Le long des rives, par William Lip (*)
Dans ce beau roman, c'est toute l'épopée de l'aventure sioniste qui nous est racontée à travers l'histoire de deux héros, Élie, le sépharade et Reizy, l'ashkénaze et de leurs familles.
Nous sommes en 1901, à Marrakech, dans le quartier juif de la ville, quand débute cette saga. L'auteur nous décrit la vie des Juifs marocains sous la férule de la dhimma qui, en terre d'islam, en fait des citoyens de seconde zone. La relation, souvent tendue, avec la communauté musulmane, est bien analysée. Deux ans après, nous voilà à Anvers où vivent les Szmulewicz, natifs de Radom, petite ville de Pologne alors sous occupation russe : Fima, Rivka et leurs enfants, Moshé et Reizel. Là aussi, la vie de ces immigrés qui parlent yiddish et respectent la tradition juive ancestrale, dans un environnement pas toujours très accueillant, est finement décrite. Les années passent. Moshé devenu Maurice a entamé des études de médecine et Reizel, à présent Reizy, se lance dans la musique avec l'intention de devenir concertiste.
De Marrakech, Élie Sitbon va rejoindre la France et, plus tard, en 1917, Londres où il va rencontrer le fameux Vladimir Jabotinsky, créateur des « Muletiers de Sion » et de la « Légion Juive ». L'idée sioniste prend corps et le futur État juif est en gestation.
L'amour est bientôt au rendez-vous, permettant aux destinées de deux familles venues d'horizons bien différents de se croiser. La vie des héros est intimement mêlée à celle d'Eretz Israël : Tel Haï, Haïfa, Ein Harod...et le conflit israélo-arabe qui se dessine avec ses haines et ses malheurs.
Un très beau roman. Une belle écriture. Un récit superbe qu'il faut absolument découvrir.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Édilivre. Novembre 2012. 412 pages. 27 euros.