Le Monde accuse Israël et Israéliens de n'être pas régis par les normes morales universelles
Le journal "Le Monde" a choisi de consacrer quasiment une page entière de son numéro daté du 4 novembre 2012 à un texte d'une sociologue de l'Université hébraïque de Jérusalem, Eva Illouz, intitulé "Justice ou tribalisme" (1). La sociologue imagine un scénario qui transpose l'affaire Dreyfus en Israël, la victime devenant un Arabe faussement accusé d'espionnage. Elle conclut qu'en Israël " la défense d'un innocent appartenant à une minorité et accusé à tort serait impensable."
La supputation est singulière: comment anticiper le comportement d'une société face à une situation qui n'est pas advenue ? Qui pouvait décrire avant qu'elles ne se produisent en France, aussi bien la phase faussaire et raciste de l'affaire Dreyfus que celle du rétablissement de la vérité et de la justice ?
Mme Illouz apporte à cela des réponses catégoriques:
il n'y a pas de citoyenneté arabe en Israël "Les juifs français étaient protégés par une forme de citoyenneté universaliste.... L'appartenance des Arabes israéliens à la société israélienne ressemble plus au statut des enclaves ethniques de l'Empire ottoman..."
de haut en bas la société israélienne et chacun de ses membres, politicien ou citoyen, est totalement imperméable à l'impératif moral. "les politiciens israéliens ne sont pas régis par des normes morales qui pourraient les amener à agir contre leur intérêt personnel... il est rare que les citoyens israéliens eux-mêmes agissent sous l'emprise de leur conviction et de leur indignation morales." Et cela faute de " l'intériorisation de normes universelles de justice..."
quant à la Justice israélienne, elle "se caractérise par son absence de contenu universaliste... c'est ce qui est bon pour la tribu... l'idée qu'il faut défendre la cause de la vérité et de la justice ... passe pour une incroyable preuve de naïveté."
Il est rare que l'on décrète, contre un peuple entier, l'absence intégrale et exhaustive de toute norme morale, et de toute institution régie par un minimum d'universalisme. Mme Illouz nous dit en fait qu'Israël et sa population, dans toutes leurs strates, ne relèvent pas du genre humain. On a vu naguère ce genre de thèse raciste sous la plume de Hitler et des siens; on le retrouve aujourd'hui dans le discours de l'islam jihadiste le plus extrême qui bestialise les Juifs ramenés à "des singes et des porcs" ou les assimile à un "cancer".
On retrouve ici les caractéristiques universelles de l'idéologie raciste: la circularité paranoïaque, l'auto-alimentation des fantasmes et l'affranchissement intégral du réel. Il est parfaitement inutile de tenter de ramener Mme Illouz à la réalité. D'évoquer le rassemblement spontané en 1982 de 400.000 israéliens (8% de la population) à Tel Aviv, indignés par les massacres de Sabra et Chatila faussement imputés à Ariel Sharon. Une absence collective de toute fibre morale surement. La non-citoyenneté du juge arabe à la Cour suprême qui envoie en prison (où il séjourne toujours) un ancien président de la République. La Justice de tribu, celle de la Cour suprême d'Aharon Barak qui condamne le gouvernent dans des affaires d'accusés non pas innocents mais indiscutablement coupables. Ou celle de l'armée israélienne, dont les procédures ont été retenues pour bâtir les codes éthiques militaires des principaux pays occidentaux.
Il faut savoir que Mme Illouz exerce à l'Université hébraïque de Jérusalem où certains départements ont été colonisés par une extrême gauche marxiste post-moderniste qui les a réduits à des espèces de camps d'endoctrinement nord-coréens. En 2008 par exemple, le prix de l'Université était décerné par un groupe de professeurs, conduits par Zali Gourevitch, à une étudiante de second cycle seulement, Tal Nitzan. (2)
Pourquoi cette faveur? C'est que pour l'étudiante, "dans le conflit israélo-palestinien, on peut voir que l’absence de viol militaire renforce les frontières ethniques et met en lumière les différences inter-ethniques, exactement comme le ferait un viol militaire organisé." Comprenons: les soldats israéliens sont coupables de racisme pour NE PAS violer les femmes des Palestiniens, ce racisme supprimant le désir sexuel du mâle juif pour ces femmes. Tout comme ils seraient racistes s'ils violaient les Palestiniennes. Voila devant quel genre de délire l'Université hébraïque peut s'incliner.
Cette enclave universitaire vouée à l'activité militante est aussi un lieu géométrique de l'ignorance et du préjugé, un cloaque de la pensée. Les Juifs d'Israël rassemblent plus de cent nationalités qui coexistent grâce à un très grand libéralisme. Si la détection des impostures s'en trouve compliquée, la liberté d'opinion et l'effervescence des idées, aux antipodes du "politiquement correct" français, sont des matrices appréciables de créativité. Le cloaque peut perdurer.
C'est là que Le Monde est allé chercher le misérable écrit de Eva Illouz. Le problème c'est qu'en sortant du contexte israélien, ce texte change totalement de dimension. Ce n'est plus une affaire de citoyenne qui gère son psychisme en imputant à sa famille les maux les plus haïssables de l'univers, c'est une nation que Le Monde met en accusation, face aux autres nations, d'enfreindre seule tous les canons de la morale humaine.
La rédaction du Monde choisit soigneusement de faire dire à une voix israélienne, dans le champ ouvert au monde entier du débat d'idées, combien le peuple juif est étranger à la morale universelle, donnant raison à Ahmadinejad qui réclame l'élimination de ce "cancer" de la surface de la planète. Israël n'a pas les qualités morales suffisantes pour renverser la fausse accusation d'un innocent comme le fit la France avec Dreyfus, dit Le Monde à travers Illouz. Admettons que ce soit vrai. Mais serait-ce le cas d'Israël seulement dans l'univers des nations et des États contemporains? Et pourquoi Israël seul est-il aussi gravement accusé, s'il n'y a pas de la part du Monde une violente intention antisémite en œuvre ?
Cette prise de position extrémiste du quotidien du soir, dûment calculée, renvoie à un double problème:
- Le Monde est un journal qui ne survit que grâce à un financement public de plus de 6 millions d'€ annuels. Peut-on continuer de financer en France avec de l'argent public une intoxication massive de l'opinion, par le détour d'une dialectique sophistiquée mais en fait transparente ?
- Le Monde est un chantre de la morale auto instituée, un modèle de vertu auto proclamée. Mais quel est le statut moral véritable d'actionnaires et d'une rédaction qui osent, avec cette publication, accuser les Juifs d'Israël dans leur intégralité, plusieurs décennies après la montée du nazisme et la Shoah, d'être imperméables à tout sentiment de justice, de morale ou d'universalité ? Par cet acte délibéré, l'écho maximal donné au libelle insane d'une personnalité délirante, le Monde témoigne d'un pourrissement moral intérieur qui compromet depuis longtemps l'intégrité de pensée des élites nationales. C'est un problème réellement sérieux pour la nation France.
par Jean-Pierre Bensimon
1 - http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/11/04/justice-ou-tribalisme_1785285_3232.html?xtmc=eva_illouz&xtcr=1
2 - Voir Steven Plaut Israel’s Evil “No Rape” Strategy 24 déc. 2008http://wordsandwar.com/2007/12/24/israels-racist-no-rape-strategy/ ou Complete Story of “No Rape = Racism” Essay http://www.wordsandwar.com/2008/01/03/complete-story-of-no-rape-racism-essay/