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Mon voyage en Israël

Par Moha Oustouh (chef de groupe des Marocains)

 

Du 6 au 13 mars, pendant une petite semaine, s'est déroulé un voyage exceptionnel : un groupe de dix Marocains musulmans a visité Israël, sous la conduite du professeur Arrik Delouya, lui-même juif marocain natif de Marrakech et fondateur et président des deux associations, l'APJM à Paris ("Association pour la permanence du Judaïsme marocain"), et son association sœur "Zohar", en Israël. J'ai fait la connaissance d'Arrik Delouya grâce à la "Commission pour les relations avec les Musulmans" du CRIF, où il nous a apporté son témoignage sur les relations millénaires tissées entre les Juifs et son pays natal, avant le départ de presque tous, pour Israël essentiellement. Humaniste infatigable et homme de paix œuvrant pour le rapprochement et la coexistence des peuples et des cultures, mon ami Arrik a su entretenir des relations avec toute une génération d'intellectuels, journalistes et historiens marocains, pour la plupart de culture berbère et profondément investis dans la préservation du patrimoine juif de leur pays.

 

Mais, au-delà de l'Histoire, au-delà des vestiges, des archives et des lieux de pèlerinage, il fallait que ces Marocains rencontrent leurs anciens compatriotes, dans un autre pays qu'ils ont tant contribué à bâtir tout en ne reniant jamais leurs racines. Vous lirez un témoignage extrêmement émouvant, celui de Moha Oustouh, chef de ce groupe de Marocains qui a visité Israël : il raconte comment ces citoyens d'un pays arabe, qui n'entretient en théorie plus aucune relation avec l'état juif, ont pu visiter le pays de long en large, des plages de Tel-Aviv aux lieux saints de Jérusalem, de la Knesset à Massada en passant par le Yad Vashem ; il raconte comment, partout, des originaires du Maroc leur ont fait la fête, préparé de la cuisine de leur pays, joué leur musique, hissé même leur drapeau ! Comme il le dit en conclusion, en parlant à ses hôtes israéliens :

 

"Et c’est le moment et l’occasion de leur dire merci et de leur faire savoir que nous aussi, nous les aimons et que nous regrettons leur départ. Je tiens aussi à leur dire que leur pays d’origine a besoin d’eux, de leur aide, de leur génie, de leur savoir, en résumé de leur soutien. J’espère qu’il saura en profiter et que la paix s’instaurera pour faciliter les choses. Transmettez à vos enfants, à votre descendance l’amour du Maroc, nous transmettrons aux nôtres l’amour de nos juifs, avant qu’il ne soit trop tard de le faire de chaque côté car le temps nous est compté et la responsabilité est partagée. "

 

Une bouffée d'espérance venue du Maghreb, alors que dans d'autres pays l'avenir s'assombrit, hélas !

 

Jean Corcos

 

« Transmettez à vos enfants d’Israël, à votre descendance l’amour du Maroc, nous transmettrons aux nôtres l’amour de nos juifs »

 

Dans ma tête, l’émotion le dispute à l’émerveillement tellement ce lieu ravive la foi, rappelle l’histoire des prophètes et symbolise la coexistence des croyances et des religions. Ce que je croyais être un rêve, visiter Israël est devenu une réalité. Et cette réalité a fait tomber toutes les peurs, les clichés, les tabous et un tas de craintes et de préjugés que plusieurs décennies de propagande et de désinformation ont imprimés dans les cœurs et les esprits des Marocains. Il y a exactement deux mois, jour pour jour, je visitais la ville sainte de Jérusalem avec des amis marocains et israéliens. J’en garde encore un souvenir immense, difficile à qualifier. Dans ma tête, l’émotion le dispute à l’émerveillement tellement ce lieu ravive la foi, rappelle l’histoire des prophètes et symbolise la coexistence des croyances et des religions.

 

La beauté du site et du cadre architectural, ancien et moderne ne peut laisser l’œil du visiteur indifférent. D’autres souvenirs très forts foisonnent encore dans mon esprit. La surprise est à la dimension des murs et des barrières construits et dressés par les médias. Faire comme moi et sauter ces barrières n’est pas chose aisée pour les autres. Même au Consulat de France on m’avait demandé si je n’avais pas peur d’aller là-bas, pour des raisons sécuritaires.

