Ces Français qui ont acheté à Netanya – et qui ne sont pas autorisés à y habiter…David Z.
Au départ cela sonnait bien : un appartement de vacances, avec une option résidentielle partielle, ce qui aurait pu apporter un beau retour sur investissement â– Trois ans après la réception des clés, l’argent ne vient toujours pas, et les gardes de sécurité interdisent même l’entrée à certains propriétaires â– La société de gestion déclare : « les gains sont attendus pour 2014″
Hôtel Island, la nouvelle tour blanche sur le littoral de Netanya, créée par la société Marzan, détenue par les Briga et Zanzuri, les symboles de réussite du vieux Netanya. Zanzuri est président vétéran de l’organisation des entrepreneurs de la ville.
Au delà des 30 étages de l’hôtel Island, Briga a lancé des projets magnifiques sur le littoral de Netanya : Projet « Yam », deux tours résidentielles de luxe sur les collines de sables de Yir Yamim; La « Tour de David », le projet de remplacement de l’hôtel « Maxim » dans la vieille ville – et ce n’est qu’une liste partielle.
L’inauguration de l’hôtel Island date de l’été 2010, en compagnie de l’ancien ministre du Tourisme Stas Misezhnikov, les membres de la Knesset, du conseil municipal et des leaders communautaires, et bien sûr du maire Miriam Feirberg Ikar.
La construction n’a pas été des plus faciles, du moins pas sur le papier. Les groupes de défense de l’environnement se sont plaints que le bâtiment, situé à moins de 300 mètres de la mer, mette en danger la falaise naturelle, mais la demande d’annulation du projet a été rejetée. Les Verts ont continué les procédures judiciaires, sans succès.
Suite à l’affaire de la Marina d’Herzliya , un jugement de la Cour suprême de 2006, a fait jurisprudence et les « logements de vacances » comprendront des terrains et des installations à l’intention des vacanciers. Ces derniers, d’ailleurs, ne seront autorisés à vivre dans leur propriétéau maximum 90 jours par an.
Malgré cette limitation, au final cela avait l’air d’être une très bonne affaire : les propriétaires achètent une résidence de vacances, peuvent y habiter trois mois par an, et le reste du temps ils encaisseront 75 % des bénéfices sur les activités de l’hôtel (25 % devait être encaissés par la société de gestion). Pour les Juifs français qui sont entrés dans le projet, c’était parfait – sionistes ardents, ils étaient heureux de détenir l’appartement où ils pourraient rester pendant leurs vacances. Ce ne sont pas des gens richissimes, pour la plupart de simples retraités, et la possibilité d’avoir un retour sur investissement avait l’air particulièrement attrayante.
La semaine dernière, trois ans après la signature du contrat, Maurice Amram, président du syndicat des propriétaires, s’est retrouvé rejeté à l’extérieur de l’immeuble par les robustes gardes de sécurité, l’empêchant d’accéder à son appartement de vacances. La serrure de son appartement a été remplacée, affirmant qu’il avait épuisé son quota de 90 jours, et qu’il doit 16,000 NIS à la société de gestion. En passant, l’argent de la location, il n’en a pas encore vu un seul centime à ce jour, comme tout les autres propriétaires.
Comment est-ce arrivé ? Amram et son comité affirme qu’il existe des dysfonctionnements depuis le départ lors de la conception de l’hôtel et ensuite avec le contrat passé avec la société de gestion, Okeanos Island.
Jacky Briga reconnaît lui même ces problèmes : « D’accord, on a commis quelques erreurs et peut-être que la société de gestion n’est pas la meilleure. Mais secouer tout ça comme ça ? Ce n’est pas dommage ? On a arrangé une rencontre cette semaine avec les avocats et les architectes. Pour les propriétaires qui ne sont pas satisfaits de la société de gestion, il existe unmoyen légal de résilier le contrat.
Pendant ce temps là, la tour blanche est devenue une place fortifiée, où les gardes de sécurité armés protègent l’entrée 24 heures sur 24, avec des rondes fréquentes de voitures de police.
