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Une scène pour Abbas (info # 013110/15)[Analyse]

Par Bernardo Stenhof© MetulaNewsAgency

 

Cette fin de matinée de mercredi, dans la salle des droits de l’homme du siège genevois de l’Organisation des Nations Unies, prenait une tournure de presque jamais vu, après qu’une réunion extraordinaire eut été demandée par la Palestine.

 

Le Conseil des droits de l’homme offrait ainsi une tribune de chef d’Etat à Mahmoud Abbas, ou Abou Mazen, comme les uns ou les autres l’appellent, ce qui, à mon avis, constitue un véritable scandale.

 

Un non-Etat à qui on offre un podium international pour agresser verbalement un Etat membre n’a toutefois, selon les apparences, choqué personne.

 

Ce fut même en uniformes d’apparat que les services de sécurité de l’ONU rendirent les honneurs à Mahmoud Abbas.

 

Dans son discours de présentation, le Prince jordanien Zeid Ra'ad Al Hussein, haut-commissaire aux droits de l’homme, souligna d’abord qu’il n’y aurait pas de questions ni de droits de réponse après l’allocution du chef de l’Autorité Palestinienne. 

 

Le prince expliqua que la harangue d’Abbas participait d’une sorte d’initiative de la dernière chance, car l’effusion de sang et la situation actuelle ne peuvent plus continuer, qui risquent d’enflammer toute la région.

 

Une région qui, comme tout le monde le sait pertinemment, des cimetières surpeuplés de Bagdad à Sanaa en passant par ceux de Damas, respire le calme, la paix et la tranquillité lorsqu’elle n’est pas dérangée par les agissements à peine dicibles de la meute d’hyènes enragées qui font la loi à Jérusalem occupée, annexée, malmenée, saccagée, etc.

 

La suite des qualificatifs se trouvent dans les dépêches de l’AFP et les propos "conciliants" d’Abou Mazen, que nous n’allions pas tarder à nous voir infliger.

 

Son Altesse royale Zeid Ra'ad continua par l’énoncé du nombre des morts et des blessés de la Troisième Intifada ; sûr que ce décompte comprend plus de Palestiniens que d’Israéliens, ce qui passe très bien en préparation du discours à venir. Sûr aussi que ce bilan, que l’on retrouve également quasi-quotidiennement dans les câblogrammes de l’Agence France Presse, ne signifie strictement rien sur la culpabilité des adversaires, mais qu’il entend victimiser le camp qui compte le plus de morts, sans tenir compte du fait que, dans cet affrontement, les Palestiniens sont clairement les agresseurs, et les Israéliens, ceux qui se défendent, même s’ils le font avec plus d’efficacité que ceux qui tentent de les tuer.

 

La plupart des diplomates présents ont eu recours à leurs écouteurs de traduction simultanée. Le prince, lui, comprend chaque mot prononcé par le raïs palestinien et sait qu’il utilise en permanence un double langage. L’un destiné à galvaniser les musulmans dans le cadre de son incitation à la Guerre Sainte, l’autre, adressé à ces "abrutis d’Occidentaux", dans le but d’instrumentaliser leur bêtise et leur antisémitisme au profit de son combat.

 

Abbas se présente comme un homme d’Etat devant les projecteurs et débite une rhétorique inadmissible à l’intention de la rue arabe. Lors de son discours, il a incité à la violence sans aucune retenue, sans la moindre allusion ou proposition concernant un retour au calme ou la fin du conflit avec Israël.

 

Je reproche naturellement au prince de ne pas avoir demandé au "président de l’Etat de Palestine" de tout tenter pour œuvrer en vue d’apaiser la situation. Le prince, dont le pays est signataire d’un traité de paix avec l’Etat hébreu, et dont l’exécutif s’est entendu avec icelui pas plus tard que la semaine dernière sur un texte commun consacrant le statu quo sur le Mont du Temple, et appelant à la fin des violences.

