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Israël/Palestine, «pas de paix sans compromis douloureux»

 

Les négociations de paix directes entre Israéliens et Palestiniens, gelées depuis trois ans, vont reprendre à Washington dès lundi soir, alors que le gouvernement israélien a approuvé dimanche la libération de prisonniers palestiniens en signe de bonne volonté. 

Pourquoi le processus de paix est-il relancé maintenant et sur quelles bases ?

« Depuis le processus d’Oslo en 1993, les États-Unis et les Européens n’ont de cesse de tenter de relancer la machine des négociations, qui sont bloquées. En 2009, Obama a demandé aux Israéliens d’arrêter les colonisations. Les Palestiniens ont depuis repris cette demande pour discuter de ce qui devrait être leur État. On assiste ici à un nouveau round d’Obama qui veut redorer son blason au Proche-Orient. Officiellement, les Palestiniens n’ont pas obtenu le gel de la colonisation, mais Netanyahou, le Premier ministre israélien, aurait fait des promesses pour autant qu’elles ne soient pas divulguées. Et puis, il a accepté une demande de longue date de libérer des prisonniers enfermés avant les discussions de 1993. Cette décision a été acceptée en Conseil des Ministres en même temps que le fait que désormais, tout accord de paix est lié à un référendum. Il n’y a jamais eu de référendum en Israël, cette mesure vise à faire accepter la libération des prisonniers qui ne déclenche pas l’enthousiasme du côté israélien. C’est un gage à la droite et l’extrême droite, qui est politiquement bien joué de la part de Netanyahou mais qui déroge à tous les principes de la vie politique israélienne. »

La paix est-elle possible alors que la vie politique palestinienne elle-même est divisée ?

« Depuis 2007, les Territoires palestiniens sont divisés en deux, hostiles l’un à l’autre. L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas (du Fatah, dans la lignée d’Arafat) a le pouvoir en Cisjordanie. Mais depuis les élections de 2006, le Hamas contrôle Gaza, petit territoire avec tout de même 1,5 million d’habitants. Le Hamas récuse les négociations, et à quoi riment-elles si une partie des Palestiniens n’y est pas associée ? En réalité, un accord de paix serait aussi présenté par référendum aux Palestiniens pour ratification, et le Hamas ne pourrait pas vraiment s’y opposer. La population de Gaza le ratifierait si elle le considère comme valable et honnête. Et même les plus radicaux du parti islamiste ont indiqué qu’une trêve de longue durée serait envisageable. C’est une confrontation très amère et très dure entre deux nationalismes qui s’opposent sur la possession d’une même terre. Il y aura toujours des radicaux palestiniens qui diront qu’Israël n’est pas légitime, et il y aura toujours des Israéliens qui diront que la Palestine n’a aucune existence. L’extrémisme n’est réservé à aucune partie. Mais il est une évidence pour les observateurs que s’il n’y avait pas le phénomène de la colonisation, une partie du chemin serait faite. »

Ce processus de paix a-t-il une chance d’aboutir malgré tous les problèmes ?

« C’est effectivement un gros chantier à traiter. Il y a la question des frontières : est-ce que toutes les colonies vont rester alors que ce sont parfois de véritables villes de quelques dizaines de milliers d’habitants ? Ensuite, que fait-on pour l’eau ? Israël utilise 4/5 voire 9/10 des ressources en eau pour ses propres besoins alors que c’est une ressource rare dans la région. Que fait-on pour les réfugiés palestiniens ? Ils sont 5 à 6 millions dans le monde arabe. Les Israéliens ne veulent faire aucune concession sur un droit au retour, alors que c’est un des fondements de la cause palestinienne, et il faudrait qu’ils obtiennent quelque chose là dessus. Et que se passera-t-il pour Jérusalem ? Faut-il la partager en deux, avoir deux capitales ? Ce processus a une petite chance d’aboutir, mais il faut que les deux parties réussissent à faire des compromis douloureux sans quoi on n’y arrivera pas. On fait des pronostics très pessimistes car il n’y a pas de raison que ce qui échoue depuis toujours évolue positivement. Mais c’est une terre de miracles, on peut toujours espérer. »

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