Frappes sur l'Iran : le compte à rebours d'Israël
Les nouvelles diatribes du président Ahmadinejad samedi pourraient accélérer les préparatifs d’un raid israélien massif sur les sites nucléaires iraniens.
Pour allumer les bougies du 33e anniversaire de la Révolution islamique, en Iran, le président Mahmoud Ahmadinejad a, une fois de plus, rajouté de l’huile sur le feu. "Si vous utilisez le langage de la force, je vous le dis clairement, la nation iranienne ne capitulera jamais", a-t-il martelé devant une foule électrisée. Surenchère verbale presque rituelle mais qui correspond aussi à un calendrier israélien qui se resserre de plus en plus.
Si l’Iran doit recevoir la semaine prochaine une délégation d’inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Israël ne ralentit en rien ses préparatifs pour aller frapper les installations nucléaires iraniennes. D’abord, parce que le Premier ministre de l’État hébreu, Benjamin Netanyahou, reste persuadé que l’Iran ne doit pas franchir le seuil de fabrication de la bombe. Il en va de la "survie" même d’Israël, selon le ministre de la défense, Ehoud Barak. Sur ce dernier point, le chef du Mossad, Tamir Pardo, est en retrait, parle de "banalisation" de l’excès de langage, tandis que son prédécesseur, Meir Dagan, met en garde le cabinet israélien contre tout "aventurisme".
Attaquer avant les élections en Russie et aux États-Unis
Deuxième argument sur l’échéancier, l’État hébreu, s’il veut frapper, souhaite utiliser de préférence le corridor aérien qui passe par l’Irak tant que les alliés américains le contrôlent, autrement dit, avant que le gouvernement chiite pro-iranien de Bagdad n’en ait la maîtrise totale. Israël, enfin, ne souhaite pas attendre que les élections à venir en Moyen-Orient Les nouvelles diatribes du président Ahmadinejad samedi pourraient accélérer les préparatifs d’un raid israélien massif sur les sites nucléaires iraniens Russie et aux États-Unis modifient sa capacité d’agir. Or, rien ne dit que Vladimir Poutine tiendra longtemps la promesse de la Russie de ne pas livrer des batteries de missiles antiaériens S-300 aux forces iraniennes, systèmes performants capables de repérer et d’éliminer les appareils israéliens.
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Et Barack Obama, dans l’hypothèse où il serait réélu, pourrait utiliser tous les moyens offerts par une légitimité renforcée pour empêcher Israël de frapper. La venue à Washington le 3 mars de Benyamin Netanyahou sera l’occasion pour lui de vérifier la loyauté de ses alliés. À l’heure où les républicains en campagne reprochent au camp démocrate sa "faiblesse" face à l’Iran. À l’image de l’éditorialiste pro-israélien du Wall Street Journal, Bret Stephens, qui écrit : "Détruire les sites iraniens sera une victoire de courte durée si cette action n’épouse pas l’objectif plus large de mettre fin au régime iranien." En attendant, comme l’observent les spécialistes du renseignement consultés par le JDD, l’armée de l’air israélienne a testé ses capacités d’agir. "Une centaine d’avions pourrait être mobilisée", nous dit-on, pour mener à bien une frappe multiple ou une série de bombardements étalés sur quelques jours.
Quelle riposte pour l’Iran?
"Ils n’auront jamais la salle des centrifugeuses de Fordo, qui est enfouie à près de 80 mètres sous le granit, mais pourquoi pas la cantine des ingénieurs nucléaires?", avance un expert militaire qui veut garder l’anonymat. Avec le risque que, dès le deuxième jour, l’Iran riposte avec les moyens qui lui restent. "Leurs F-14 et leurs Mig-29 ne sont pas tout neufs mais il suffirait qu’Israël perde un ou plusieurs appareils pour que la mission soit déréglée."
Les Iraniens ont menacé de s’en prendre au détroit d’Ormuz (voir carte), par lequel transitent 35 % du pétrole mondial. "Ils ont multiplié la production de vedettes rapides lance-missiles pour les prépositionner sur les côtes", constate un militaire expert du Golfe. Pour pousser les Américains et leurs alliés sur zone à la faute? "Au moindre signal de fumée dans le Golfe, les prix des assurances maritimes et du baril de brut s’envoleront", prévient un spécialiste. Et cette phase irrationnelle sera une alliée précieuse pour l’Iran. Voilà pourquoi la fameuse conférence annuelle d’Herzliya, organisée fin janvier par le lobby militaro-industriel israélien, a fait plancher ses têtes pensantes sur des thèmes aussi évidents que "la bombe à retardement iranienne" ou "comment se préparer à un baril à 250 dollars?" Dans le même temps, Tsahal intensifie le renforcement de ses dispositifs de défense sur le front nord, à la frontière du Sud-Liban contrôlée par le Hezbollah, autour de Gaza, et multiplie les exercices de protection civile. Sans s’en cacher. Ce qui fait évidemment partie de la guerre psychologique.
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