Sefrou, "La petite Jérusalem marocaine"
Au nord du Maroc, non loin de la ville de Fez, la localité de Sefrou est au XIXe siècle un havre de paix où cohabitent musulmans et juifs.
Elle se forge, au XIXe siècle, l’image d’un lieu de brassage de cultures, de langues et de traditions.
La ville de Sefrou
En dépits de sa taille réduite (qui ne lui permet que de se placer au rang des centres régionaux secondaires), la petite localité de Sefrou reflète, au XIXe siècle, l’esprit d’un Maroc pluriel, multiethnique, et tolérant. On y parle l’arabe, des dialectes berbères ainsi que l’hébreu.
Située à 30 km de Fez – grand pôle de la culture juive marocaine au XIXe siècle – Sefrou est une localité verdoyante. A 850 m d’altitude, au pied du massif du Moyen Atlas, son relief est parcouru de jardins florissants, de forêts et d’arbres fruitiers.
La communauté juive de Sefrou
Au XIXe siècle à Sefrou, les juifs sont plus nombreux que les arabes et les berbères. Paisible et accueillante, cette ville éblouit les voyageurs, au point que Colette en parle comme d’un "paradis terrestre". Les juifs qui y résident sont des autochtones berbérophones ou du Tafilat, des juifs arabophones d’origine Fassi (de Fez) aussi bien que des descendants des exilés d’Espagne de 1492. Très intégrés à leur ville, les juifs y sont maîtres de leur situation et prospèrent en tant que petits artisans, négociants, ou professeur d’hébreu. L’un des membres les plus éminents de la communauté est le rabbin et juge Shaoul Yéhoshouah Abitbol (1740-1809) resté, entre autres, connu pour son recueil de décisions juridiques Avné chèch (Des blocs de marbre).
1912 : le Maroc devient un protectorat
Avec l’arrivée des Français, la décadence de la ville de Sefrou va de paire avec la crise économique générale qui frappe le Maroc. L’Alliance Universelle ouvre des écoles francophones et perturbe durablement le modèle éducatif des hédarim (écoles élémentaires traditionnelles juives tournées autour des enseignements de la Torah). Au début des années 1980, Norman Stillman* rapporte qu’il ne restait plus que quatre vielles personnes d’origine juive dans le mellah de Sefrou.
Sources : Norman Arthur Stillman, The Language and Culture of the Jews of Sefrou : An Ethnolinguistic Study, (University of Manchester 1988).
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