MAGUY KAKON, LA CUISINE JUIVE DU MAROC DE MÈRE EN FILLE
Curieuse et gourmande, Maguy Kakon se passionne pour la cuisine juive. Elle note les recettes de Dina sa mère, de Coco sa tante et de toutes ces femmes qui depuis si longtemps transmettent oralement leur savoir-faire. Elle en fait un livre pour sauvegarder cet héritage culinaire, si riche mais menacé de disparition.
La cuisine qu’elle soit simple ou raffinée, est l’expression d’un art de vivre, écrit Maguy Kakon dans la préface de son livre «la cuisine juive du Maroc de mère en fille. C’est cet art que j’ai souhaité consigner, répertorier, graver. Car au-delà des recettes, il y avait en moi comme une urgence pour que ce qui a été soit et demeure, que le relais de mère en fille et de fille en petite-fille se fasse pour que la chaîne continue…» Il a fallu 5 ans à Maguy Kakon pour réaliser ce livre : «je voulais faire de mon ouvrage, précise l’auteure, un outil de réconciliation de ces citoyens juifs de l’exil avec leur pays d’origine, car ils ont gardé une grande nostalgie de cette époque.» Maguy Kakon se remémore un passé encore vivace dans ses souvenirs, où ses grands-parents pouvaient accueillir, à l’improviste 15 à 20 personnes. Les tables étaient chargées de kémias qui permettaient aux convives de patienter en attendant le repas. Après l’apéritif, un délicieux dîner leur était servi. C’était une cuisine de fête et de partage. «Ce n’était pas une cuisine de portions, assure Maguy Kakon, et les convives imprévus étaient les bienvenus.» D’après Maguy Kakon, la cuisine est un art majeur. C’est également un élément qui fédère, rassemble, réconcilie même. «La langue comme la cuisine sont le ciment d’un peuple» affirme l’auteure. La cuisine marocaine est riche et variée à l’image de la mosaïque des ethnies et des régions qui compose le pays (fassis, tangérois, safiotes, gens du sud, berbères, juifs de toutes les régions aux traditions particulières, etc.). Si l’art culinaire juif et fassi découle de la même source ; cependant, la cuisine juive s’est nuancée selon les provinces, celles du nord sont influencées par l’Espagne, celles du sud ont reçu l’empreinte du Sahara et celle de l’oriental sont fortement imprégnées par la cuisine algérienne ellemême marquée par la présence ottomane. «Nourrir est un plaisir immense pour les mères juives ». De ce fait, Maguy Kakon aborde cette cuisine par l’intermédiaire de ces femmes. «Elles avaient une approche extraordinaire, une notion biblique par rapport à cette nourriture donnée par Dieu.» Les repas étaient des moments intenses ; les plats préparés avec amour étaient consommés dans une ambiance de sérénité, «je l’appelle, affirme l’auteure, la cuisine du bonheur, elle ne comportait pas de fausse note. Elle était le résultat de toute une alchimie. C’était un mode de vie, un art de vivre, une partition de musique parfaite, un paradis perdu à jamais». «En la répertoriant, j’ai pris goût à cette cuisine, reconnaît Maguy Kakon, certes, avant le livre, je l’appréciais déjà, mais après, j’ai commencé à la pratiquer. Cependant, j’ai compris qu’elle aurait du mal à survivre ». Si certains plats de la cuisine traditionnelle continueront de vivre grâce aux rituels, tels le poisson à la sauce rouge ou les boulettes au cèleri du vendredi soir, la dafina (ou s’khina) du samedi, d’autres recettes sont menacées de disparition. On constate actuellement l’émergence d’une nouvelle pratique culinaire, notamment à Casablanca et qui a su mêler les cuisines française et régionales du Maroc avec un apport de l’étranger (Canada entre autres). «C’est cette cuisine urbaine, nous confie Maguy Kakon, qui sera l’objet de mon prochain livre».
Commentaires
Je reitère le souhait précédent de la même manière. Avec mes remerciements David
bonjour, ce livre est en rupture de stock depuis des années , est ce que par hasard quelqu'un aurait ce livre et voudrait me le prêter pour être scanné ou photocopié ou le faire pour moi ? les frais seront à ma charge ?
merci! adhina
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