Quand D.ieu demande le pardon !
Les sacrifices quotidiens dans le Temple sont au programme de la lecture de la Torah cette semaine. S’agissant de ceux offerts lors du Roch ‘Hodech (le premier jour du mois) le verset termine en disant : « et un bouc comme sacrifice d’expiation pour l’Eternel… ».
Quel sens prend ici le terme « l’expiation pour l’Eternel » ? L’explication première rapportée dans le Rashi dit qu’il s’agit d’une faute dont seul D.ieu a connaissance ; mais ce n’est pas parce que nous ne savons pas que nous avons fait une erreur qu’elle n’existe pas, il faut aussi nous en faire pardonner.
Toutefois, Rashi termine avec une autre explication du verset, pour le moins surprenante, en disant qu’ici, il s’agit d’apporter une offrande d’expiation pour D.ieu. Mais de quelle faute s’agit-il ? Comment D.ieu peut-Il fauter ? Faire une erreur ?
Rashi répond que cela se rapporte au fait d’avoir réduit la taille de la lune après sa création. En effet, lors de la création des luminaires (le quatrième jour de la création), la lune et le soleil brillaient à puissance égale, mais la lune s’est démarquée en arguant qu’il n’était pas possible d’avoir deux grands luminaires qui règneraient en parallèle. La réponse du Créateur fut pathétique pour elle puisque D.ieu appliqua la règle du conseilleur payeur et diminua la taille de la lune.
C’est pourquoi, chaque début de mois, tandis que la lune se remémore ce traumatisme (même si elle en est responsable), D.ieu demande au Peuple d’Israël de faire un sacrifice pour Le pardonner.
Revenant de Pologne pour un voyage de recherche sur les victimes de la Shoa, je trouve un sens vraiment particulier dans ce Midrash cité par Rashi (qui pour le traducteur Yonathan ben Ouziel c’est l’explication principale de ce verset).
Il est expliqué à maintes reprises dans la Kabbale que le Peuple Juif est comparé à la lune : il grandit, il connaît des périodes de gloire intense et malheureusement, comme l’histoire le montre, des moments dramatiques de diminution, de solitude voir presque parfois, de disparition. Puis il réapparait, pour connaître de nouvelles phases de splendeur et de plénitude…
Il est un principe premier qui nous enjoint d’avoir une foi absolue en la justice de D.ieu (sans pour autant pouvoir la comprendre ou l’appréhender). Pour autant, D.ieu s’adresse au Peuple Juif à chaque début de mois, lorsque la lune « disparaît ». Lorsque Son peuple est rabaissé, humilié, affaibli, lorsque Ses enfants souffrent d’une injustice accablante et que certains y voient même une éclipse divine, où tous les cauchemars sont permis, D.ieu demande alors à Ses enfants d’apporter une offrande expiatoire pour Le pardonner. Il nous demande à nous – être humains totalement dépendants de Sa volonté – de bien vouloir Lui accorder le pardon pour les moments sombres que nous avons vécus !
Serions-nous insensés de penser qu’Il nous a oubliés ? Jamais ! Car pendant que nous souffrons, notre Père dans le ciel verse des larmes de douleur pour Ses bien-aimés. Tel un engagement, cette demande de pardon est bien le signe qu’un jour, la lumière de la lune sera aussi grande que celle du soleil, que le peuple d’Israël brillera de sa grandeur d’antan et que D.ieu effacera les larmes de tous les visages ! Puisse cette promesse s’exaucer rapidement de nos jours !
Par le Rav Mndel Samama - European Rabbi – JSSNews