Piège mortel (info # 012208/15)[Analyse]
Par Jean Tsadik © MetulaNewsAgency
J’ai allumé mon ordinateur, ce samedi matin – plus personne ne prend plus sa plume pour écrire -, afin de vous narrer un fait de guerre survenu hier, dont l’intelligence sort nettement de l’ordinaire. Ou, comment les stratèges israéliens ont tendu un piège à leurs ennemis et comment ceux-ci sont tombés dedans en courant, les pieds et poings liés.
L’histoire commence jeudi soir, après l’attaque spontanée d’un kibboutz israélien du Doigt de la Galilée par des roquettes venues de Syrie ; Tsahal a violemment riposté.
Ses avions, ses chars et son artillerie attaquèrent quatorze positions de la 90ème brigade de l’Armée alaouite et, plus particulièrement, les soldats de l’Armée régulière iranienne de la division Quds (Jérusalem) qui s’y trouvent aussi.
En fait, toutes les positions de l’Axe du mal dans la poche de Hader – la dernière portion de frontière, sur 4 kilomètres de long, encore contrôlée par l’Armée gouvernementale sur le Golan –furent prises sous le feu des Hébreux.
Les objectifs allaient des dépôts de munitions au PC de commandement de la brigade. Les missiles sol-sol Tamouz et ceux tirés par les drones, pleuvèrent brièvement sur leurs cibles, apportant leur lot de morts et de destructions. Au moins une grosse pièce d’artillerie et de nombreux véhicules furent mis hors de combat, et quatre militaires, dont un officier supérieur de l’Armée d’Assad, furent tués. Une douzaine d’autres furent blessés à des degrés divers.
Ce fut une "grosse réplique" de la part de Tsahal, si l’on considère que les quatre projectiles tirés peu auparavant depuis la Syrie n’avaient fait aucun dégât matériel en Israël, hormis un incendie de broussailles, qui fut éteint par les pompiers après trois heures d’efforts.
En fait, la riposte constitua la plus importante intervention des forces israéliennes contre la Syrie depuis le début de la Guerre Civile, il y a quatre ans et demi. Il fallait cela pour faire comprendre tant à Bachar al Assad qu’à ses alliés perses et chiites libanais qu’on ne s’attaque pas impunément au territoire israélien et qu’il vaudrait mieux pour eux, à l’avenir, qu’ils s’abstiennent de couvrir des opérations de ce genre.
C’est à dessein que j’ai écrit "de couvrir", car, côté israélien, on sait pertinemment que ce n’est pas l’Armée régulière qui a tiré sur le kibboutz, mais qu’elle a laissé agir, dans la zone qu’elle contrôle, la cellule terroriste qui a fait le coup. Le message de Jérusalem à Damas étant : vous êtes comptables de tout ce qui se déroule dans les régions où vous faites la loi.
Quant à la cellule terroriste en question, nous en parlons fréquemment dans ces colonnes ; il s’agit d’une petite unité – deux, trois dizaines d’hommes au maximum – aux ordres de l’archi-terroriste libanais Samir Kuntar, assisté par l’Iranien Saïd Izadi, le chef du département Palestine dans la force Quds (Jérusalem), et de Moustapha Mournieh, le frère de Djihad, éliminé par un tir de drone en janvier et fils d’Imad, neutralisé par l’explosion d’une voiture piégée, en 2008 à Damas.
Ce commando, armé et encadré par l’Iran et financé par le Qatar, a reçu l’ordre de Téhéran de ranimer le front israélien en pratiquant par des actions contre le territoire israélien et ses occupants.
Les terroristes de la cellule – des individus armés s’attaquant systématiquement à des civils – proviennent du Hezbollah libanais, des Pasdaran iraniens, de quelques Palestiniens du Djihad Islamique, ainsi que de Druzes embrigadés dans Hader et ses environs.
La présence de Druzes dans ce commando est capitale, grâce à leur parfaite connaissance du terrain. Elle est aussi controversée par les Druzes israéliens, car Hader, la ville dont ils sont issus, ne doit de n’avoir pas encore été submergée par le Front du Sud – la coalition réunissant l’Armée Syrienne Libre et 55 formations islamistes dont al Nosra – qu’à l’avertissement adressé par Tsahal à l’ASL.
Un avertissement formulé en ces termes : nous cesserons définitivement de vous fournir toute assistance et nous interviendrons militairement si vous envahissez la ville druze de Hader ou si vous touchez à un cheveu de ses habitants.
