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Reshef, la flamme, le nouveau tueur israélien

 

Reshef, la flamme, le nouveau tueur israélien (info # 012702/13) [Analyse]

Par Jean Tsadik © Metula News Agency

 

Avant-hier lundi, pendant qu’Israël fêtait le carnaval juif, des savants, des militaires et des industriels fixaient intensément le ciel dans une base de l’Armée de l’air au sud de Tel-Aviv.

Ils guettaient le premier envol d’une fusée israélienne qui s’apprête à modifier une fois encore les critères de la guerre et de la paix modernes. Le Reshef, (le feu, l’étincelle, la flamme, en hébreu littéraire), que guettaient les spectateurs, est le successeur du Khetz, la Flèche, ou encore le Arrow II, le premier missile antimissiles balistiques opérationnel, dont deux ou trois batteries sont déployées en divers points de l’Etat hébreu.

Certes, le périple de ce KV, pour Kill Vehicle, ou véhicule tueur, comme le catégorise Uri Sinaï, le directeur de la section "missiles" chez Israel Aircraft Industries (IAI), n’aura duré que six minutes et demi au-dessus de la Méditerranée. S’il n’a pourchassé aucun ennemi, il a parfaitement réalisé ce que l’on attendait de lui lors de cet essai initial. D’autres suivront, avec des cahiers de charges toujours plus pointus.

Les invités américains étaient satisfaits, que ce soient les représentants du gouvernement, qui finance partiellement le projet, les généraux du Pentagone, ou encore les gens de chez Boeing, le partenaire US des Israéliens pour la production du Reshef [Voir le film du 1er vol].

Ils fabriqueront 45% du nouvel engin, et procureront du travail à 150 autres entreprises étasuniennes dans vingt-cinq Etats de l’Union. L’intégration et l’assemblage, comme pour le Khetz II, se feront en Israël.

Rien ne vaut ce que dit de la nouvelle arme le Lt. Général Patrick O’Reilly, le directeur du MDA, l’Agence américaine pour les Missiles de Défense, pour exprimer l’importance de la nouvelle fusée : "L’Arrow III [autre nom du Reshef] promet d’être un système extrêmement performant, plus avancé que ce que nous avons mis en œuvre aux USA avec nos propres programmes".

Comment lui donner tort… le Reshef est le système le plus élaboré à ce jour sur la planète. Il dépasse tout ce qui se fait en Russie, aux Etats-Unis et en Europe dans le domaine. Un ingénieur hébreu m’a confié que nos amis d’outre-Atlantique n’avaient pas même un engin de ce genre sur leur planche à dessin.

Chez Boeing on se frotte les mains, conscients du nombre de clients potentiels que compte la fusée ; on y cite volontiers l’Inde, Singapour et la Corée du Sud. Nous pouvons ajouter à la liste plusieurs pays européens et le Japon, entre autres.

Mais nous n’oublions pas que les ventes dépendent du bon vouloir de nos puissants associés et co-investisseurs. Récemment, ils ont ainsi obtenu l’annulation de la livraison d’Arrows II à New Delhi, prétendant que le contrat d’un milliard de dollars violait les provisions du MTCR, le régime régissant la technologie des missiles.

Les USA exerçaient de la sorte leur droit de "principal bailleur de fonds". Les Indiens ont tout de même acquis une unité du radar du système, le Pin vert ; mais on peut se poser quelques questions quant à la politique que Washington choisira de suivre concernant la commercialisation du Reshef.

Ce, parce que les Yankees ne réalisent aucun effort afin de vendre la technologie des Arrows. C’est à croire qu’ils entendent utiliser les connaissances que nous développons pour confectionner seuls un Reshef aux couleurs de l’Oncle Sam. Leur participation au projet leur donne accès à la technologie. Ils ont déjà fait le coup pour les drones, se remboursant au centuple des investissements qu’ils avaient consentis auprès des entreprises israéliennes.

Il est nécessaire de toujours garder ce concept à l’esprit : tous les investissements US sont réalisés avec une intention claire de gagner de l’argent. Washington ne donne jamais de l’argent, il le prête ou il l’investit ; et dans cette dynamique, le génie israélien constitue un placement garantissant d’énormes revenus. Cela résume le sens de ce qu’ils nomment "coopération fructueuse".

Mais il faut aussi considérer qu’Israël n’a pas vraiment le choix, entouré qu’il est de régimes hostiles, dont certains sont engagés dans une course effrénée à l’acquisition d’armes de destruction massive. Et comme personne d’autre ne propose d’insuffler dans nos idées les moyens essentiels à leur réalisation, nous avalons les couleuvres en tentant de conserver le sourire.

Concernant le Reshef, les choses pourraient évoluer de manière légèrement différente ; ce, grâce à l’avance scientifique que nous avons accumulée et au besoin pressant que ressentent les pays industrialisés pour les fonctions de défense que nous leur proposons. Il n’est pas sûr du tout que les USA parviendront à répondre à la demande avant 2014-2015, ni dans les cinq ou six ans qui suivent avec leur contretype.

