Maguy Kakon raconte comment se passe Yom Kippour au Maroc
Par Hanane Jazouani
Hier, les Juifs du monde ont fêté Yom Kippour, le jour du Grand pardon, la fête la plus sacrée du judaïsme. Maguy Kakon, citoyenne marocaine de confession juive nous raconte comment les juifs du Maroc célèbrent cette fête.
Le Youm Kippour, jour du Grand pardon, considérée comme la fête la plus sainte chez les juifs, s’étale sur deux jours. Elle a commencé mardi 25 septembre à 17 heures, heure à laquelle la communauté dine en famille. « Les plats présentés sont cuisinés à base de poulet et de pâtes que l’on appelle les lentrias, que l’on faisait autrefois à la main. Elles permettent d’apporter des sucres lents pour mieux résister au jeûne », explique Maguy Kakon, politicienne marocaine de confession juive, contactée par nos soins.
27 heures de jeûne
Ensuite, vers les 18 heures, dès que le diner se termine, place au jeûne. Les hommes vont à la synagogue et y restent jusqu’à 21 heures. Puis, ils rentrent à la maison et retournent à la synagogue dès le lendemain matin à partir de 8h pour y rester jusqu’à 20h. Objectif : se repentir, se faire pardonner leurs péchés et « repartir avec des casiers vierges », comme le dit Maguy Kakon. Ils restent ainsi debout et récitent des prières durant de longues heures. « C’est énorme ! Cela représente au total 27 heures de jeûne ! », lance Maguy Kakon. Pour ce qui est des femmes, la politicienne marocaine insiste sur le fait que les femmes juives ne sont pas obligées de se rendre à la synagogue avec les hommes pour prier. « Tout dépend des traditions de la famille ou du clan que l’on suit ou de la ville où la communauté vit », précise-t-elle. Ainsi à Meknès, Marrakech ou Damnate, petite ville dans le Haut-Atlas, la communauté juive de ces villes est un peu plus conservatrice que celle par exemple de Casablanca. Les femmes de ces villes tiennent à accompagner les hommes à la synagogue. A l’instar des musulmans, les femmes juives ont un espace séparé des hommes pour prier. « A Casablanca, il y a des femmes aussi qui vont à la synagogue avec les hommes. La communauté de cette ville est également très respectueuse des traditions mais on est beaucoup plus occupé et on a moins le temps d’y aller. », ajoute-t-elle.
Ensuite, la longue journée de jeûne se termine à 20 heures. Un membre de la famille souffle dans une corne de bélier, appelé le « shophar » [à prononcer comme « chauffard »] pour annoncer la fin du jeûne, une tradition qui remonte à la nuit des temps. « Comme pour le ramadan chez les musulmans, on a des tables garnies de divers mets et de nourritures avec différentes soupes de légumes notamment mais pas de harira ! », explique-t-elle en riant.
La fête des cabanes
Tandis que le Youm Kippour est terminé, la communauté juive se prépare déjà à célèbrer une autre fête qui est « Soukot », plus connue sous le nom de « fête de la cabane ». Prévue trois jours après le Youm Kippour, cette fête est censée rappeler la précarité de vie des juifs lors de leur sortie d’Egypte et leur traversée dans le désert durant laquelle ils ont dû construire des cabanes avec des palmes pour se réfugier et se protéger du soleil. La tradition veut que chaque famille juive construise sa propre cabane qu’elle placera ensuite soit dans son jardin ou sur son balcon. « Ce qui est merveilleux au Maroc, terre d’Islam, c’est que vous avez des vendeurs marocains qui vendent à Bab Marrakech ou au boulevard Ziraoui des feuilles de palmiers ou des roseaux pour permettre aux juifs marocains de construire leur propre cabane », précise Maguy Kakon.
La fête des cabanes de cette année s’annonce sous de très bons auspices. « Comme vous l’avez remarqué, il a plu ce matin. Et chez nous, lorsqu'il pleut entre Kippour et le premier jour de Soukot, c’est un signe prédisant que l’année sera très bonne ! », conclut-elle.