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Un nouveau gouvernement sans Bibi en Israël, par David Bensoussan

Un nouveau gouvernement sans Bibi en Israël, par David Bensoussan

 

Un nouveau gouvernement hétéroclite a été formé en Israël avec la majorité d’une voix pour mettre fin au plus long mandat de premier ministre dans l’histoire d’Israël (12 ans), celui de Benjamin Netanyahu, mieux connu sous son alias : Bibi. Bien que son parti ait obtenu 24% des suffrages au quatrième scrutin électoral en deux ans, c’est Naftali Bennett le chef d’un parti qui a obtenu 6 % des suffrages qui devient premier ministre en alternance avec Yaïr Lapid, chef d’un parti qui lui en a remporté 14%.

Le succès de Bibi et les réserves à son égard

La taille de l’économie a doublé durant le mandat de Bibi qui a orchestré une stratégie de start-ups exceptionnelle. Il a développé des liens personnels avec les leaders grandes puissances et de bien d’autres chefs d’état. Il a noué des relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Que lui reproche-t-on ?

La coalition qui soutient Bibi s’appuie sur les partis religieux orthodoxes qui vivent en marge de la société israélienne et ne font pas le service militaire, ce que la majorité de la population n’accepte pas. Le pays reconnait que la vaccination accélérée de la population durant la crise de la Covid est en grande partie due aux mesures d’urgence prises par Bibi. Toutefois, ce succès a été tempéré du fait que les orthodoxes qui n’ont pas suivi les règles de confinement n’ont pas été interpelés par la justice. Enfin, l’accord d’alternance avec le parti Bleu-blanc n’a pas été respecté, ce qui a donné lieu à une quatrième élection.

Une grande partie de la population ne veut plus de Bibi. Cela est dû au désir de rétablir la confiance en l’état de droit et de rassembler un gouvernement fonctionnel. En effet, le gouvernement n’a pu s’entendre sur un budget qui puisse répondre aux besoins du pays à long terme. Bibi a agi de façon solitaire pour conclure les accords d’Abraham sans même en aviser le ministre des Affaires étrangères.

Il y a aussi le procès de Bibi qui a été inculpé pour corruption, fraude et abus de confiance. Proclamant son innocence, il a réagi en s’emportant contre les enquêteurs de la police, le procureur général et les juges.

Bibi est accusé de trafic d’influence, notamment pour obtenir une meilleure couverture médiatique en Israël même. Toutefois, l’accusation la plus grave concerne la commande de sous-marins onéreux à l’Allemagne, commande qui aurait été faite sans avoir été approuvée par le ministère de la Défense ou le chef d’État-major. Plus grave encore, Bibi aurait acquiescé à la demande de l’Allemagne de permettre la vente de tels sous-marins à l’Égypte. Un dossier volumineux a été monté par des organisations de droit civique et toute la lumière n’a pas encore été faite sur ce problème essentiel à la sécurité de l’État.

Une coalition hétéroclite

Les membres de la nouvelle coalition gouvernementale regroupent 60 députés sur un total de 120. Il s’agit d’un regroupement de deux partis de gauche, deux du centre, trois de droite (dont deux qui sont plus à droite que le Likoud) et une formation arabe.

Yesh Atid est un parti centriste laïque (17 sièges) dirigé par Yaïr Lapid qui deviendra premier ministre en alternance à mi-mandat. Bleu-blanc (8) est le parti du centre droit dirigé par Beni Gantz.

Le parti Yamina (7) de Naftali Bennett est un parti ultranationaliste et ultralibéral. Tiqva Hadasha (6) dirigé par Gidon Saar regroupe des membres du Likoud, qui ne veulent plus du leadership de Bibi. Le parti Israel Beytenu (7) dirigé par Avigdor Lieberman est un parti laïque de droite qui veut limiter l’emprise des partis religieux sur le gouvernement et la société.

Le parti travailliste Avodah (7) et le parti Meretz (6) représentent respectivement la gauche modérée et la gauche dure. Le parti arabe Raam (4) appuie la coalition actuelle sans pour autant dissimuler son agenda islamiste.

Ceux qui soutiennent Bibi sont les membres du Likoud (30), les partis orthodoxes de Yahdut Hatora (7) et Shas (9) ainsi que le parti sioniste religieux (6) dirigé par Bezalel Smotrich. Ce dernier a empêché Bibi de former un gouvernement, opposé qu’il était à l’intégration du parti arabe Raam dans la coalition gouvernementale en raison de son agenda islamiste.

Un gouvernement de nationalisme civique

Le nouveau gouvernement en est un de nationalisme civique. Dans un sens, le nouveau gouvernement ne pourra s’occuper de questions fondamentales et complexes tout comme les relations avec les Palestiniens, car certains des membres de la coalition gouvernementale ont des positions radicalement opposées.

Tout au plus, il pourrait rétablir la confiance en une gouvernance civile plus saine.

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