 

J’ai attendu deux mois avant de mettre sur papier mes impressions et jugements personnels sur le voyage parce que j’estimais, qu’avant toute évaluation, un délai est nécessaire pour avoir suffisamment de recul, loin de toute contrainte émotionnelle et subjectivité personnelle.

 

Cela m’a aussi permis de rencontrer beaucoup de monde, à commencer par mes proches, me amis et d’autres personnes avec qui j’ai discuté et parlé de ce périple riche et enrichissant. Jamais je n’ai rencontré de désapprobation, ni de remarque désobligeante. L’approbation et les encouragements, autour de moi, dans ma région (Goulmima au Sud-Est) et chez les militants amazighs (Berbères) sont très nombreux.

 

Des militants de la cause amazighe qui se battent pour la promotion et pour l’épanouissement de l’identité amazigh et plurielle du Maroc souhaitent me rencontrer pour leur parler de ce voyage, de mes impressions et des perspectives d’avenir auxquelles ils souhaiteraient s’associer.

 

Arrik, l’APJM & Zohar

 

Ce voyage est la suite logique de plusieurs années (26 qui est aussi dans la bible le chiffre qui est égal aux lettres qui composent le nom de Dieu) de coopération et d’échange avec Arrik Delouya, d’abord dans le domaine humanitaire au Maroc au profit des démunis de ce pays avant de nous investir complètement dans le culturel en vue de faire connaître et de mettre en valeur la culture judéo-marocaine et plus particulièrement celle judéo-amazighe.

 

Notre relation s’est consolidée au fil des ans et au fur et à mesure que nous avancions dans la découverte de notre mémoire commune et de notre patrimoine culturel et humain extrêmement riche et varié notre dessein prenait forme et devenait de plus en plus réel. Nos travaux et échanges sur la culture hébraïque au Maroc à travers plusieurs rencontres , colloques et voyages à l’intérieur du Maroc ont fait naitre chez nous le désir et la nécessité d’aller à la rencontre de ceux et celles qui ont vécu ici pendant plus de deux millénaires et puis ils sont partis et ont laissé derrière eux tout cet immense héritage. L’identité et la culture amazighes, en quête d’elles-mêmes dans cette atmosphère d’ouverture et de liberté que vit le Maroc aujourd’hui sont devant un chantier d’enrichissement et de ressourcement historique qu’il faut exploiter. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un voyage en Israël à la rencontre de nos anciens compatriotes juifs d’origine marocaine. L’invitation est venue de l’association Israélienne Zohar pour la préservation, la diffusion et le rayonnement du judaïsme marocain sur l’initiative de sa consoeur de Paris « Association pour les permanences du judaïsme marocain » APJM. Arrik Delouya, lui-même juif marocain natif de Marrakech est le fondateur et président des deux associations. Humaniste infatigable et homme de paix oeuvrant pour le rapprochement et la coexistence des peuples et des cultures, Arrik est très attaché à son pays d’origine. Toutes ces qualités font de lui un partenaire de travail idéal que les épreuves et le temps n’ont jamais découragé. Voilà pourquoi j’ai accepté avec joie et plaisir cette invitation et aidé mon ami Arrik à sélectionner un groupe d’amis marocains de confession musulmane pour participer à ce voyage.

 

Voyage et Visite

 

Amnon, Moché, Yoav & Visite de Tel Aviv – Jaffa ainsi que le Centre Pérès pour la Paix.

 

Rejoints à Paris par des amis membres de l’APJM, nous arrivons à Tel-Aviv le soir d’un mardi 6 du mois de mars.

 

L’accueil est chaleureux et les conditions de notre installation sont des plus confortables.

 

Notre hôte, Moché Bar-Hen (Ex-Ohana) que nous rencontrons pour la première fois est d’une affabilité exceptionnelle.

