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LES VIERGES EFFAROUCHEES Par Jacques BENILLOUCHE

LES VIERGES EFFAROUCHEES

 

 

Par Jacques BENILLOUCHE

 

 

Doit-on juger les prises de position françaises à l’aune de la diplomatie israélienne ? L’élection présidentielle et surtout l’élection d’un député français représentant la circonscription comprenant Israël entrainent une avalanche de communiqués auxquels nous n’étions pas habitués. C’est à celui qui aura les mots les plus vengeurs ou la formule la plus percutante. Mais cela sonne faux bien souvent car les accents nationalistes paraissent déplacés.

Humiliation exagérée
 

Même le président du CRIF, organisation peu représentative, s’en donne à présent à cœur joie dans la diatribe pro-israélienne en fustigeant les mots du président Sarkozy «volés» à l’occasion d’un échange avec Barack Obama : «Par éducation, par constitution personnelle, je considère le mensonge comme une faute grave. Je pense donc que la remarque de Nicolas Sarkozy envers Benjamin Netanyahou est une accusation blessante, et en tant que juif, s’agissant du premier ministre de l’État du peuple juif, je me sens moi-même humilié». Cette humiliation parait bien exagérée et hors de propos. Les communiqués de la même trempe fleurissent à longueur de médias pour un résultat d’ailleurs décevant car les français n'ont qu'une manière de prouver leur attitude : le bulletin de vote au moment approprié.

Nous devons nous rendre à l’évidence, d’une part que la France ne peut pas systématiquement prendre ses décisions diplomatiques en fonction des seuls intérêts d’Israël. D’autre part, il n’appartient pas à la communauté juive de défendre le gouvernement israélien qui a des représentants en France et des professionnels de la communication en Israël chargés de diffuser la bonne parole. Des lacunes existent certes dans ce domaine mais elles relèvent de la gouvernance israélienne.

 

Nains du lobby juif

 

A vouloir ressembler aux membres américains de l’AIPAC, certains dirigeants juifs ne s’affichent que comme des nains du lobby juif. Les représentants communautaires donnent l’impression de participer au concours du meilleur défenseur d’Israël alors qu’ils ne sont pas qualifiés, ni parfois élus, pour cela et ils se comportent comme le Don Quichotte qui s’est cru en charge de défendre Tsahal et qui a pollué l’atmosphère pendant dix ans sans se rendre compte qu'il avait obtenu l'effet inverse.

La nouveauté actuelle consiste à jouer aux vierges effarouchées chaque fois que l’État d’Israël est mis en cause par les dirigeants français alors que l’on sait que Nicolas Sarkozy n’a pas de souci à se faire car, ces mêmes juifs qui le critiquent voteront d’une seule voix pour lui et militeront pour éliminer François Hollande de la compétition. Les intérêts financiers priment en effet sur l'idéologie et la crainte de voir les «sauvages» socialistes arriver au pouvoir pour leur grignoter une partie de leurs revenus les poussent à enfoncer le clou opportun que la gauche n’est pas bonne pour les israéliens. On ne peut pas à la fois critiquer le président actuel et l’aider dans sa réélection.

Idylle socialiste
 

Mais la mémoire est courte ou volontairement inhibée car de Gaulle et son embargo, Pompidou et les vedettes de Cherbourg, Giscard d’Estaing et son amitié pour l’Ayatollah Khomeiny, Chirac et ses faiblesses pour Saddam Hussein ont prouvé que, pour la droite, l’amitié pour Israël est toujours passée au second plan. Il ne faut donc pas s'étonner que le même traitement soit réservé à l’État juif par Nicolas Sarkozy car, et cela est normal, l’intérêt national prime sur les espérances sectaires.

Israël a eu droit à dix années d’idylle dans les années 1950 et il le doit aux amitiés socialistes qui lui ont permis de lancer le programme nucléaire de Dimona. A l'heure où l'on parle de la bombe iranienne, les israéliens ne peuvent que se féliciter de cette collaboration franco-israélienne qui a mis l'Etat juif à l'abri du danger. Cependant, à son arrivée au pouvoir en 1958, la droite a tout fait pour faire cesser cette collaboration nucléaire mais elle en a été empêchée par un petit bout de papier signé sur un coin de table par le président du Conseil français de l’époque, sur l’insistance du prévoyant et visionnaire Ben Gourion.

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