Une question d’attitude
Gaston est gérant dans la restauration à Paris. Il est toujours de bonne
humeur et a toujours quelque chose de positif à dire. Quand on lui demande
comment il va, il répond toujours : "Si j'allais mieux que ça, nous serions
deux : mon jumeau et moi ! ".
Quand il déménage, plusieurs serveurs et serveuses sont prêts à lâcher leur
job pour le suivre d'un restaurant à un autre pour la seule raison qu'ils
admirent son attitude. Quand un employé file du mauvais coton, Gaston est
toujours là pour lui faire voir le bon côté des choses.
Curieux, je suis allé voir Gaston un jour pour lui demander : "Je ne
comprends pas. Il n'est pas possible d'être toujours positif comme ça,
partout, tout le temps. Comment fais-tu ? ".
Et Gaston de répondre : "Tous les matins à mon réveil, je me dis que,
aujourd'hui, ou bien je choisis d'être de bonne humeur, ou bien je choisis
d'être de mauvaise humeur. Je choisis toujours d'être de bonne humeur. Quand
il arrive quelque incident déplorable, ou bien je choisis d'en être la
victime, ou bien je choisis d'en tirer une leçon. Quand quelqu'un vient se
plaindre à moi, ou bien je choisis d'entendre sa plainte, ou bien j'essaie
de lui faire voir le bon cote de la chose".
"Mais ce n'est pas toujours si facile ! ", lui dis-je.
Et Gaston d'enchaîner: " La vie, c'est une question de choix. On choisit sa
façon de réagir aux situations. On choisit de quelle façon les autres
peuvent nous influencer ou non. On choisit d'être de bonne humeur ou de
mauvaise humeur. On choisit de vivre sa vie de la manière qui nous
convient."
Plusieurs années plus tard, j'entends dire que Gaston a fait incidemment ce
qu'on ne doit jamais faire dans la restauration : il a laissé déverrouillée
la porte arrière du restaurant un bon matin et il s'est fait surprendre par
trois voleurs armés.
En essayant d'ouvrir le coffre fort, sa main tremblante de nervosité, il
n'arrivait pas a faire la combinaison numérique. Un des intrus a paniqué et
a tiré. Heureusement pour Gaston, les choses n'ont pas traîné et il a été
vite transporté à l'hôpital.
Après dix-huit heures de chirurgie et des semaines de soins intensifs,
Gaston a reçu son congé de l'hôpital avec les débris de la balle qu'on
n'avait pas réussi à lui extraire.
J'ai revu Gaston six mois après l'incident et je lui ai demandé comment il
réagissait à tout cela. "Si j'allais mieux que ça, dit-il, nous serions deux
: mon jumeau et moi. Tu veux voir les cicatrices? ".
Je n'ai pas voulu voir la blessure mais je lui ai demandé ce qui lui était
passé par la tête au moment du vol. Et Gaston de dire : " La première chose
qui m'est venu à l'idée est que j'aurais dû fermer à clef la porte arrière
du restaurant. Et puis, étendu sur le plancher après m'être fait
descendre,je me suis souvenu que je pouvais encore faire un choix : ou bien
de vivre ou bien de mourir. Et j'ai choisi de vivre."
"T'as pas eu peur ? " lui dis-je.
Et lui de répondre: "Les ambulanciers ont été bien corrects. Ils n'ont pas
cessé de me dire que tout allait bien. Mais en entrant dans le bloc
opératoire de l'hôpital, j'ai vu l'expression faciale des médecins et des
infirmières et ,là, j'ai eu peur. J'ai vu dans leurs yeux que j'étais un
homme mort et j'ai su que je devais agir vite ! ".
"Et alors, qu'as-tu fait ? ".
"Eh bien, mon ami, il y avait une grosse infirmière qui me bombardait de
questions ; elle voulait savoir si j'étais allergique à quelque chose. J'ai
dit oui, et les médecins et les infirmières se sont arrêtés pour entendre ce
que j'allais leur dire. J'ai pris une profonde respiration et je leur ai dit
que j'étais allergique aux balles de fusil ! Quand ils ont eu cessé de
rire,je leur ai dit que j'avais fait le choix de vivre et qu'ils feraient
mieux de m'opérer comme si j'étais un homme vivant plutôt qu'un homme mort !
".
Gaston a survécu grâce à l'expertise des médecins, mais aussi grâce a son
attitude étonnante ! J'ai appris de lui que, tous les jours, nous devons
faire un choix : ou bien de profiter pleinement de la vie ou bien de s'y
emmerder tant qu'on veut. La seule chose qui nous appartient et que personne
ne peut contrôler, ni nous enlever, ce sont nos attitudes.
Alors, quand on peut cultiver des attitudes positives, tout le reste est de
la petite bière.