Zlabia, la confiserie avec une histoire
S’il y a un gâteau qui raconte une histoire, c’est bien la zlabia.
Gâteau pour certains, confiserie pour d’autres, la zlabia se déguste avec un bon thé à la menthe ou aux clous de girofle, c’est selon. Avec son «alter ego» le qalbelouz, un gâteau oriental à base de semoule et d’amandes, la zlabia orne la table des veillées ramadanesques garnie d’une théière en cuivre entourée de petits verres de couleurs vives. La zlabia est une friandise commune à plusieurs pays arabes et musulmans : Iran, Tunisie, Algérie et Maroc notamment. Consommé sans modération, notamment durant le mois de Ramadhan, ce gâteau mielleux raconte mille et une histoires.
D’origine arabo-musulmane ou juive, selon certains récits, la zlabia se prépare sous plusieurs formes : ronde, longue ou en bâtonnets. Toutefois, la plus célèbre reste la zlabia de Boufarik, légèrement épaisse, de couleur jaune-marron. Selon certaines histoires, racontées de mère en fille, la zlabia viendrait de l’«âge d’or» de l’islam à Al Andalus (Grenade). En effet, il s’agissait d’une demande d’un grand roi de l’époque (certainement le grand-père de Boabdil) aux plus grands chefs cuisiniers.
Ce roi voulait un gâteau différent, riche et délicieux, qui serait dégusté lors de la rupture du jeûne pendant le Ramadhan. Les cuisiniers se mirent au travail et lorsqu’ils finirent, fiers de leur nouvelle recette, ils s’empressèrent de faire goûter au roi ce magnifique gâteau «sans nom». Le coucher du soleil approchant, les cuisiniers ne voulant pas arriver en retard au palais royal pour la rupture du jeûne, se mirent à courir avec les plateaux de ce gâteau posés sur leurs têtes. Quand soudain, l’un d’eux glissa avec le plateau le plus garni, il se mit alors à crier : «Ya rabi, zelabia, zelabia, zelabia...», ce qui approximativement signifie : «Ô mon Dieu, il (le plateau de gâteau) a chuté (ou a glissé)». Arrivés au palais, le roi, conquis par la douceur et la délicatesse de ce gâteau, mais également pris par un grand fou-rire, baptisa ce gâteau zlabia.
D’autres histoires, plus farfelues, attribuent la recette de ce gâteau au musicien Abdourrahman Ibnou Nafaâ Ziriab ou Ziriab tout court. Obligé de fuir la cour de Haroun Al Rachid, il entreprend alors un long voyage qui le mènera de Baghdad jusqu’en Andalousie en passant par l’Afrique du Nord. Au passage, il fait une escale prolongée en Tunisie, dont il étudie la musique et invente une sucrerie de pâte qui porta son nom : el ziriabia. Ce nom d’origine a été par la suite falsifié et déformé pour donner zlabia.