 

En fait, puisqu’on lui avait confié une tribune libre et illimitée, rien n’empêcha Abbas d’aligner les contrevérités et les manipulations, lors, il ne se gêna pas pour le faire. Il se gargarisa pesamment sur la reconnaissance de son "Etat" par 134 pays. Ce nombre équivaut à environ tous les pays votant en toutes circonstances avec le bloc arabe, soit 150 sur 192 ou 193. Rien donc de très nouveau sous le soleil.

 

En écoutant le dirigeant palestinien baver sans la moindre nuance sur les Israéliens, je pensai aux collègues avec qui je siège au Conseil des droits de l’homme, qui n’ont de cesse de s’élever contre les dictateurs qui envoient des enfants à la guerre. Je me demandais pourquoi ils ne lisaient pas les traductions des incitations des dirigeants de l’Autorité Palestinienne qui pullulent sur le Net - à commencer par celui qui s’exprimait devant eux – à envoyer des enfants se suicider, un poignard à la main, soulignant que leur "sang versé pour la défense des mosquées de Jérusalem était pur et sacré".

 

Je ne supporte plus cette façon irresponsable de s’exprimer. Je lui attribue tous les morts de la confrontation actuelle, particulièrement parce qu’al Aqsa n’a jamais été menacée et qu’Abbas le sait très bien. Il a juste besoin de faire couler le sang d’innocents pour créer une urgence artificielle autour de sa cause et la ramener au-devant de la scène.

 

D’autres individus qui sont au courant de la même réalité n’hésitent pas non plus à répandre la fable d’al Aqsa en danger afin d’entretenir la haine de la populace musulmane. Je reproduis, pour illustrer ce que j’avance, cet extrait de dépêche de l’AFP augmentée par les antisémites du Monde de la semaine écoulée : "Les opposants de M. Netanyahou soupçonnent Israël de vouloir changer le « statu quo » en vigueur depuis 1967, autoriser les juifs à y prier, et, à terme, prendre le contrôle du site. Des craintes considérées comme un déclencheur primordial des violences meurtrières récentes".

 

Vu la nature du mot "craintes" dans ce contexte, on peut, sans autre précaution, le remplacer par "rumeurs", ou mieux encore, par "prétexte infondé pour poignarder d’innocents Israéliens". Infondé ? Parce que ces media disposent de correspondants permanents à Jérusalem, qui savent aussi bien que moi qu’il s’agit uniquement de propagande incendiaire, et que Binyamin Netanyahu n’a jamais eu l’intention de s’emparer du contrôle des mosquées. Ces media sont au courant mais ils mentent sciemment afin de justifier la tentative de génocide artisanal à laquelle se livrent les Palestiniens sur les Israéliens ; car ils sont conscients que si cette accusation fallacieuse venait à éclater, il ne resterait aucune autre justification aux incitateurs dudit génocide, autre que la volonté raciste d’éliminer physiquement les membres d’un autre peuple et de lui enlever la légitimité de vivre dans sa patrie historique.

 

Ceux qui ont produit ces dépêches ne sont pas des journalistes mais des propagandistes, des prêcheurs dangereux de haine raciste. Pourquoi dangereux ? Parce que, faute d’attiser encore un peu plus le ressenti des Arabes du Moyen-Orient, qui n’ont que peu de chances (c’est une façon de s’exprimer) de lire leurs brûlots, ils participent à importer cette haine bestiale en Europe et en France, comme en témoignent ces images, que vous n’avez pas vues sur vos chaînes de télévision habituelles, et qui sont en tous points identiques à celles de Jérusalem ou d’Hébron, y compris les drapeaux palestiniens que l’on distingue sur cette vidéo.

 

Abbas a demandé qu’une force de protection de l’ONU vienne au secours du peuple palestinien et qu’une date butoir soit votée au Conseil de sécurité pour la reconnaissance officielle de l’Etat de Palestine.