 

Toujours souriant et très attentif à notre égard, tous les signes spécifiques qui distinguent l’hospitalité marocaine se retrouvent chez lui. Discuter, échanger et même plaisanter avec lui est un plaisir. On sent qu’il partageait les mêmes sentiments que nous et que notre compagnie lui procurait autant de plaisir et de joie tellement cela lui rappelait avec nostalgie son enfance passée dans le sud du Maroc. Je m’en voudrais de ne pas signaler le rôle bienveillant qu’a joué sa femme Régine qui nous a entourés durant tout le séjour d’une attention toute particulière.

 

Le lendemain, sous la conduite d’Amnon Werner, ami du kibboutz de longue date d’Arrik et militant pour la paix dans la région, nous visitions la ville de Tel-Aviv. Une ville très animée à l’architecture moderne, avec de gigantesques bâtiments, de grands espaces verts et places publiques comme la place Rabin. Des quartiers anciens ont gardé leur magnifique cachet architectural traditionnel. La ville de Jaffa située dans la partie méridionale abrite la population arabe et juive. Ses rues commerçantes rappellent la médina marocaine et sa splendide côte méditerranéenne fait penser à celle de Tanger. Dans sa vieille mosquée, j’ai accompli avec mon ami Ali la prière du milieu de journée avant de nous diriger vers le siège du Centre Pérès pour la Paix qu’on nous a fait visiter et où nous avions eu des explications sur la mission et les réalisations du Centre.

 

Un débat intéressant s’en est suivi avec Yoav Stern, son directeur technique, sur l’avenir de la paix dans cette région, ce à quoi œuvre cette institution pour le rapprochement des positions en organisant des rencontres importantes entre les différentes parties et des sessions de formation dans divers domaines au profit des Palestiniens et des Israéliens ensemble, etc..

 

Parmi nos projets futurs nos comptons initier un projet de coopération avec ce Centre dans le domaine de la formation professionnelle pour tirer profit de l’expérience technologique très avancée d’Israël.

 

Daniel Bensimon à la Knesset, Yossi Bar Moha de l’Association des Journalistes d’Israël et les messages de Paix

 

Une rencontre des plus importantes a eu lieu à la maison des « Journalistes de Tel-Aviv » avec des journalistes ayant des origines marocaines en présence de Daniel Bensimon, natif de Meknès et membre du Parti travailliste de la Knesset. Le Managing Director de cette association qui regroupe près de 1500 membres s’appelle Yossi Bar-Moha. (À noter qu’il porte un prénom répandu chez Imazighen de l’Atlas). Il est originaire de Settat qu’il a quittée à l’âge d’un an vers Israël. Il communique avec nous en parler dialectal marocain parfait (Darija). L’échange avec ce groupe est riche, franc et fructueux.

 

On nous apprend avec fierté que la communauté israélite d’origine marocaine est en train de monter et de s’émanciper et qu’on assiste à la montée et au renouveau de l’identité Judéo-Marocaine en Israël. Cette communauté est attachée à la paix nous apprend-on contrairement à ce que la propagande diffuse ici. La deuxième génération, quoique née en Israël, comprend et parle la « darija » marocaine et est avide d’apprendre encore sur leur pays d’origine. Nous n’avons pas manqué de leur parler des progrès enregistrés par notre pays dans plusieurs domaines notamment celui de la démocratie, des droits de l’homme et de la femme, de la reconnaissance de l’identité plurielle du Maroc dans la nouvelle constitution, y compris l’apport hébraïque, etc. Le Maroc est en train de retrouver son ancienne vocation historique, à savoir redevenir un carrefour des civilisations. Dans tous nos déplacements et visites, nous sommes tout le temps accompagnés par une femme ravissante, artiste-photographe au joli sourire permanent. Il s’agit de Babylone El Baz que je voudrais ici remercier chaleureusement. Babylone est originaire de Paris et vit avec sa famille en Israël depuis une dizaine d’années.

 

Kibboutz Yad Mordekhai

 

Nous avons également effectué une visite guidée très importante du kibboutz Yad Mordekhai sur la Bande de Gaza et de son musée de la Shoah où nous avons eu droit à des explications idéologique et historique qui sont à l’origine de la création et de la réussite de l’expérience « kibboutz ».