Le groupe d’acheteurs français ne correspond pas au stéréotype des millionnaires propriétaires de tours luxueuses. Le vice-président, par exemple, Claude Benaïm est retraité, ancien dirigeant pendant de nombreuses années d’un humble supermarché à Paris et qui a contracté un crédit immobilier sur la base de ses indemnités de retraite pour acheter un appartement à l’hôtel Island. Comme Charlie Ben Haim de Marseille, retraité divorcé qui a travaillé dans les machines de réfrigération, père de deux filles, une pharmacienne qui vit au Canada et l’autre médecin qui vit à Cannes. « J’ai acquis deux appartements à l’hôtel Island pour des raisons sionistes», dit-il, « mais aussi comme un investissement pour les vacances de famille. »
Charlie Ben Shitrit a une histoire plus complexe : Il est né au Maroc et a immigré en Israël en 1960. Dans les années 70, après le service militaire et son adhésion aux Black Panthers, il a émigré avec sa femme et ses enfants à Paris, où il a travaillé comme mécanicien, puis ouvert un garage indépendant, que ses fils gèrent aujourd’hui.
De la deuxième génération d’immigrants juifs d’Afrique du Nord, ces français ont acheté un appartement au bord de mer pour 250 mille dollars pour deux chambres, ou un appartement de trois pièces pour 600 mille dollars. Par ailleurs, les huit duplex sur les étages supérieurs de l’hôtel Island ont été vendus à 850 mille euros chacun, mais ceci est le fait d’oligarques russes mystérieux dont la voix ne s’est pas fait entendre dans le conflit existant.
« J’ai toujours rêvé d’un endroit en Israël pour faire mon Alyah un jour » déclare Morris Amram, directeur des ventes à Paris, à la retraite, père divorcé de deux fils qui vivent en France . « Nous avons conclu la transaction depuis la France et nous ne savions pas exactement ce qui avait été autorisé au final dans les appartements. Nous savions que c’était un logement de vacances, qui ne permet pas de résidence permanente, mais on parlait de pouvoir y résider six mois par an (réduit ensuite à 3 mois) et le reste du temps, l’appartement est loué par une société de gestion, qui est censée redistribuer les bénéfices. Nous avons estimé que nous recevrons 1000 $ par mois. Nous n’aurions jamais imaginé ne pas obtenir d’argent du tout« .
La société de gestion Okeanos Island a été fondée peu de temps avant l’achèvement de la construction. Elle bénéficie aujourd’hui d’un mandat de 4 ans. Son actionnaire, Mr Nouriel, est responsable d’une liste impressionnante de sites prestigieux en Israël (Tours Aviv et Manhattan, des immeubles résidentiels à la Marina d’Herzliya, des locaux du gouvernement à Haïfa et Jérusalem, le site Google à Haifa…).
Le problème de cette magnifique liste de projets est qu’aucun d’entre eux n’est un hôtel, ce qui a mis l’hôtel Island dans une position de test inaugural. Le déficit cumulé sur les trois premières années d’exploitation de l’hôtel est de 4,5 millions de shekels, et c’est effectivement ce qui empêche la distribution des bénéfices éventuels.
Mais le syndicat affirme que le déficit a été causé par une mauvaise gestion, avec des conflits d’intérêts, entre le promoteur Marzan et la société de gestion.
Selon les affirmations du syndicat, Marzan n’a pas payé pour les 24 appartements et locaux commerciaux les frais de gestion perçus sur les propriétaires d’appartements, environ 2,500 shekels par mois par appartement. Selon eux, il s’agit de la principale explication du déficit actuel. La société de gestion reconnaît ces dettes mais affirme que l’ardoise n’a jamais été effacée. Le PDG de Marzan quant a lui affirme qu’il a prêté de l’argent qui ne lui a toujours pas été rendu, il serait donc créditeur.
Au cours de l’année 2012, Okeanos a perdu 1,3 million de shekels, ce qui amène le déficit a un total de 4,5 millions de shekels. En 2013, des changements importants sont intervenus dans la direction de l’hôtel. Le prévisionnel affiche des bénéfices optimistes de 2,2 millions de shekels en 2013, 3 millions en 2014.
« En 2013, nous sommes censés gagner avec l’aide de Dieu 2,2 millions avec un bénéfice attendu de trois millions en 2014″, a déclaré Shaer , « Cela conduira à résorber le déficit, pour pouvoir ensuite commencer à distribuer les bénéfices sur la location ».
Source : Magazine G – Globes