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L’Iran est dans le collimateur (info # 010311/11) [Analyse]

Par Jean Tsadik © Metula News Agency

Cela ressemble de plus en plus à une veillée d’armes. Les discussions au sein du cabinet restreint (politico-sécuritaire), de même que les exercices militaires poussés se précipitent. Derrière ces préparatifs d’une action contre l’Iran, se profilent également des manœuvres israéliennes d’intox et de politique internationale.

Car si la confrontation était proche au point qu’on veut nous le faire penser, Ehud Barak et Benyamin Netanyahu ne feraient pas autant d’efforts qu’actuellement pour que cela se sache, et l’armée ne procéderait pas à un tir d’essai du missile balistique Jéricho juste au-dessus de Tel-Aviv, plus brillant qu’un feu d’artifice.

Le ministre de la Défense Barak passe pour l’un des plus grands experts actuels en matière de stratégie militaire, et la Ména peut confirmer que cette réputation n’est pas usurpée. Juffa, qui connaît bien l’animal, m’offre ce commentaire de la lointaine Belgique où il se trouve : "C’est absolument égal de déterminer si les Iraniens y croient ou s’ils n’y croient pas. De toute façon, ils doivent se tenir prêts à faire face à toutes les menaces évoquées et testées par Israël. Non seulement cela les épuise, mais, de plus, cela mobilise la planète contre leur régime".

Et les Hébreux, pour mener leur guerre des nerfs, bénéficient d’un large appui de la part de leurs alliés Occidentaux. Ainsi, la mise à disposition par l’Italie et l’OTAN de la base aérienne de Decimomannu, en Sardaigne, au profit de la Khe’l Avir. Tiens ? Une base située à distance comparable à la plupart des objectifs potentiels en Perse !

A en croie un ami et commentateur italien sur place : "Pendant quatre jours, on aurait dit que votre aviation avait déménagé chez nous : tout ce qui est nécessaire à une opération contre les ayatollahs était du voyage : des bombardiers à long rayon d’action, des appareils de transport, de ravitaillement et de surveillance aérienne. C’était l’exposition du Bourget en octobre".

Et ça n’est pas tout : les Israéliens ont simulé des combats aériens avec leurs camarades européens ; avec les Allemands et leurs Tornados, les Italiens et leurs Eurofighters, et les Néerlandais et leurs F-16.

Decimomannu, qui a remplacé pour les Hébreux les bases turques auxquelles ils n’ont plus accès, possède l’avantage appréciable, qu’elle est équipée d’appareils sophistiqués permettant d’évaluer la précision des attaques, et donc le degré de préparation des pilotes. Pas de crainte à nourrir à ce propos, nos amis européens nous ont soufflé à l’oreille que les résultats des aviateurs à l’étoile de David, dans tous les exercices, étaient "en tout point impressionnants".

Ce qui reteint notre attention, sur le plan politique et stratégique, c’est que, si l’OTAN et, partant, les Etats-Unis étaient totalement imperméables au projet de raid sur l’Iran, ils ne nous auraient pas prêté Decimomannu. Et s’ils ne considéraient pas que cela les concerne aussi, ils n’auraient pas participé à nos jeux de guerre.

Pour renforcer cette évaluation, les échos en provenance de Londres ! Les Britanniques, selon The Guardian, prépareraient une intervention contre l’Iran, conjointe avec les Etats-Unis. Une opération, d’après ces sources, que les Anglais considèrent dans une fenêtre d’opportunité de deux à douze mois.

C’est sérieux. Autre preuve de cela, la visite surprise en Israël du chef d’état-major des armées de Sa majesté.

Et puis, il y a donc ce tir de missile Jéricho depuis la base de Palmakhim, qui a dessiné une traînée d’or dans le ciel nocturne de Tel-Aviv. Au point que des habitants, pris de panique, ont cru que la grande bagarre avait déjà commencé.

L’armée s’est empressée, mais après le tir, de rassurer les esprits, et de communiquer qu’il s’était agi d’un lancement d’essai, qui avait en outre parfaitement réussi. Dans les arcanes de l’establishment de la Défense, on murmure qu’on serait en train de peaufiner une extension de portée de la fusée-mulet israélienne. Celle qui est chargée, entre autres tâches, de transporter des ogives nucléaires (selon des sources étrangères, pour respecter la formule habituelle).