 

Nous sommes en pleine instrumentalisation de la violence criminelle qu’Abbas a contribué à créer en vue d’obtenir des avantages politiques. L’envoi d’une force internationale, c’est un remake de la "stratégie du porte-avion" de Yasser Arafat ; il s’agit d’envoyer des militaires de l’ONU protéger un porte-avion palestinien virtuel, un territoire "protégé", à partir duquel les Palestiniens peuvent attaquer les Israéliens, mais contre lequel les Israéliens ne peuvent pas riposter – par exemple pour traquer les assassins – parce qu’ils n’utiliseraient jamais la violence contre des émissaires internationaux. Il n’y a guère que Laurent Fabius, le Hamas et l’Iran, sur la scène mondiale, pour privilégier ce genre d’attrape-nigaud et pour s’imaginer que Jérusalem pourrait accepter son principe. D’ailleurs, ces derniers jours, l’exécutif hébreu a présenté à la diplomatie française une fin de non-recevoir de la manière la plus officielle qu’il soit.

 

Une phrase d’Abbas m’a fortement choqué : "Nous sommes arrivés au point que le conflit entre dans la phase religieuse et devient incontrôlable : Israël détruit tous les jours des lieux saints musulmans et chrétiens".

 

Au terme de l’intervention d’Abbas, l’ambassadeur russe, plein d’humour, passant derrière moi me susurra à l’oreille que, lors de sa récente rencontre avec le nonce de Jérusalem, celui-ci oublia de lui parler des destructions d’églises auxquelles se livrent les Israéliens. Je me retournai pour ajouter que ces dégradations étaient quotidiennes, mais mon collègue s’était déjà éloigné.

 

Pour ceux qui ne sont pas au courant de la réalité, je dois commenter ce délire au premier degré : depuis sa création, Israël n’a pas détruit ou endommagé une seule mosquée ni une seule église. En revanche, elle en a restauré des dizaines et participe à assurer la sécurité des chrétiens de Palestine, qui ont quitté la région par centaines de milliers, en proie aux brimades et à la violence des musulmans. Le seul pays du Moyen-Orient dans lequel la population chrétienne se trouve en augmentation constante est Israël.

 

En dépit de ces incalculables mensonges pithiatiques, toute la salle, bondée, écoutait l’intervention dans un grand silence quasi-religieux. La traductrice en français s’exprimait dans un langage enthousiaste et je dirais même limite guerrier.

 

Arrivant au bout de ses accusations contre Israël, coupable, évidemment, de tous les maux de la Terre, Abbas répéta qu’Israël veut détruire le statu quo d’al Aqsa, ce que le monde arabe n’acceptera pas, et, en fin de compte, judaïser Jérusalem.

 

Niant lui-même l’historicité du Temple de Salomon, Abbas reprocha à Israël de se livrer à des fouilles archéologiques illégales sur le Mont du Temple. Il est clair que si les scientifiques sont empêchés de fouiller le sous-sol des mosquées, il leur est difficile d’exhumer des objets provenant de l’unique lieu saint du judaïsme. Vive l’ignorance ! Les seules reliques du Temple qu’ils sont parvenus à recueillir l’ont été parmi des gravas émanant de travaux de terrassement réalisés par le Wakf, l’autorité religieuse jordanienne qui régit l’esplanade des mosquées. Encore que le Wakf avait ordonné que l’évacuation se déroule nuitamment et que les résidus soient dispersés dans une décharge pour empêcher que la vérité ne soit connue.

 

A propos d’esplanade des mosquées, je ne résiste pas à l’envie de partager avec vous une autre perle de venin issue d’un commentaire de l’AFP de la semaine : "(…) pénétrer sur le mont du Temple [le nom donné à l’esplanade des Mosquées par les juifs]".