 

Ensuite Nitsan Bensoussan, marocain originaire de la région de Tiznit, gentleman-farmer, nous a fait visiter le Moshav » Nétivei Assarah » encore sur la Bande de Gaza où nous avions pu constater le degré d’avancement enregistré par l’agriculture israélienne.

 

La maitrise de la technologie et sa mise au service de l’agriculture expliquent le génie israélien en la matière : exploitation rationnelle et optimale de l’eau, utilisation rigoureuse des techniques de production, respect de l’environnement et des ressources naturelles, optimisation de la gestion pour une meilleure valeur ajoutée des productions, etc. Il y a là un champ d’investigation précieux que le Maroc peut explorer pour développer son agriculture. Transférer la technologie agricole vers le Maroc sous forme d’investissement dans le secteur agricole performant ou venir acquérir une formation – perfectionnement pour les ingénieurs agronomes marocains en Israël, sont des voies possibles et bénéfiques de coopération économique et de rapprochement entre les deux pays.

 

Nous avons longuement discuté de ce dossier avec Nitsan Bensoussan qui possède une longue expérience dans ce domaine aussi bien la production que la coopération.

 

Un copieux déjeuner dans le jardin de sa résidence nous a été offert en présence de plusieurs invités venus à notre rencontre.

 

Notre groupe en visite d’une serre agricole, Haim Boughanim à la tête du groupe en chemise bleue

 

Là aussi le drapeau marocain et la photo de notre Roi étaient à l’honneur. Mikha Bitton, musicien guitariste a animé la fête et créé une ambiance de danse collective avec des rythmes marocains arabes et amazighs.

 

Là aussi le drapeau marocain et la photo de notre Roi étaient à l’honneur. Mikha Bitton, musicien guitariste a animé la fête et créé une ambiance de danse collective avec des rythmes marocains arabes et amazighs.

 

Des youyous à la marocaine fusaient de partout. Haim Boughanim, entrepreneur israélien natif de la région d’Agadir nous a fait une démonstration d’amour et d’attachement au Maroc en interprétant les plus célèbres tubes marocains, anciens et nouveaux et en dansant l’Ahouach avec sa poésie berbère du Souss.

 

En guise de souvenir, il m’a offert un CD des plus célèbres chansons de Abdelhadi Belkhayat, vedette de la chanson Marocaine. Nitsan, homme calme et humaniste et sa femme Etty, belle et élégante créature native d’El Jadida, nous ont gâtés et ont tenu à l’occasion à nous faire planter des « arbres de la paix » dans leur jardin avec des prières communes pour ce dessein.

 

Nitsan m’a confié qu’il éprouve beaucoup de frustration et d’amertume de ne plus pouvoir revoir et travailler avec ses anciens amis palestiniens, très nombreux de l’autre côté de la barrière.

 

Massada & Mer Morte

 

Une autre étape de ce merveilleux voyage est la visite de la mer morte et de la montagne de Massada.

 

Il y a 28 ans j’ai eu l’occasion de m’y baigner, mais de l’autre rive en Jordanie.

 

J’ai vécu des moments inoubliables en compagnie de gens aimables, patients et cherchant à nous faire plaisir.

 

Moché, Arrik & Moha à Massada

 

La montée au sommet du mont de Massada, la découverte de l’histoire de ces hommes et femmes accrochés à leur foi et qui se sont réfugiés dans cette forteresse jusqu’à la mort, la vue panoramique sur la mer morte, la baignade printanière dans ce lieu légendaire dans le désert de Judée sont des souvenirs qui marquent toute une vie.

 

C’est un événement historique dans la vie d’un individu qui sait faire la part des choses.

 

Encore merci Arrik, Moshé et les autres.

 

Shabbat chez Victor & Mimy Aflalo

 

La famille Victor et Mimy Aflalo, originaire de Marrakech a organisé en notre honneur une fête pour le shabbat où le drapeau et les photos des rois du Maroc étaient présents.

 

La réception, la cuisine, les plats, les ustensiles, la musique, tout était marocain à cent pour cent. En résumé des retrouvailles.

 

J’ai eu l’honneur de servir le thé dans une théière typiquement marocaine d’argent.

