La géopolitique perturbe le tourisme
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Le tourisme vers le Maroc, la Tunisie et l'Egypte s'est effondré. Les voyagistes s'inquiètent pour leur activité cet été.
Les professionnels du tourisme en seraient presque à déplorer le vent de démocratie qui souffle sur le Moyen-Orient. "L'année 2011 aurait dû être merveilleuse", a observé jeudi René-Marc Chikli, président du Ceto, lors d'une conférence de presse consacrée au baromètre semestriel de cette association des tour-opérateurs. La saison hiver avait démarré sur les chapeaux de roue. Mais le printemps arabe a tout perturbé. Depuis début 2011, les Français rechignent à voyager vers l'Afrique du Nord. Les agences de voyages sont vides. Et les pré-réservations d'été sont dores et déjà jugées décevantes.
Le marché avait pourtant presque renoué avec les performances d'antan, d'avant-2008. Sur la saison hiver, c'est-à-dire entre le 1er novembre et le 30 avril 2011, le trafic des voyages a progressé de 7,6%, se hissant à 3,07 millions de clients, selon le baromètre semestriel du Ceto. Mais celui des voyages à forfit n'a enregistré qu'une progression de 2,8%.
Ce segment s'est maintenu grâce aux destinations lointaines (+16,1% de trafic). Les voyages à forfait de moyen courrier ont eux essuyé un recul de trafic de 4,9%. Or, ces derniers pèsent très lourd dans le marché du tourisme (plus de 60%). Sur ce segment, trois destinations sont déterminantes : l'Egypte, la Tunisie et le Maroc. A eux trois, ces pays représentent 35% des volumes de voyages à forfait.
Plus de 1,3 million de personnes voyagent chaque année vers ces destinations : 600.000 vers la Tunisie, 455.000 vers le Maroc et 272.000 vers l'Egypte, grosse destination touristique d'hiver. Le Maroc a cependant résisté à la désaffection. Le volume des voyages à forfait vers ce pays s'est rétracté de 1% sur six mois, à fin avril 2011, alors qu'il s'effondrait de 44% en Tunisie et de 39% en Egypte. Mais depuis, l'attentat du 28 avril place Jemaa el-Fna, à Marrakech, fait du tort. L'Office du tourisme du Maroc estime que les arrivées de touristes dans le pays sont en recul de 4% à fin avril.
Qu'en sera-t-il cet été ? René-Marc Chili est manifestement inquiet. «Depuis mai, le marché est aussi mou que le Cac 40 ! Et ce quelles que soient les destinations», regrette-t-il. Les Français hésitent à délier leur bourse. Et les adeptes des vacances au soleil de Tunisie (100.000 clients par mois sur la période d'été) ne seront pas au rendez-vous. "Le report de voyages sur les destinations des Baléares, des Canaries et de Madère ne suffira pas pour compenser les pertes d'activité sur la Tunisie", juge René-Marc Chikli.
Reste à savoir si, malgré ses vents contraires, l'année 2011 restera sur une tendance positive. Le Ceto veut le croire.
Juliette Garnier