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Maroc-Israël : Des liens jamais rompus

Maroc-Israël : Des liens jamais rompus

 

 

Par Mohammed Jaabouk

 

En 2002, le Maroc ferme le bureau de liaison israélien à Rabat. Une brouille, plutôt qu’une rupture politique. Depuis, Rabat a changé de stratégie, misant davantage sur le raffermissement de ces liens avec la communauté séfarade d’origine marocaine.

 

Selon un site israélien, le neveu du roi Mohammed VI aurait rencontré le très polémique rabbin Ovadia Yosef. La nouvelle, si elle s'avère, a de quoi surprendre, toutefois, les relations entre le Maroc et Israël n’ont jamais cessé d’exister même aux plus sombres heures du conflit israélo-palestinien. Politique, commerce, sécurité et religions sont autant de liens qui unissent les deux pays.

Ces relations remontent aux premières heures de l’indépendance du royaume. Elles ont connu leur plus forte intensité au lendemain de la signature des accords d’Oslo, le 13 septembre 1993, entre les Palestiniens de l’OLP et le gouvernement travailliste d’Yitzhak Rabin. Deux jours après cette signature, le Premier ministre, accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Shimon Péres, effectue une escale à Rabat et s’entretient avec le roi Hassan II. Les premiers entretiens officiels entre le roi du Maroc et le Premier ministre israélien.

Hassan II, le médiateur

Bien avant cette date, nombreux ont été les responsables israéliens à avoir foulé la terre marocaine mais ils le firent dans le plus grand secret. Une grande partie des négociations précédant la visite de l’ancien président égyptien, Anouar Sadate, s’est tenue au Maroc entre le chef des services secrets du Caire, le général Kamal Adham et le ministre israélien des Affaires étrangères, le général Moshé Dayan. Des réunions secrètes couronnées, du 17 septembre 1978, par la signature des accords de Camp David.

Cet engagement politique du royaume dans le conflit opposant certains pays arabes à Israël a marqué, momentanément, le pas lors de l’exclusion, en 1979, de l’Egypte de la Ligue arabe pour reprendre une cadence, normale trois ans plus tard à l’occasion du Sommet arabe de Fès. C’est la première fois que les pays arabes reconnaissent, officieusement, l’Etat d’Israël. Au cours de ce sommet, le roi Hassan prononçait sa célèbre phrase « nous ne combattons pas un spectre ». Une victoire diplomatique pour l’ancien monarque. Dès lors, les rencontres aves les responsables israéliens ne se font plus en catimini : en 1986, Hassan II reçoit officiellement Shimon Péres, alors Premier ministre de l'Etat d'Israël.

« Souvent Hassan II recevait des responsables israéliens à la demande des Palestiniens. Avant 1993, ces derniers avaient besoin d’un médiateur. L’ancien monarque s’acquittait de cette mission. Ce rôle de médiateur, le Maroc continue à le jouer mais dans une moindre mesure. Actuellement, les Palestiniens discutent à visage découvert avec les Israéliens », explique le politologue Mohamed Darif.

En 2000, la seconde Intifada met un terme au relations diplomatiques israélo-marocaines, mais le Maroc conserve, bien qu'amoindri, un rôle sur la scène internationale reconnu par les Etats-Unis. En 2009, le président américain Barak Obama, dans un message adressé en 2009 au roi Mohammed VI, espère que « le Maroc va jouer un rôle important dans le rapprochement entre le monde arabe et Israël, tout en sachant que cela entraînera une paix stable et une solution au conflit au Moyen-Orient ».

Le Maroc courtise la communauté séfarade

Aujourd'hui, le nombre des Israéliens à être d’origine marocaine serait entre 600 000 et un million. Une communauté qui tient à conserver ses liens avec le royaume. « Ils sont toujours considérés par la loi comme des Marocains », souligne l’universitaire Mohamed Darif. Ces liens, Rabat tient à les préserver et à les consolider.

C'est ainsi qu'en août 2003, le roi Mohammed VI recevait le grand rabbin de la communauté séfarade, Chélomo Moché Amar, d’origine marocaine. En janvier 2010, l’ambassadeur itinérant du Maroc, Serge Berdugo, également président de la communauté juive marocaine, remet au président de la communauté juive de Marbella, Raphaël Cohen, le Wissam Al Arch de l'Ordre de Chevalier décerné par le roi Mohammed VI. Deux ans plus tard, Berdugo préside une cérémonie similaire, cette fois aux Etats-Unis, au profit de Raphaël Benchimol, rabbin orthodoxe et membre de la Congrégation Sépharade de Manhattan, qui bénéficie de la même distinction royale.

Les relations diplomatiques entre le Maroc et Israël sont toutefois encore interrompues. Des obstacles s'opposent, actuellement, à une telle perspective. Les partis politiques, l'institution religieuse et une grande partie du tissu associatif, à l'exception des mouvements amazighs, y sont fortement hostiles.

Relations économiques

En dépit de la controverse suscitée par certains associations marocaines sur le volume des échanges commerciaux entre le Maroc et Israël, force est de constater qu’ils demeurent très faibles, ne dépassant 50 millions de dollars par an. Que représente ce chiffre dans la balance commerciale du Maroc par rapport, par exemple, aux 2,6 milliards de dollars d'échanges enregistrés en 2011, avec les Etats-Unis.

Le tourisme israëlien au Maroc prometteur

A défaut d’une liaison directe entre Casablanca et Tel Aviv, les touristes israéliens à destination du Maroc sont contraints d'effectuer une escale en Turquie. En 2004, Rabat a commencé à encourager la venue de touristes juifs d’origine marocaine. Depuis, le nombre de touristes israéliens qui visitent le royaume est en nette progression. Des estimations, non officielles, avancent le chiffre de 5000 à 7000 par an. Signe de cette progression, le tour opérateur israélien Yambateva Voyage a ouvert, en 2011, un bureau à Marrakech.

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