 

Le voyage à Jérusalem

 

Le voyage à Jérusalem s’est déroulé sous la conduite et avec les explications de Josef Tolédano, érudit intellectuel et écrivain de langue française, natif de Meknès.

Pour l’anecdote, en lui présentant un ami venu de Paris, Alain Assouline et natif de Sefrou , J.Tolédano le provoque en plaisantant : Chez nous à Meknès on dit : « Ouled Sefrou, A3la soldi Kfrou » ie : « Les enfants de Sefrou perdent la foi pour un sou ». Une sefriouiya, Yaffa Banouz lui répondit après : « A Sefrou on dit : la beauté est à Sefrou, la paresse à Fès et l’indécence à Meknès » ; « Zine di Sefrou, La3guez di Fés u Lbssala di Meknès ».

Au salon du Centre mondial du judaïsme marocain de Jérusalem

 

Yad Vashem & la Knesset

 

Notre visite donc a commencé par le gigantesque et émouvant Mémorial Yad Vashem. Je ne peux que m’incliner avec modestie devant les souffrances des victimes de la Shoah et de leur descendance en espérant que cet épisode noir de l’histoire de l’humanité serve de leçon et d’exemple aux générations actuelles et futures.

 

Nous avons pu aussi visiter la Knesset où nous avions déjeuné. Un exposé nous a été fait par Daniel Bensimon sur la situation générale et politique de l’État d’Israël. Mr Bensimon avec qui nous avions engagé un débat est un fervent opposant à la politique du gouvernement de Mr Netanyahu.

 

Il milite aussi pour un état laïque où les religieux ne devraient pas imposer leur idéologie. C’est ainsi que, moi aussi je conçois la politique dans mon pays. Il nous apprend que la crise économique mondiale n’épargne pas son pays et que les préoccupations prioritaires de la population israélienne sont d’ordre économique et social.

 

Il insiste dans l’enceinte de cette institution que les Israéliens d’origine marocaine sont, dans leur majorité, favorables à la paix avec leurs voisins palestiniens.

 

À la question que je lui ai posée sur les causes de la non-arrivée des juifs marocains au pouvoir, il m’a répondu que les générations montantes sont de plus en plus conscientes de ce problème complexe et qu’une fois au pouvoir elles sauront faire la paix avec les palestiniens. Amen lui ai-je répondu.

 

Notre visite se poursuit avec la découverte de la prestigieuse Cour suprême où le droit est dit dans toute sa plénitude, dans l’indépendance et la liberté totales.

 

Nous nous engouffrons ensuite dans la vieille ville sainte de Jérusalem, impressionnante et émouvante visite pour le musulman que je suis, moi qui crois et milite avec conviction à la coexistence respectueuse de toutes les religions, à la tolérance et à l’amour entre les peuples.

 

Nous avons traversé tous les quartiers (araméen, juif et chrétien) avant d’arriver au quartier musulman où ceux qui le désiraient ont prié dans la mosquée d’Al Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam. Je suis extrêmement heureux d’avoir pu prier dans cette mosquée et de m’être recueilli dans la salle des prières du dôme du Rocher.

 

J’en remercie infiniment nos hôtes qui ont permis à ce pèlerinage d’avoir lieu et prie Dieu de faire que la paix règne dans cette région. Nous avons terminé notre visite par celle du Centre mondial du Judaïsme d’Afrique du Nord où les souvenirs marocains sont prépondérants. L’architecture, les objets exposés, les décorations, le zellij, l’ameublement des salons…tout est encore marocain.

 

Ce lieu peut être considéré comme un sanctuaire de la mémoire juive marocaine implanté à Jérusalem.

 

Notre séjour, plein de découvertes, de surprises heureuses et d’émotions prenait une fin très humaine avec des rencontres, des échanges amicaux et intellectuels avec des membres de Zohar qui venaient nous rencontrer.

 

Un grand diner dans un restaurant de la plage de Tel-Aviv a rassemblé un grand nombre de membres de Zohar avec qui nous avions longuement discuté du Maroc, de son évolution économique et politique, de son histoire et de notre mémoire commune.

