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Prémices de campagne israélienne

par Johann Habib

 

Bibi sort l'artillerie lourde

Voilà un an que cette option était sur la table, elle parasitait le débat politique national voire international et préoccupait les leaders occidentaux. La menace était brandie par le chef du gouvernement à chaque soubresaut. C'est désormais officiel: Binyamin Netanyahou a dégainé l'artillerie lourde des élections générales anticipées le 22 janvier prochain pour désigner les cent vingt membres de la dix-neuvième Knesset, le parlement monocaméral israélien.

Ressorts d'élections

Le premier ministre est en quête de nouvelle légitimité pour affronter les grands défis actuels. Il semble que le conflit potentiel contre l'axe formé par l'Iran, le Hamas et le Hezbollah, fasse l'objet d'un plus grand consensus national que la politique budgétaire en matière de prestations sociales et de répartition de la charge fiscale. Ce sont d'ailleurs ces derniers points qui ont provoqué une scission de la coalition et les élections anticipées pour éviter le conflit ouvert avec les partis religieux.

Mobilisation générale

Dans toutes les formations politiques, c'est le branle-bas de combat. Les leaders mobilisent leurs lieutenants et galvanisent les militants, car chaque voix compte. En effet, le mode de scrutin israélien est la proportionnelle intégrale à un seul tour, sur liste nationale. Il suffit donc à un parti d'obtenir environ cinquante mille votes pour avoir un député.

La triple alliance

Une bataille de chef se joue au parti orthodoxe sépharade Shas (crédité selon les sondages de dix députés) entre l'actuel ministre de l'intérieur Eli Ishay et l'ancien secrétaire général Arieh Dehri, revenu en politique après une cure d'inéligibilité due à une condamnation pénale. Elle se dénouera cette semaine par la voix du conseil des sages de la Torah réuni par le Grand Rabin Ovadia Yossef. Jeudi 11, au commentateur radio de Reshet Beth qui lui demandait s'il ne trouvait pas hallucinant que ce type de conflit se règle de cette manière, un député de Shas répondait un peu gêné qu'il s'agissait des statuts de son parti acceptés par les adhérents et les dirigeants. Un jugement de Salomon devrait être prononcé: à l'ancien, la tête du parti à l'autre, le maroquin.

Au Likoud de Netanyahou, qui obtiendrait vingt-neuf sièges, aucune opposition sérieuse n'existe face au chef du parti. Moshe Feiglin ayant obtenu 23% des voix lors des primaires en Janvier dernier, le leadership du Premier Ministre est incontestable.

Le parti Israël Betenou qui perdrait deux députés passant à treize parlementaires, est étrangement silencieux. Le journal en ligne Maariv nous apprend que son chef de file, Yvet Liberman est parti en vacances pendant deux semaines, pour une destination inconnue. Le Ministre des Affaires Etrangères choisit ses congés à de bien curieuses périodes. En 2009, après les élections, il était déjà parti secrètement à Minsk en pleine négociation sur la coalition gouvernementale.

Renouveau à gauche

Shelly Yahimovitch va tenter de prouver qu'elle parvient à redresser le parti travailliste, en reconquérant quatre sièges au minimum, celui-ci ayant atteint son plus bas niveau historique de treize représentants aux dernières élections. Son image est plutôt bonne dans l'opinion israélienne puisqu'elle est perçue comme candidate la plus à même de défendre la justice sociale dans une étude réalisée cette fin de semaine.

Embouteillages au centre

Officiellement deux formations se partagent le centre à l'heure actuelle. Après des querelles intestines et de nombreux errements entre opposition et majorité, Kadima de Shaoul Mofaz s'est complètement décrédibilisé. Le parti de l'ancien chef d'Etat-major des armées perdrait plus de vingt parlementaires en ne conservant que six députés.

Voilà qui profite à Yaïr Lapid dont le parti Yesh Atid (il y a un avenir) est crédité pour ses premières élections de dix-sept mandats. Il reste une inconnue dans ce centre décidemment embouteillé: les rumeurs de plus en plus insistantes d'une alliance entre Tsipi Livni et Ehoud Olmert pour la création d'un nouveau parti ad hoc. Leur alliance virtuelle serait créditée de dix députés. L'ancien Premier Ministre, innocenté dans l'essentiel des affaires pour lesquelles il était mis en cause, apparaitrait aux yeux de certains comme le seul recours face à King Bibi comme le surnommait en mai dernier Time Magazine.

Toutefois, sur le fond, tout ce petit monde s'accorde à dire que la politique économique actuelle du gouvernement répartit de manière injuste les recettes et les dépenses aux dépends des classes moyennes. Que les sépare-t-il alors, outre des questions de personnalité? Décidemment, les politiciens du centre en France n'ont pas l'apanage de l'ego surdimensionné.

Dans une période de restriction budgétaire, certaines voix s'élèvent en s'interrogeant sur l'opportunité d'élections anticipées au regard de leur coût: cent millions d'euros. Le prix de la démocratie pour les uns, d'une tactique politicienne pour les autres. Affaire à suivre.

 

 

 

Suivre Johann Habib sur Twitter: www.twitter.com/@taxlawisrael

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