 

Moi qui étais candidement convaincu que le temple en question avait été édifié aux environs de mille ans avant notre ère, et que la mosquée avait été construite, quant à elle, par le Calife Omar, 1 700 ans plus tard – 1 700 ans, tout de même ! -. J’avais la faiblesse d’envisager qu’il fallait écrire, au moins par souci chronologique, dois-je m’abstenir de préciser que si le Temple de Salomon n’avait pas existé à cet endroit, il n’y aurait pas eu de raison d’y construire des mosquées ? : "(…) pénétrer sur l’esplanade des Mosquées [le nom donné au Mont du Temple par les Arabes]".

 

A moins que l’AFP et le Monde n’entendent emboîter le pas de Mahmoud Abbas, du mufti (actuel) de Jérusalem et prétendre que le Temple juif n’a jamais existé, non plus que le royaume d’Israël. Peut-être que les Juifs n’existent pas, après tout, qu’ils viennent de nulle part, ou qu’ils ont été débarqués il y a soixante-dix ans d’une galaxie lointaine dans le seul but d’emmerder les Arabes ?

 

A la fin de sa diatribe, l’auditoire fit un triomphe Abou Mazen, une standing ovation à laquelle participèrent les ambassadeurs d’Allemagne, de Hollande et d’Angleterre. Ne m’étant pas levé moi-même, je n’ai pas pu observer tous les participants à cette infamie. Aussitôt après les applaudissements, une grande foule a entouré le podium pour aller féliciter l’orateur.

 

Dans l’après-midi, Aviatar Manor, l’ambassadeur d’Israël, a organisé une réunion d’explication dans une autre salle du palais de l’ONU. Bien que cet auditorium soit plus petit que la salle des droits de l’homme, elle était bondée elle aussi. J’y ai remarqué, à la volée, la présence d’un jeune diplomate égyptien, car il avait le nom de son pays posé sur la table.

 

L’ambassadeur a déclaré que la crise actuelle était la résultante de rumeurs lancées par l’Autorité Palestinienne. Il a expliqué le principe du statu quo : les musulmans prient et les adeptes des autres religions doivent – pour une raison qui m’échappe par ailleurs – se contenter de visiter les lieux sans prier.

 

Lors du récent accord avec la Jordanie, il a été convenu – pour démontrer aux musulmans que les Juifs ne sont pas en train de détruire al Aqsa - qu’une série de caméras de surveillance seront installées sur l’esplanade.

 

L’AP s’oppose à cette mesure, arguant que les Israéliens profiteront des vidéos pour identifier les émeutiers. A mon avis, Ramallah [la ville où siège le gouvernement de l’Autonomie] est fâchée parce qu’elle devra renoncer à ses rumeurs et à ses émeutiers.

 

L’ambassadeur a suggéré que de nombreux pays demandent eux-aussi la possibilité de venir s’exprimer comme l’a fait la Palestine, ce, afin de bloquer la politisation complète de l’espace du dialogue dans cette enceinte du Conseil des droits de l’homme.

 

Parlant de ce qui était en jeu à l’issue de cette période de violence, M. Manor a évoqué les accords économiques prévalant entre Israël et la Palestine, qui concernent environ 65 000 travailleurs palestiniens détenteurs d’un permis ad hoc, travaillant tous les jours en Israël, 40 000 sans permis, et environ 20 000 marchands ayant une activité avec Israël. Le chiffre d’affaire du commerce entre Israël et l’AP atteint annuellement plus de 4 milliards de dollars, une somme considérable pour l’économie palestinienne.

 

L’ambassadeur a rappelé que la Seconde Intifada, fomentée par Arafat, avait consumé et détruit l’économie de la Palestine.

 

"Pour moi, le but est que nous puissions un jour être assis ensemble à l’ombre sous la même treille", conclut Aviatar Manor, dont le ton, l’attitude et l’absence de haine tranchaient vertement avec le discours de l’intervenant précédent.  

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