Liban : Documents compromettants sur l'assassinat de Rafic Hariri
Une enquête de la CBC a permis d'obtenir des documents compromettants que l'ONU aurait tenté de cacher concernant l'assassinat du premier ministre libanais, Rafic Hariri, en 2005.
L'assassinat de Rafic Hariri en février 2005 provoque la fureur des Libanais. Le monde montre du doigt la Syrie. Dans les capitales occidentales, on réclame justice.
Presque immédiatement après le meurtre, l'ONU dépêche une commission d'enquête à Beyrouth.
La commission d'enquête onusienne procède très, très lentement, c'est l'inertie. Il lui faudra trois longues années avant de commencer à analyser les relevés de tous les appels téléphoniques placés dans la zone de l'attentat.
Finalement, l'ONU découvre un premier réseau téléphonique, appelé le réseau rouge, utilisé par le commando qui a perpétré l'attentat, et aussi celui d'un autre groupe de personnes, qui lui avaient fourni un soutien logistique. Les indices mènent directement ou indirectement au Hezbollah, le parti de Dieu.
Le Hezbollah continue d'accuser Israël du meurtre de Rafic Hariri.
Selon CBC, l'enquête de l'ONU vise également un autre suspect possible, Wissam al Hassan, l'actuel chef des services secrets libanais. À l'époque du meurtre, il était le chef de la sécurité de Rafic Hariri. Le jour de l'explosion, il était absent.
Dans un document de l'ONU qui date de 2008, et dont CBC a obtenu copie, on recommande que Wissam al Hassan soit placé discrètement sous enquête. Les responsables de la commission onusienne refusent pour des questions essentiellement diplomatiques.
CBC a demandé plusieurs fois à parler à ses dirigeants dans le cadre de son enquête, en vain.
Vendredi, les Nations unies ont demandé à CBC de lui rendre les documents de l'enquête Hariri qu'elle a obtenus. CBC a refusé.
L'enquête de la CBC démontre que l'ONU a fait preuve d'aveuglement en plus de se traîner les pieds. Déjà en 2006, un policier libanais, le capitaine Wissam Eid, avait remis à l'ONU un rapport aux Nations unies qui identifiait les réseaux téléphoniques et le Hezbollah. L'ONU a perdu ce rapport.
Deux ans plus tard, alors que l'ONU commençait à peine à collaborer avec lui, Wissam Eid a été assassiné.
Les Nations unies refusent tout commentaire sur les documents en question ou sur l'enquête qui dure depuis près de six ans.
Des informations laissent croire que l'ONU serait enfin prête à porter des accusations contre les responsables du meurtre de Rafic Hariri.