 

Le lendemain Amnon Werner nous a rejoints à l’hôtel et nous avions engagé un débat à bâtons rompus. Homme de dialogue et au fait de l’actualité politique de son pays, Amnon a répondu avec beaucoup de franchise et de réalisme à toutes nos questions notamment sur les relations de l’État avec les Arabes d’Israël.

 

Il nous apprend qu’il fait partie du Mouvement pour la Paix qui mène des actions dans les quartiers arabes pour encourager la scolarisation des enfants, notamment des filles et qu’il les aide à connaître et à défendre leurs droits.

 

Le dernier soir, Haim Boughanim nous invite à un grand diner d’adieu dans la résidence de sa fille. L’atmosphère se transforme en fête avec la variété des mets, la musique marocaine jouée par le jeune guitariste et les échanges fraternels qui précèdent les au revoir. Notre hôte n’a pas arrêté de nous surprendre.

 

Nous connaissions Haim l’entrepreneur, l’artiste, le voilà encore cuisinier, restaurateur et conteur de blagues. Une atmosphère conviviale, voire familiale difficile à décrire.

 

Retour sur Paris

 

Au retour à Paris, un diner nous a réunis avec plusieurs membres de l’APJM avec qui nous avons échangé sur nos impressions et sentiments après ce voyage inoubliable.

 

C’est Alain Assouline, fils de Sefrou, ville du Moyen-Atlas, qui nous a invités à cette soirée. Alain a passé avec nous une partie de ce séjour en Israël.

 

L’été dernier il est venu en famille retrouver ses origines et montrer à ses enfants la ville et la région de ses ancêtres. Nous nous sommes alors rencontrés à Ifrane et à Meknès où nous avions longuement parlé du Maroc, de la question juive et du lien qui existe entre les deux.

 

L’Histoire extraordinaire de cette femme exceptionnelle la Kahina (Deya), reine amazighe de confession juive qui a régné sur l’Afrique du Nord et qui a combattu l’invasion arabe.

 

En conclusion que puis-je ajouter de plus à tout ce que j’ai raconté plus haut ? Ceci : nous sommes allés en Israël à la rencontre de nos anciens compatriotes partis en masse, parce que nous avons découvert que nous partageons avec eux une mémoire, une culture, bref une Histoire que nos ancêtres ont bâtie en commun en Afrique du Nord et sur la terre du Maroc en particulier.

 

Rappelons-nous l’Histoire extraordinaire de cette femme exceptionnelle la Kahina (Deya), reine amazighe de confession juive qui a régné sur l’Afrique du Nord et qui a combattu l’invasion arabe. Une civilisation plus que deux fois millénaire est en train de s’éteindre et c’est la terre de naissance et d’origine qui est la plus perdante. Les citoyens israéliens natifs du Maroc n’ont pas oublié leur terre natale. Nous en avons la preuve la plus sûre par ce que nous avons vu et vécu avec eux durant ce séjour.

 

La chaleur de l’accueil, la joie de nous recevoir, la garde des us et coutumes du pays, l’attachement à ses symboles, etc.., sont autant de preuves que nos juifs aiment encore le Maroc.

 

Nous regrettons le départ des Juifs du Maroc

 

Et c’est le moment et l’occasion de leur dire merci et de leur faire savoir que nous aussi, nous les aimons et que nous regrettons leur départ. Je tiens aussi à leur dire que leur pays d’origine a besoin d’eux, de leur aide, de leur génie, de leur savoir, en résumé de leur soutien. J’espère qu’il saura en profiter et que la paix s’instaurera pour faciliter les choses.

Transmettez à vos enfants, à votre descendance l’amour du Maroc, nous transmettrons aux nôtres l’amour de nos juifs, avant qu’il ne soit trop tard de le faire de chaque côté car le temps nous est compté et la responsabilité est partagée.

 

Salam. Shalom.

 

Meknès

 

Oustouh Moha Association Arraw N’Ghriss (ANG) basée à Goulmima à 50 Kms d’Errachidia 15, Rue Descartes Meknès (ville nouvelle) Maroc Tél: +212 355 52 46 25

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