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Jeannette Bougrab : "je ne connais pas d’islamisme modéré"

 

Voix discordante dans le gouvernement français sur les élections en Afrique du Nord

Ces dernières semaines, les pays occidentaux, notamment la France, se sont félicités du déroulement des élections en Tunisie, au Maroc ou en Égypte. Ils ont salué ce premier pas démocratique après des années de régimes autoritaires. En revanche, ils se sont montrés timides dans leurs commentaires face aux victoires des partis islamistes, Ennahda, PJD ou Frères musulmans, alors même qu’ils défendaient par le passé les dictatures, rempart contre l’islamisme.

La réaction de Jeannette Bougrab, secrétaire d’État française à la Jeunesse, tranche dans ce contexte. Dans une interview accordée au quotidien français Le Parisien – Aujourd’hui en France –, elle fait part de son inquiétude face à la nouvelle donne politique dans le monde arabe et au Maghreb. « C’est très inquiétant. Je ne connais pas d’islamisme modéré », affirme‑t‑elle ainsi, interrogée sur les élections en Tunisie, au Maroc et en Égypte. Elle évoque notamment la décennie noire algérienne après l’interruption du processus électoral en 1992 suite à la victoire du FIS au premier tour des législatives. Jeannette Bougrab affirme d’ailleurs qu’elle est « contente de voir qu’à Alger, une loi est adoptée pour interdire la constitution de partis politiques par les anciens du FIS ». « Parfois, la dictature est venue des urnes. Je fais partie de celles qui estiment qu’on peut interdire des partis politiques fondés sur des pratiques qui portent atteinte à la Constitution », ajoute‑t‑elle.

Jeannette Bougrab insiste également sur ses craintes concernant une éventuelle restriction des droits des femmes par les nouveaux gouvernements qui voudraient s’inspirer de la charia. « Je n’accepte pas l’idée qu’on puisse fonder une Constitution sur la charia, système religieux fondamentalement inégalitaire », affirme‑t‑elle. Et elle insiste : « Aux yeux de certains, ce n’est peut‑être pas grave si des femmes doivent désormais être voilées ou si demain elles n’ont plus les mêmes droits. Pas pour moi. Je ne transige pas sur cette question de l’égalité juridique. Et il faut être attentif au double langage ».

Jeannette Bougrab fait ainsi entendre une voix discordante au sein du gouvernement français, même si dans cette interview, elle indique parler en tant que « citoyenne et femme française d’origine arabe ». Hier encore, dans une interview accordée à TSA, le ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant, affirmait que la France n’avait « aucun a priori sur les partis à référence religieuse dès lors qu’ils respectent les règles du jeu démocratiques et les droits de l’homme ». Et il se refusait à « porter un jugement sur les résultats des élections au Maroc et en Tunisie ».

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