Andrew, jeune juif americain, poignardé à Alexandrie
Un étudiant juif poignardé à mort, lors de manifestations égyptiennes.
Andrew Pochter, âgé de 21 ans, membre d’une ONG d’aide à l’éducation, dévoué au développement de la région, a été tué à Alexandrie, alors qu’il assistait aux affrontements entre pro- et anti-Morsi.
L’absurdité de ces "Printemps Arabes" à répétition nous explose à la figure, dans ce portrait d’un jeune occidental : Juif-Américain altruiste, animé par un idéal de coopération pour le mieux-être de la génération d’après la "révolution". Il est victime d’une haine atavique qui ronge, de l’intérieur, le cœur du monde arabe. Ces manifestations sont censées dénoncer les abus de pouvoir des Islamistes et recentrer les conséquences de l’éviction de Moubarak, en faveur de groupes qui se prétendent "laïcs", a priori plus conciliants envers l’Occident en général et l’Amérique, en particulier... Preuve en est que la barbarie s’installe, sans perspective pour un ralentissement de la course vers le chaos.
On a eu la confirmation, samedi, qu’un étudiant juif-américain, Andrew Driscoll Pochter, 21 ans, né à Chevy Chase, dans le Maryland, a été tué à Alexandrie, en Egypte, vendredi, alors qu’il observait les affrontements entre partisans et opposants du Président islamiste Morsi dans le pays.
Pochter, l’une des trois victimes tuées dans les heurts de vendredi, a été poignardé à mort par un manifestant, selon le témoignage de sa famille.
D’abord décrit comme employé d’un centre culturel américain d’Alexandrie, Pochter a rapidement été identifié par ses parents et son Université, le Collège Kenyon de l’Ohio, comme membre d’AMIDEAST, une organisation à but non-lucratif, qui se consacre à promouvoir l’éducation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
“Notre fils et frère bien-aimé, âgé de 21 ans, Andrew Driscoll Pochter, est parti à Alexandrie pour l’été, afin d’enseigner l’anglais aux enfants égyptiens de 7-8 ans et pour perfectionner sa maîtrise de l’arabe. Il prévoyait de retourner au Collège Kenyon pour poursuivre son année d’étude et de passer son prochain printemps en Jordanie », ont déclaré ses parents à CNN.
Selon ce que nous avons appris, il assistait aux manifestations, en passant dans ce secteur, quand un manifestant l’a poignardé. Il s’est rendu en Egypte parce qu’il se préoccupait profondément de l’avenir du Moyen-Orient et projetait d’y vivre et d’y travailler, dans la poursuite de la paix et de la compréhension mutuelle. Andrew était un jeune homme merveilleux, en quête de nouvelles expériences dans le monde et qui cherchait des façons novatrices de partager ses talents, chaque fois qu’il apprenait quelque chose de nouveau. Andrew était soucieux de sa famille et de ses amis. Nous n’apporterons pas de commentaires supplémentaires à cette affaire, et demandons, à présent, le respect de notre vie privée, dans ces temps difficiles pour toute la famille ».
Marcela Colmenares, une universitaire vénézuélienne au Collège Kenyon, qui était une amie proche de Pochter, lui a rendu hommage sur son blog samedi, écrivant qu’il était l’incarnation-même de « la différence entre un beau parleur et celui qui fait exactement ce qu’il dit ».
Colmenares évoque sa première rencontre avec Pochter, à la bibliothèque de l’université, quand ils se sont lancés dans une discussion politique passionnée et se sont découverts un intérêt mutuel pour le Moyen-Orient ».
“La dernière fois que nous avons parlé ensemble, il était déjà en Egypte et nous avions décidé d’aller manger un falafel, dès qu’il rentrerait dans le Maryland. Après une longue discussion, il avait l’intention de me prouver que- contrairement à mes prédictions- les falafels d’Adams Morgan étaient meilleurs que ceux de Berlin », écrit Colmenares.
“Mais il ne reviendra jamais, parce qu’il s’est fait assassiner dans une manifestation à Alexandrie, où – aux dernières nouvelles – il enseignait l’anglais, tout au long de l’été. En fait, Andrew faisait bien plus qu’enseigner l’anglais, il s’imprégnait de chaque pan de la culture égyptienne, il apprenait tout ce qu’il pouvait savoir sur le Moyen-Orient, et il faisait ce que la plupart évite de faire : suivre ses passions jusqu’au bout », écrit-elle.
En 2011, Pochter a rédigé un article pour Al Arabiya, sur les conséquences du Printemps Arabe pour la société marocaine. C’était un membre actif d’un groupe d’étudiants du Kenyon, passionnés de Moyen-Orient, engagé dans le militantisme sur le campus, sur des thèmes concernant le Moyen-Orient. Il prenait part à un forum, que Colmenares avait créé, à l’intention des étudiants désireux de s’exprimer sur le conflit palestino-israélien et de collaborer à l’organisation d’évènements.
Pochter était aussi très actif au sein d’une organisation juive sur le campus, du nom d’Hillel.
“Je ne connais pas les détails relatifs à sa mort et je n’ai pas du tout envie de les connaître », déclare par écrit Colmenares.
“Mais je sais pertinemment qu’elle a été provoquée par une accumulation de haine fanatique, une haine dont on n’identifie pas les commanditaires et qui ne trouvera jamais d’explication qui tienne – parce qu’elle est purement irrationnelle. Cette haine a réussi à tuer un Américain qui se préoccupait sincèrement des problèmes du Moyen-Orient, et dont le travail aurait pu avoir un impact extrêmement positif sur la région. La violence s’accroît sans cesse en Egypte, particulièrement, contre les Américains », s’est-elle confiée, atterrée.
Vendredi dernier, le chef de la Sécurité à Alexandrie, le Général Amin Ezz Eddin, a affirmé, face aux caméras d’Al Jazeera TV, qu’un Américain, plus tard identifié comme étant Pochter, avait été tué sur le Square Sidi Gabr, alors qu’il photographiait les échauffourées. Le Département d’Etat américain a confirmé sa mort, un peu plus tard, dans un communiqué émis par Patrick Ventrell, le directeur du bureau de presse. “Nous apportons toute l’assistance consulaire appropriée, grâce à notre Ambassade au Caire et au Bureau des Affaires Consulaires au Département d’Etat », a-t-il ajouté.
Un responsable médical égyptien, dans un précédent rapport non-confirmé, affirmait que Pochter était décédé à l’hôpital, de ses blessures, provoquées par des tirs d’arme à feu. Ce responsable s’exprimait sous couvert de l’anonymat, parce qu’il n’était pas autorisé à s’adresser à la presse.
A la suite des affrontements mortels de vendredi, le Département d’Etat américain a diffusé une alerte sur les séjours à hauts risques, demandant à ses citoyens d’éviter l’Egypte.
“Le Département d’Etat met en garde les citoyens américains, voyageant ou vivant en Egypte, en leur demandant de reporter les déplacements non-essentiels en Egypte, en ce moment, du fait du risque permanent de troubles sociaux et politiques. Le 28 juin 2013, le Département d’Etat a autorisé le départ d’un nombre limité d’employés qui n’ont pas de mission d’urgence sur place et de certains membres de familles présentes. Nous exhortons les citoyens américains à rester en alerte constante, concernant les évolutions locales en matière de sécurité et d’être très vigilants au sujet de leur sécurité personnelle », peut-on lire sur ce communiqué d’alerte.
Adaptation : Marc Brzustowski.