tout ce que l’on souhaite à cette femme qui, sans même aborder sa religion, nous a donné une belle leçon de tolérance et de spiritualité.
Pour en savoir plus : Qu'est-ce que le judaïsme libéral ? et Quand les femmes lisent la Bible, de Pauline Bebe
Claire Schneider
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