L’infidélité censurée ?
En France, le business des sites de rencontres extraconjugales semble décidément florissant.
A preuve, la concurrence acharnée à laquelle se livrent les acteurs de ce marché déjà bien occupé, pour ne pas dire encombré.
Pour sortir du lot le site Ashley Madison, nouvellement débarqué, multiplie en ce moment les coups publicitaires.
Fondé en 2001 au Canada par Noel Biderman, un homme d’affaires réputé pour son mordant, le site s’est fait connaître outre-Atlantique par ses campagnes pour le moins offensives.
Son slogan : « Life is short. Have an affair ». (La vie est courte. Tentez l’aventure - sous entendu : en dehors du mariage !).
Une invitation que Noel Biderman aime à placarder un peu partout. En particulier dans les endroits les plus exposés.
Cette technique, qui prend souvent le nom de « guerilla marketing », a plusieurs fois fait polémique aux Etats-Unis.
En 2009, Biderman avait ainsi installé des encarts promotionnels durant le Super Bowl. NBC les avait occultés à l’écran. En 2010, le site avait tenté de racheter (en vain) le nom de l’aéroport de Phoenix en Arizona pour le renommer pendant cinq ans Ashley Madison Airport. Biderman avait effectué la même démarche auprès des autorités du New Jersey dans l’espoir de pouvoir rebaptiser le stade de Meadowlands en AshleyMadison.com Stadium. Egalement sans succès.
Pas facile de promouvoir les rencontres adultères dans la très croyante Amérique…
Mais sur le Vieux Continent, où le site compte plusieurs millions de fidèles (ou plutôt d’infidèles) Ashley Madison rencontre également de nombreux obstacles. En octobre 2011, l’évêque de Rome s’est ainsi opposé au sponsoring par l’entreprise canadienne d’une équipe de basket de la ville. En France, l’arrivée de ce nouveau soutien de l’aventure extraconjugale n’est pas non plus sans susciter des remous.
Lundi 22 octobre, des bâches Ashley Madison de 3 mètres sur 6 présentant à Bastille et Alma-Manceau les portraits de quatre présidents de la République couverts de lèvres rouges et portant la mention « Quel est leur point commun ? » avaient déjà provoqué de nombreuses protestations. Aujourd’hui, c’est le spot publicitaire du site qui se voit interdit par l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). Le motif ? En présentant un couple formé d’un homme et d’une femme déjà mariés la réclame, pourtant très soft, serait « de nature à choquer les convictions religieuses et philosophiques des téléspectateurs ».
Au Brésil, en Argentine, en Allemagne, en Italie, le même spot n’a pourtant souffert d’aucune censure…
La France, où une publicité pour Gleeden.com (autre site axé sur les rencontres adultères) avait également été mise à l’index pour des raisons « éthiques » l’année dernière, serait-elle en train de subir un retour insidieux de l’ordre moral ?
Armande Béjart