Comment le parti islamiste marocain a réagi à la victoire d’Ennahdha en Tunisie
Par Mohamed Farouk
Le Parti de la Justice et du Développement (PJD), parti islamiste qui ambitionne de devenir, le 25 novembre 2011, date des élections législatives au Royaume chérifien, le premier parti marocain, n’a pas apparemment réagi à la victoire d’Ennahdah. Mais il suffit de voir de plus près pour se rendre compte que c’est loin d’être le cas.
On a beau lire et relire les journaux marocains publiés après l’annonce des résultats de l’élection du 25 octobre 2011, on ne trouvera aucune réaction officielle du Parti de la Justice et du Développement (PJD), le parti islamiste que dirige Abdelillah Benkirane, et qui souhaite devenir le premier parti du Maroc après les élections législatives du 25 novembre 2011. Le PJD ne compte, pour l’heure, que 43 députés sur les 325 que compte la Chambre des représentants (la première chambre), soit 14,15%.
On a beau également interroger nos sources et les faire parler pour scruter la moindre information, rien! La PJD n’a pas officiellement pipé mot. Un silence qui s’expliquerait, nous dit-on, par le fait que ce parti est trop occupé par les prochaines élections.
Mais il suffit de voir de plus près pour se rendre compte que c’est loin d’être le cas. En effet, et si le PJD n’a pas publié de communiqué, un rapide coup d’œil à son site web montre que ce parti politique a bien salué la victoire d’Ennahdah.
«Un coup d’Etat contre la démocratie»
Le site du PJD publie, jeudi 27 octobre 2011, en bonne place, un article d’Oreib Rantaoui, directeur du Centre d’études privé d’Al Qods, un centre établi à Amman (Jordanie), dont le titre en dit long sur le soutien au vainqueur des élections du 23 octobre en Tunisie. «Le parti qui a gagné les élections est Ennahdah et toute tentative de lui barrer la route constitue un coup d’Etat contre la démocratie».
Oreib Rantaoui écrit notamment qu’«il faut bien prendre le mouvement d’Ennahdah au mot et l’expérimenter». En ajoutant qu’«il faut respecter la volonté des électeurs tunisiens et parier sur le fait que l’arrivée d’Ennahdah au pouvoir apporte un mieux-être». Estimant qu’«il s’agit là d’un des premiers enseignements du Printemps arabe».
La lecture du site du PJD offre, par ailleurs, quelques informations abondant dans le même sens. Ainsi, le site du parti islamiste marocain fait état «de la grande joie des Tunisiens après la victoire d’Ennahdha».
Sans doute encore plus significatif l’article publié, mercredi 26 octobre 2011, par Mustapha Al Khalfi, directeur du quotidien marocain de langue arabe Attajdid, connu pour être proche du PJD.
«Une nouvelle ère de liberté»
Mustapha Al Khalfi estime notamment que «La fête de la démocratie, dont la Tunisie a été le théâtre dimanche, est porteuse de nombre de signaux sur la naissance d'une nouvelle ère de liberté qui met aussi bien la Tunisie que les autres pays de la région face aux défis des mutations démocratiques, et fera de la Tunisie un levier pour les forces aspirant à une démocratie sans cesse reportée au sein du monde arabe».
Et Mustapha Al Khalfi d’ajouter que: «L'élection de dimanche a été une véritable fête, pour trois raisons: d'abord la participation massive qui montre que les Tunisiens voient dans le vote un mécanisme politique sain pour la construction de la nouvelle Tunisie, ensuite le vote massif en faveur du parti Ennahdha, formation à référentiel islamiste, qui se voit aujourd'hui investi de la mission de gérer cette phase dans un cadre consensuel impliquant l'ensemble des forces politiques qui ont participé au scrutin et, enfin, la gestion démocratique du processus de mutation politique en Tunisie par une élite nationale confiante et consciente dans la nécessité de tourner la page de l'autoritarisme, la reconnaissance des résultats électoraux quels qu'ils soient».
Le directeur d’Attajdid, qui n’ignore pas que le Maroc s’apprête à vivre, le 25 novembre 2011, des élections législatives, n’omet pas de conclure son éditorial ainsi: «Est-il possible d'ignorer tout cela chez nous, au Maroc? Il est clair que non, car le Printemps arabe, après son succès en Tunisie, devient source d'inspiration pour les peuples, les élites et les régimes. Aussi, pour le Maroc, la seule voie possible est d'entreprendre tous les efforts pour faire aboutir ce processus démocratique, le 25 novembre, d'une manière volontaire et voulue».
Un article qui est tombé le lendemain de la présentation par le PJD de son programme électoral pour les élections du 25 novembre. Le programme du PJD promet l'édification d'une "société solidaire, stable et prospère". Grâce à «l'élargissement de la base de la classe moyenne, la garantie des conditions de la vie décente à tous les citoyens, la libération des potentiels et la mise en place d'un système qui veut promouvoir les valeurs de la solidarité et de la justice sociale et en luttant contre la corruption et l'économie de rente».
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