M. Netanyahu, à la Knesset, rappelle qu’ "un Iran nucléaire constituerait une menace grave pour le Moyen-Orient, et certainement, une menace directe et grave pour nous".

Ehud Barak, en stéréo, procède à une longue analyse de la situation, et de l’éventualité d’une frappe contre la Perse, sur la station de radio de l’armée (Gaaleï Tsahal - "Les ondes de Tsahal)".

Au sein du gouvernement, le tandem Netanyahu-Barak s’emploie à s’assurer d’une majorité ministérielle en faveur d’une intervention. Ils ont acquis le consentement de Lieberman, qui exprimait des réserves, et d’autres ministres.

A Téhéran, tout cela ajoute à la fébrilité. On envoie le chef suprême des armées, le discret Hassan Firouzabadi, menacer les Américains et les Hébreux : "Les officiels américains savent qu’une attaque du régime sioniste contre l’Iran causerait de sérieux dommages aux USA de même qu’au régime sioniste" (agence iranienne ISNA).

Mais à Washington et à Jérusalem, justement, on n’est pas du tout persuadé de l’existence de cette contre-menace. Comme parmi mes collègues, on est pratiquement convaincu, au contraire, que les Iraniens se contenteraient de tenter de se défendre en cas d’attaque, pertinemment conscients qu’une riposte "disproportionnée" entraînerait leur annihilation.

L’échéance décisive se situe dans quelques jours, le 8 novembre précisément. A cette date, l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA) remettra son rapport sur l’Iran. Un document qui s’annonce accablant, dans lequel les experts de Vienne statueront qu’il ne fait plus aucun doute que Téhéran développe la bombe atomique, ainsi que les missiles nécessaires à son convoyage.

A Washington, où le Président Barack Obama n’a toujours pas pris de décision, on craint une aventure israélienne en solo. Mais le ton a changé. Au département d’Etat (Affaires Etrangères), on réaffirme quotidiennement sa solidarité avec l’Etat hébreu, son inquiétude au sujet des activités d’enrichissement iraniennes, ainsi que sa coordination avec Jérusalem et les autres alliés. Hillary Clinton a reçu comme instructions de laisser craindre une intervention israélienne, et d’affirmer que l’Amérique ne serait pas en mesure de l’interdire (ce qui est absolument faux).

La dernière carte que le très pacifique président US pourrait encore tenter, pour calmer les Hébreux, consisterait à imposer au Conseil de Sécurité des mesures extrêmes – paralysant pratiquement toute synergie entre l’Iran et le reste du monde -. Pour ce faire, des ambassadeurs US s’activent déjà à persuader les Russes et les Chinois de les suivre, les informant, qu’en cas d’utilisation de leur veto, la Maison Blanche ne ferait rien pour empêcher les Hébreux d’agir, et qu’un conflit, alors, serait pratiquement inévitable.

Pendant ce temps, les ayatollahs fournissent du travail à l’industrie d’armement russe. A Moscou, un officiel déclare que ces transactions se déroulent strictement dans l’étroite plage d’activités encore autorisée par les décisions précédentes du Conseil de Sécurité.

A Jérusalem, on jugera si les sanctions envisagées seront de nature à empêcher l’ennemi de réaliser son projet de bombe atomique, si elles seront décidées suffisamment rapidement pour être efficaces, et si le processus de suivi des sanctions sera raisonnablement convaincant.

Sinon, on interviendra probablement. Mais pas forcément de la manière que l’on vient d’exposer en mondovision, et probablement pas seuls. Tant il est exact que la perspective d’un Iran nucléaire ne concerne pas uniquement Jérusalem, loin s’en faut. C’est l’un des autres messages que les ministres du gouvernement bleu et blanc sont priés de véhiculer, ces jours, en vue d’être consommés en Israël et bien au-delà de ses frontières.

Sur ce dossier critique, le gouvernement et l’armée d’Israël interprètent, pour le moment, leur partition sans fausses notes. Mention "malins", même.

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