Yoel Zaoui, le Léonard de Vinci des M&A
Yoël Zaoui est un banquier d'affaires franco-marocain, coresponsable au niveau mondial des fusions-acquisitions pour Goldman Sachs Europe depuis 2011. Il est élu « meilleur banquier de l'année » en 2008 par la communauté française de Londres.
De toute façon, s'il est né à Casablanca, comme son frère, il habite maintenant à Londres depuis plus de vingt ans. C’est au Maroc que les deux garçons ont grandi, au tournant des années 1960. La famille Zaoui est originaire de Fès, l’un des berceaux de la civilisation arabe. Le grand-père était bijoutier dans le mellah, le quartier juif de la ville. Michael, qui s’est penché sur la généalogie de leurs aïeux, y retourne parfois pour se recueillir « au cimetière juif, dont les tombes sont impeccablement entretenues ». Les recherches ne sont pas évidentes, notamment à cause de l’absence d’état civil, mais il a mis la main sur une pièce rare : une copie du manifeste rédigé dans les années 1930 par son grand-père maternel, un propriétaire terrien, dans lequel il encourageait les juifs à apprendre l’arabe classique afin de mieux comprendre leurs voisins musulmans. « Je suis très fier de ce texte, confie Michael. Il fallait de la clairvoyance et du courage pour tenir ce genre de discours. »
Violette, la mère de Yoël et de Michael, était institutrice ; Charles, leur père, avait étudié le droit à Paris et servait comme haut fonctionnaire dans l’administration marocaine. À l’époque du protectorat français, il dirigeait la conservation foncière du royaume chérifien, le service chargé de percevoir les droits et taxes d’enregistrements. En 1964, il décroche un poste à Rome au sein du programme des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO. La famille quitte le Maroc. Dans la ville éternelle, les enfants fréquentent le lycée français Chateaubriand, à 500 mètres de la Villa Borghèse. Ils en profitent pour apprendre l’italien – « notre deuxième langue avant l’anglais », précise Michael. En 1977, destination Paris : Charles est nommé à l’Unesco. Michael, qui pratique le piano et la guitare, se rêve en chef d’orchestre : « Quand nous vivions à Rome, se souvient-il, mon père m’emmenait écouter des concerts le dimanche au Vatican. » À 14 ans, il avait adressé une lettre de candidature au conservatoire pour suivre le cours de direction d’orchestre. « On m’a répondu que j’étais trop vieux », s’amuse-t-il avec le recul. Le jeune Yoël, lui, est fasciné par la médecine. Mais il a fait ses calculs : dix ans d’études pour devenir un grand chirurgien, c’est « trop long ».
Ce n’est pas du sang qui coule dans ses veines, mais de la glace", affirme ce proche de Yoël Zaoui, qui dirige avec son frère Michael Zaoui& Co, l’entreprise de conseil financier qu’ils ont cofondé en 2013.
Pendant longtemps à la tête du département fusions & acquisitions la banque d’affaires la plus puissante au monde, Goldman Sachs, YoëlZaoui est connu pour avoir été l’homme clé de plusieurs méga-deals, dont la rachat d’Arcelor par Mittal.
Considéré comme une légende dans le milieu des banques d’investissement, il décide de faire équipe avec son frère, qui occupait un poste similaire au sien chez le principal concurrent de Goldman Sachs, Morgan Stanley. Les deux frères sont considérés comme les "Leonard de Vinci" des M&A et ont déjà une clientèle de tout premier ordre.