Jusqu’à l’Arrow II, qui intervenait à une distance variant entre 90 et 150 kilomètres des cibles visées par les missiles balistiques, on pouvait comprendre que certains jugeaient la parade "trop précisément adaptée aux besoins spécifiques d’Israël". Des voisins amicaux, la Jordanie en particulier, calculaient que les missiles en provenance d’Iran seraient presque à coup sûr interceptés au-dessus de leur territoire. Et pour peu qu’ils transportassent une charge bactérienne ou un gaz de combat, les risques étaient grands, pour eux, que des retombées toxiques n’atteignent leur population.

Face aux récriminations d’Amman, Binyamin Netanyahu avait même proposé au roi Abdallah de déployer une batterie dans sa monarchie, afin que l’interception se produise sur le désert du sud-ouest iraquien.

Mais les données sont en passe de changer avec l’introduction du Reshef : la distance d’interception est en voie d’être plus que doublée. Bien plus important encore en ce qui concerne les craintes du souverain hachémite : l’interception aura lieu en milieu exo-atmosphérique, soit hors de l’atmosphère, là où évoluent les satellites et la station spatiale.

Lors, les retombées nocives n’ont aucune chance d’atteindre la surface de la Terre, même celles enceintes dans une bombe atomique.

Autre avantage, d’ordre opérationnel celui-ci, le Reshef ne remplacera pas l’Arrow II, il le complétera. En tentant de détruire un Shihab III perse (météore) – par exemple – plus loin et à une altitude plus élevée, si le Reshef manquait sa cible, il serait encore parfaitement loisible de l’anéantir par la suite. L’éloignement procure une double chance, en quelque sorte.

Il était pratiquement convenu entre les experts que le Khetz II possédait 90% de chances d’intercepter un missile balistique comptant jusqu’à cinq ogives indépendantes. Avec l’introduction de Reshef et la double chance qu’il procure, l’un des leaders du programme de développement m’affirme que la probabilité statistique sera sous peu portée à 99.5% de réussite. "Le 100 pourcent n’existe pas", admet-il en souriant.

L’Arrow III a ceci de particulier qu’il concerne tous les Etats industrialisés. Face aux menaces nucléaires clairement posées par les régimes anachroniques de Corée du Nord et d’Iran, qui ont déjà commencé à développer des fusées de moyenne et de longue portée, le "véhicule tueur" israélien constitue un bouclier approprié et suffisant. Aucun Etat démocratique n’aura les moyens de se priver de la sécurité qu’il procure ni même d’attendre un modèle américain.

Dès que les essais d’interception dans l’espace seront couronnés de succès, les commandes afflueront. "C’est un peu comme si nous étions en train de développer un remède contre le cancer", poursuit l’expert israélien déjà cité, "qui pourrait s’offrir le luxe de s’en passer ?".

Il marquera également, lorsqu’il sera opérationnel, la fin, ou, à tout le moins, la remise en proportion du terrorisme d’Etat à la bombe atomique. Car, jusqu’à présent, c’est-à-dire jusqu’à l’introduction des Khetz, rien ne permettait d’empêcher un missile balistique porteur d’un engin nucléaire d’atteindre sa cible. De nombreuses villes civilisées se trouvent toujours soumises au bon vouloir d’énergumènes de l’engeance de Kim Jong-un.

Pour étendre notre nouveau bouclier, on devra aussi développer des radars de suivi plus puissants que le Pin vert et même que la version avancée du Pin vert. L’on va aussi avoir de plus en plus recours au super-radar US, l’AN/TPY-2, dont un exemplaire est déployé en permanence sur le sol hébreu et dont les informations sont partagées avec Tsahal, mais qui reste exclusivement desservi et entretenu par des militaires américains. Ceci constituant un autre volet de la superpuissance incontournable des Yankees.

A écouter Joseph Hasson, le chef des concepteurs de missiles chez IAI, les choses ont presque l’air simples. Sortir de l’atmosphère pour donner la chasse aux missiles malintentionnés entraîne une augmentation de la simplicité et de l’efficacité. Il sera ainsi plus aisé de se rapprocher rapidement d’une cible, et cela, alors qu’on est propulsé par un "banal moteur de fusée" à poussée vectorisée (orientée grâce aux mouvements des tuyères et non plus d’ailerons).

Le concept, selon Hasson, est fiable et d’un prix abordable, soit environ trois millions de dollars le missile. Il est vrai que pour empêcher une métropole de subir un assaut nucléaire, ce n’est vraiment pas grand-chose.

Le Reshef se déplace à raison de deux kilomètres et demi par seconde. Opérant dans un élément – l’espace – présentant moins de résistance que l’atmosphère, il est plus court et plus léger que ses prédécesseurs "atmosphériques", et moins gourmand en carburant.

Pour résumer tout ce précède, on peut citer Yoav Turgeman, un autre de ces ingénieurs israéliens, occupés, probablement sans en être totalement conscients, à développer un moyen pour donner à la civilisation la possibilité de se protéger de la barbarie : "l’Arrow II, c’était la Guerre des étoiles, ça, c’est la Guerre des étoiles à distance".

Et cette distance sera synonyme de droit à la vie pour des millions d’individus. N’en déplaise aux ayatollahs, qui engloutissent toutes les richesses d’un empire pour développer les moyens d’infliger la mort. Que la "Flamme" les brûle.  

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