Pelerinage a Ouezzane
Chaque année, des milliers de juifs du monde entier viennent au Maroc pour accomplir leur pèlerinage sur les tombes de leurs saints enterrés au Maroc. Un pèlerinage qui montre l’attachement de cette diaspora juive à la terre de leurs ancêtres mais qui est également une véritable aubaine pour le tourisme du pays.
C’est hier dimanche qu’a pris fin la hiloula. La hiloula est une tradition chère à la communauté juive puisqu’il s’agit du pèlerinage annuel de milliers de Juifs venus du monde entier– dont la plupart sont d’origine marocaine - pour rendre hommage aux 1200 Saints juifs qui reposent sur les terres du royaume. Autrefois, ces saints étaient des hommes importants de la communauté comme de grands rabbins ou des enseignants. Ce pèlerinage n’est pas obligatoire mais il est souhaitable de se recueillir au moins une fois sur les tombes des saints vénérés autrefois par les aïeuls de cette communauté.
Marocains avant tout
« Au Maroc, où les islamistes sont pourtant aussi au pouvoir, des juifs d'Israël n'ont pas eu peur de venir cette semaine vénérer leurs saints en toute tranquillité. », a souligné un article du Nouvel Observateur datant de samedi. « Il ne faut pas oublier qu’une bonne partie de ces Juifs sont des citoyens marocains avant toute chose et que la seule chose qui diffère c’est la religion», répond Maguy Kakon, écrivain et femme politique marocaine de confession juive, contactée ce matin. « Nous avons des Marocains vivant dans les 4 coins du monde et parmi eux il y a des Marocains juifs. Si ces juifs reviennent aujourd’hui au Maroc, c’est parce que nous sommes en période de moussem comme ceux que font les Marocains musulmans lorsqu’ils se rendent par exemple à Moulay Brahim à Fès », poursuit-elle.
C’est dans la ville de Salé que Maguy a fait son pèlerinage ces quatre derniers jours. Mais elle explique que certains juifs choisissent de se recueillir sur telle tombe parce qu’elle se trouve dans la région où ont vécu leurs ancêtres. Néanmoins la tombe la plus importante reste certainement celle de saint Amram Ben Diwane, un rabbin décédé en 1781. Sa tombe est située à Ouezzane dans le nord du pays. Comme le montre un reportage de l’AFP à Ouezzane, les fidèles ont prié, fait des bénédictions, allumé un feu sur la tombe du saint dans lequel ils jettent des cierges en formulant des prières. Le pèlerinage est également rythmé par des festivités, des chants et des danses. Le soir, une vente aux enchères a été organisée sur les lieux du pèlerinage. L’argent récolté sera dédié à l’entretien du sanctuaire.
Les commerçants s’en frottent les mains !
Mais au-delà du côté spirituel, Maguy Kakon souligne que la hiloula est également une période qui encourage les juifs à faire du tourisme au Maroc et à dépenser sans compter. « Aujourd’hui je suis à Meknès et je peux vous dire que les marchands dans les souks sont fous de joie. Chaque juif venu au Maroc est prêt à dépenser au moins 2000 dollars. Ils dévalisent les magasins en achetant des tapis, des caftans ou des théières. Après le pèlerinage, certains juifs restent 10-15 jours et sillonnent tout le Maroc du nord au sud, d’ouest en est pour découvrir le pays. Ils ne lésinent pas sur les kilomètres. », affirme la femme politique. « Ils sont surpris par la gentillesse des Marocains, leur hospitalité et certains se demandent même pourquoi leurs parents ont quitté cette terre », lance-t-elle en riant.
Avec les révolutions arabes et l’instabilité politique, Maguy insiste également sur le fait que les Juifs originaires d’Algérie, de Tunisie ou d’Egypte n’ont pas pu cette année se rendre dans ces pays pour mener à bien leur pèlerinage mais qu’ils ont choisi néanmoins de l’accomplir au Maroc. « Et c’est tant mieux pour notre tourisme ! », lâche-t-elle.
« Ce que je souhaite de tout cœur, c’est que ces prières faites sur les tombes des saints amènent la paix dans le monde et qu’on aura enfin la paix en Palestine car on a vraiment tout pour s’entendre », conclut Maguy Kakon.