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Philippe Karsenty : l’entourage de Sarkozy devient hostile à Israël et aux Juifs.

Philippe Karsenty : l’entourage de Sarkozy devient hostile à Israël et aux Juifs.

 

Le 10 février 2011, s’est tenu à Paris, le traditionnel dîner du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France. Le Président de la République en était l’invité d’honneur. Son discours a été, semble-t-il, moins applaudi qu’à l’accoutumée. Les invités étaient surpris par la teneur de son discours écrit… Quand Nicolas Sarkozy s’est apperçu que le discours écrit pour lui n’était pas franchement amical à l’égard d’Israël, il a cessé de lire et a improvisé quelques minutes sur les thèmes que les juifs apprécient. Malgré cela, Nicolas Sarkozy n’a pas convaincu la communauté juive de France. Le P’tit Hebdo a interrogé Philippe Karsenty sur ses impressions. Une interview qui en dit long sur les spin-doctors (ceux qui écrivent des discours) de Sarkozy.

 

Le traditionnel dîner du CRIF vient d’avoir lieu. Le Président Nicolas Sarkozy a-t-il manifesté son soutien envers Israël ?

P.K : Ce n’est pas la première chose qui me vient à l’esprit quand je pense à ce qu’a dit Nicolas Sarkozy lors de ce dîner ! Il a longuement parlé des relations entre la France et les Juifs en enfonçant des portes ouvertes et en flattant certains egos. Il a ensuite répété le couplet obligé sur l’amour immodéré que la France porte aux Juifs morts pendant la Shoah. Nicolas Sarkozy a ensuite parlé du monde arabe en insistant sur la nécessité de ne pas s’ingérer dans la politique de ces pays. Puis, comme tous ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy s’est permis de faire des recommandations aux Israéliens : « Il faut rendre le Golan à la Syrie ». En 2008, il avait déjà commencé par diviser Jérusalem…

Donc, pour résumer la politique étrangère de N. Sarkozy, c’est ingérence pour la seule démocratie de la région, Israël, et silence pour les dictateurs arabes que la France aime tant cajoler ! Avec des amis comme ça, Israël n’a pas besoin d’ennemis !

Lors de ce diner, la chaîne de télévision France 2, que vous mettez en cause dans l’affaire Al-Dura, a également été citée. Pourquoi et comment le Président français en a-t-il parlé ?

P.K : En effet, le Président français a cité France 2… Dans son discours, le président du CRIF, Richard Prasquier, a demandé à Nicolas Sarkozy de relancer la mise en place d’une commission d’enquête indépendante au sujet de la mise en scène de la « mort » de Mohamed al Dura qui fut produite et diffusée par France 2. Nicolas Sarkozy n’a pas répondu à la question du président du CRIF. Mais quelques instants plus tard, Nicolas Sarkozy a exprimé sa fierté d’être le président d’un Etat qui contrôle France 2 ! Quelle gifle ! Au dîner du CRIF, faire des éloges sur cette chaîne qui s’est compromise dans la pire propagande antisémite et qui continue à la couvrir. Que pouvait-il faire de pire ?

Comment expliquez-vous cette intervention du Président de la République ?
L’entourage de Nicolas Sarkozy devient de plus en plus hostile à Israël et aux Juifs. Dès son arrivée à l’Elysée, Nicolas Sarkozy a repris le conseiller diplomatique de Jacques Chirac, Jean-David Levitte, qui était le grand architecte de la politique arabe de Chirac. Comment voulez-vous que Sarkozy n’ait pas une politiquehostile à l’égard d’Israël en s’entourant d’un tel homme ? Par la suite, Nicolas Sarkozy a étoffé ses équipes avec des gens de plus en plus éloignés de nos valeurs.

La cerise sur le gâteau est arrivée le 3 janvier 2011  quand Nicolas Sarkozy a nommé son nouveau conseiller audiovisuel : Camille Pascal ! Pour résumer ce personnage, cela fait 6 ans qu’aux différents postes qu’il a occupés, Pascal s’est illustré pour étouffer l’affaire al Dura. Quand j’avais saisi le CSA  (l’instance de contrôle des médias français), Camille Pascal avait enterré l’affaire. Ensuite, il s’est fait parachuter à la direction de France Télévisions où il a continué à empêcher la révélation de la vérité.

Pour présenter Camille Pascal, permettez-moi de raconter une anecdote. Quand il était au CSA, j’ai eu une conversation téléphonique animée avec lui. Alors que je m’étonnais de la lenteur de ses services, il m’avait accusé d’appartenir aux services secrets israéliens. Choqué par ses propos, je lui avais demandé de les répéter. Ce qu’il fit sans hésiter : « Vous appartenez aux services secrets israéliens, et c’est votre droit le plus absolu ! ». Par chance, j’ai enregistré cette conversation que j’ai récemment faite circuler sur internet.

Votre combat est à contre-courant en France. Comment vous sentez-vous dans ce pays?

P.K : De plus en plus mal. Le combat pour faire prévaloir nos valeurs de liberté et de vérité commence à devenir difficile en France. Le mensonge, le cynisme et la corruption règnent. Au rythme où vont les choses, l’air deviendra de plus en plus irrespirable pour ceux qui veulent garder leur dignité. Les mensonges contre les Juifs et Israël sont de plus en plus flagrants dans les médias.

La France a voté à l’ONU en faveur du projet de résolution palestinien condamnant la poursuite de la construction israélienne en Cisjordanie. La France est-elle toujours l’amie d’Israël, comme le prétend Nicolas Sarkozy?

P.K : Votre question est très pertinente. En 2007, les Juifs de France et d’ailleurs ont fortement soutenu Nicolas Sarkozy, pensant qu’il partageait nos valeurs et nos aspirations.
Quelle déception ! Il s’est mal entouré et cela l’a amené à conduire une politique étrangère contestable. Il nous a payé de mots et ses actes sont devenus de plus en plus hostiles. Bien sûr, vous trouverez toujours des Juifs de cour ou des crétins opportunistes décorés pour vous dire le contraire mais ils seront bien en mal de trouver un seul acte positif de Nicolas Sarkozy. Des mots, oui, des actes jamais !

Ce que l’on observe aujourd’hui à l’ONU n’est que le reflet d’une trajectoire commencée dès l’entrée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée.

Que faisaient François Fillon et Michèle Alliot-Marie en Tunisie et en Egypte au frais de ces régimes autoritaires ? Toutes ces compromissions ont un prix et c’est nous qui en payons l’addition à l’ONU et dans toutes les instances internationales. La France est l’otage de ces comportements indignes.

La conclusion simple et évidente que les Juifs, comme tous ceux partagent nos valeurs, doivent tirer est que pour regagner le vote juif, Nicolas Sarkozy devra opérer un changement de politique et changer d’équipe.

Et si rien ne change, il faudra probablement soutenir d’autres candidats.

Par Jonathan-Simon Sellem – JSSNews – Interview menée par Avraham Azoulay et Guitel Ben-Ishay

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