Trafic de drogue Maroc-Suisse : Le rôle des trois frères Elmaleh
Par Julie Chaudier
De jour en jour, les détails de ce que l'on peut désomais appeler l'affaire Elmaleh, sont dévoilés par la presse. Le trafic de drogue entre le Maroc et la Suisse, entâchant au passage l'élue parisienne d'EELV, Florence Lamblin, aurait été mené par la famille Elmaleh, d'origine juive marocaine. Les trois frères disposaient chacun d'un rôle clé dans l'organisation criminelle.
Meyer, Nessim et Mardoché El Maleh sont en prison, depuis mercredi 10 octobre. Les trois frères sont soupçonnés d’être à la tête d’un réseau international mêlant habilement drogue et blanchiment d’argent. Chacun aurait eu un rôle spécifique qui permettait à l’ensemble du réseau de s’articuler : depuis la récolte de cannabis, dans le Rif marocain, jusqu’au blanchiment de l’argent à Genève, dans les banques les mieux introduites de la plaque financière suisse.
Mardoché : Le cannabis parisien
Mardoché aurait été le premier maillon de la chaîne. Il aurait organisé le trafic de drogue depuis le Maroc, en passant par l’Espagne, jusqu’à Paris. Là, le cannabis était vendu. L’enquête a permis d’établir que ce manège ne touchait pas la seule banlieue de Nanterre, mais une grande partie du marché du deal de cannabis parisien, rapporte Le Matin.ch. Mardoché aurait alors eu pour rôle de collecter tous les fonds retirés de la vente. Il aurait donné une partie de cet argent à de riches Français disposant de comptes illégaux en Suisse mais qui avaient besoin de liquidités.
Meyer : La compensation financière
En échange, Meyer Elmaleh, l’aîné des frères, aurait débité de leurs comptes suisses la somme équivalente à celle offerte en liquide par Mardoché. Ainsi, le transport d’argent en liquide de la Suisse vers la France n’était pas nécessaire, il ne quittait pas l’hexagone et la fraude fiscale des riches Français restait invisible. Simultanément, l’argent de la drogue ressortait blanchi par ce système de compensation. Meyer Elmaleh est un gestionnaire de fortune indépendant. Il était responsable, depuis 2010, de la société de gestion de fortune, GPF, dans le quartier de Rive, au centre de Genève. Cet établissement, créé par son beau-père il y a 35 ans, est réputé pour son sérieux sur la place financière.
Nessim : HSBC
GPF possède un compte chez la banque britannique HSBC de Genève, or le frère cadet Nessim Elmaleh, était employé pour cette banque. Il aurait utilisé sa position privilégiée dans l’établissement pour ouvrir des comptes et transférer les sommes d’argent retirés des comptes des évadés fiscaux. A partir de là, l’argent était réinvestit dans différentes affaires de la famille. Un quatrième membre de la famille possède un poste à la direction générale de la banque. Il n’aurait toutefois pas été inquiété par la justice.
La spécificité de ce trafic de drogue réside dans son ampleur, dans la complexité du système financier qui blanchissait l’argent, mais aussi dans la faible connexion entre les deux. Meyer Elmaleh devrait jouer de cette faiblesse. Alors que lors de la perquisition de son domicile, la police genevoise a découvert 1,1 million d’euros en liquide et 160 montres de luxe, Me Stickel-Cicurel, son avocat fait savoir que son client « admet avoir fait ces opérations de compensation mais conteste avoir travaillé avec de l’argent issu d’un trafic de drogue. D’ailleurs à ma connaissance du dossier, je ne comprends pas ce qu’on lui reproche au-delà du problème fiscal », rapporte le Tribune de Genève. Pour la défense, cette affaire concerne l’exil fiscal de riches français et non de trafic de drogue.
http://www.yabiladi.com/articles/details/13427/trafic-drogue-maroc-suisse-role-trois.html