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« La corruption est la justice du Maroc », témoignage d’un prisonnier espagnol récemment libéré

 

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Antonio Lopez, camionneur espagnol de 56 ans, a retrouvé sa liberté le 28 mai dernier après avoir passé sept long mois en prison à Tanger. Il raconte le calvaire qu’il a vécu au Maroc et livre sa réalité de la corruption au sein des tribunaux et de la police marocaine. 

« La justice au Maroc n'existe pas, c’est la corruption qui existe », affirme Antonio Lopez au journal El Faro. C’est une quinquagénaire meurtri qui raconte son « calvaire » dans la prison de Tanger. Arrêté pour trafic de drogue fin 2012, Antonio Lopez, avait longtemps clamé son innocence avant que son accusateur ne reconnaisse devant le juge qu’il n’est qu’une innocente victime.

Voici son histoire. Après la fin de son service militaire, Antonio Lopez, 56 ans, est devenu camionneur. Il y a quelques mois, l’entreprise pour laquelle il travaillait l’a chargé de transporter des machines pour un constructeur marocain à Tanger. Une mission qui lui avait semblé douteuse, dit-il, estimant que rien n’était clair. Il l’a signifié à son patron, car il avait l’expérience dans ce domaine, pour avoir travaillé avec des sociétés qui le faisait voyager en Europe.

Son patron insistera cependant pour qu’il fasse le déplacement, lui disant qu’il devait également y rencontrerait quelqu'un dans le but d'étendre le marché de l’entreprise. M. Lopez accepte. A son arrivée au port de Tanger, il présente son passeport pour les formalités, mais à sa grande surprise, il ne reçoit pas le tampon d’entrée. Directement, l’homme est conduit au commissariat, sans aucune explication. « Jamais de ma vie, je n'ai jamais été dans une prison ou dans un tribunal, souligne le quinquagénaire. Finalement ils m'ont pris une déclaration et m'ont dit que j’étais accusé d'être le chef d'une bande internationale de trafic de drogue. J'ai nié ». 

100 000 euros pour une libération en douce

Sur ce, les policiers lui ont proposé de leurs verser 100 000 euros pour retrouver sa liberté. « Je n'avais pas d'argent, et même si je l’avais, je ne leur aurais rien donné, car ça aurait été une participation à toute cette corruption », affirme-t-il outré. Immédiatement, il a contacté le consulat espagnol dont il n'a pu obtenir aucune aide.

M. Lopez a donc préféré rester en prison, attendant que justice soit faite. Le procès a eu lieu le 28 mai dernier et son collègue qui l’avait accusé a reconnu qu’il était totalement innocent dans cette affaire de drogue. C’est ainsi qu’il a retrouvé sa liberté.

Pour lui aujourd’hui, la corruption a remplacé la justice dans le royaume chérifien. « C'est une dictature pure et dure et je n'ai pas peur de dire que beaucoup me menacent parce que je réclame une indemnisation pour ce que j’ai vécu ainsi que les conséquences qui en découlent », se défend-t-il, estimant que sa réputation a été bafouée. De simple camionneur qu’il était, il a été taxé de chef d’une bande internationale de trafic de drogue pendant sept mois, soulignant également que sa santé en a pris un coup, en raison des conditions de sa détention.

Lutter pour la justice

« Il faut lutter pour la justice et je répète que je n'ai pas peur, bien que j’ai à nouveau été menacé depuis le Maroc, car ils veulent que je me taise », affirme-t-il. Il  ajouter même que « les personnes souffrant des conséquences de ce système injuste et corrompu sont beaucoup trop nombreuses et cela doit cesser ».

La question de la corruption au sein de la police et la justice est une réalité. D’ailleurs ces deux secteurs sont les plus corrompus d’après le dernier sondage de Transparency International. Le gouvernement Benkirane avait fait de la lutte anti-corruption l’un de ses chevaux de bataille. A ce titre, le ministre de la Justice, Mustapha Ramid a récemment sanctionnés plusieurs juges, dont quatre révoqués, pour cause, entre autres, de corruption. Mais la réforme du code pénal est encore jugée insuffisante.

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