Chez les Druzes du Golan israélien (dont 20 % sont citoyens de l’Etat hébreu) et ceux installés à l’ouest de la ligne verte, on cultive le sens de l’honneur et l’on peine à voir des coreligionnaires de Syrie exploiter la protection offerte par les Israéliens pour les agresser depuis la poche de Hader.
Si des Druzes syriens sont devenus membres de la cellule de Kuntar, c’est que ce dernier est également d’origine druze (libanaise) et qu’il a su trouver les arguments pour les persuader que leur destin et leur survie dépendaient du succès des alaouites et de leurs alliés chiites iraniens et libanais.
Reste qu’après la riposte musclée de Tsahal sur les 14 positions de l’Axe, un seul des deux objectifs avait été atteint, s’agissant de l’envoi d’un message de dissuasion à l’intention de Damas, le mettant en garde contre la poursuite de l’attitude consistant à permettre à des groupes terroristes d’agresser Israël depuis les territoires qu’il contrôle.
A ce chapitre, il nous incombe de répéter que Bachar al Assad n’a pas l’intention d’entraîner les Hébreux dans "sa" Guerre Civile, conscient qu’il est que cela ferait nettement pencher la balance du côté de ses adversaires. C’est ainsi, à contrecœur, et sous la pression massive de Téhéran, qu’il a laissé des terroristes se déployer dans la poche de Hader.
Reste aussi que les responsables directs de l’attaque à la roquette contre le kibboutz n’ont pas été inquiétés. Leur méfait accompli, ils se sont repliés dans le village d’Al Qom, à une dizaine de kilomètres de la frontière, et ils se disent, après les représailles israéliennes, qu’ils n’ont plus rien à craindre, que la vengeance de Jérusalem est consommée, que Tsahal a perdu leur trace et n’interviendra pas à cette profondeur du territoire syrien.
Leur assurance est telle, qu’ils ne se sont pas mélangés à la population et qu’ils continuent à se déplacer en groupe, dans la même formation que celle qui a lancé les Katiouchas.
Cette erreur va leur être fatale ; ils sont tombés naïvement, par un excès de confiance coupable, dans le piège que leur ont tendu les stratèges israéliens. On peut même affirmer que le bombardement des 14 bases de la 90ème brigade n’a constitué qu’une manœuvre de diversion utile, tandis que les observateurs de Tsahal et ses nombreux agents en Syrie, notamment auprès de la majorité des Druzes locaux, ne les ont jamais quittés des yeux et qu’ils attendaient le faux pas de leur part qu’ils viennent d’effectuer.
Lors hier, sur le coup des dix heures du matin, les cinq lanceurs de roquettes n’auront pas eu le temps de réaliser ce qui allait mettre un terme à leurs existences. Un appareil du Khe’l Avir, l’Aviation israélienne, probablement un drone, a déjà identifié le véhicule quasiment à l’arrêt dans lequel ils viennent de prendre place dans la rue principale d’Al Qom. Le missile intelligent qu’il largue pulvérise leur voiture en quelques secondes, éradiquant ses occupants dans une déflagration dont la puissance ne permet pas de distinguer les débris humains des restes calcinés du véhicule.
Cette opération conclut définitivement la riposte des Hébreux, qui viennent de châtier ceux qui se sont attaqués à leur territoire, tout en lançant un nouveau message aux autres membres et officiers de la cellule Kuntar. Israël vient de leur signifier que, quel que soit l’endroit où ils se considèrent en sécurité, ceux qui l’attaquent n’échappent pas à sa colère.
On peut en outre observer sur les images et la vidéos1 filmées par l’agence syrienne gouvernementale Suria Halmoustakbal (L’avenir de la Syrie), que le raid du Khe’l Avir n’a pas atteint de victimes collatérales, et même, que les voitures situées à proximité immédiate de celle des terroristes sont pratiquement intactes et encore en état de marche. Cela est dû aux avancées technologiques des Hébreux, qui se sont focalisés sur la mise au point de missiles très puissants mais uniquement dans un périmètre d’impact extrêmement limité géographiquement.
Il est certain que les terroristes et leurs mentors vont maintenant intégrer les leçons de ce qui s’est passé jeudi et vendredi derniers. Il est non moins évident que les stratèges de Tsahal ne vont, quant à eux, pas répéter le même mode opératoire, et qu’à la prochaine occurrence, ils tenteront de surprendre leurs adversaires avec de nouvelles idées originales. Et ce n’est pas l’imagination qui leur fait défaut.
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