Les Juifs amazigh du Maroc dans la peinture d'Eugène Delacroix
Eugène Delacroix est un peintre français, artiste majeur du Romantisme du XIXe siècle. Il naquit en 1798 et mourut en 1863. En 1822 Eugène connaît son premier grand succès et sa première exposition en salon avec "Dante et Virgile aux enfers". Le 5 décembre 1831, le Comte de Mornay invite Delacroix à l’accompagner lors d’une mission diplomatique au Maroc. Le départ de l’ambassade se fera le 1er janvier 1832, ils resteront six mois au Maroc.
Des son arrivé a Tanger, Delacroix débute ses carnets de croquis dits " Carnets du Maroc". Un peu plus d’un mois après son arrivée au Maroc, Eugène assiste à une noce juive par l’intermédiaire d’amis. Cette noce lui inspira le tableau dont nous allons vous parler. Ce voyage fut le plus important et le plus long de sa vie. Après son retour en France, il continua de peindre et d’exposer, mais s’éteint a la suite d’une longue maladie le 13 août 1863.
La noce juive au Maroc fut peinte en 1841, Delacroix se basa donc sur sa mémoire ainsi que sur ses croquis. C’est une peinture à l’huile sur toile, ses dimensions sont : 104x104 cm. Cette œuvre est conservée au Musée du Louvre à Paris.
Ce tableau est une scène de genre, une scène de vie. C’est donc une peinture figurative. Des noces sont célébrées dans une famille Juive à Tanger. La scène se déroule dans la cour intérieure d’une maison. Des hommes, des femmes et des enfants se tiennent assis, le long des murs de la cour, ou debout jusque dans les escaliers ou les balcons. Ils discutent, se passent un plateau ou observent la femme qui danse devant les musiciens.
C’est un plan d’ensemble de la scène, avec une composition organisée par rapport à la perspective de la salle. Cette perspective est linéaire à un point de fuite, c’est à dire que les lignes obliques convergent toutes vers le même point : au dessus du musicien qui joue du luth. L’assemblée des personnages est organisée avec ceux de dos au premier plan, les personnages alignés contre les murs et ceux face à nous. La lumière vient du haut éclairant le mur blanc et se diffuse sur les personnages en s’atténuant selon leur éloignement. Les personnages très peu éclairés, comme ceux qui se tiennent dans les escaliers, ont des contours moins nets et des couleurs passées. L’éclairage doux et naturel appuie le coté intime de la scène, les couleurs sont chaudes, à part le vert des boiseries typiquement marocaines, dans une gamme des beiges, crèmes, marrons, rouges orangés, avec des touches de blanc. Les jeux d’ombre et de lumière sur les personnages renforcent l’intimité et donnent de la profondeur à la scène. Les différentes portes, fenêtres et ouvertures attisent notre curiosité, ce grand mur blanc vide souligne l’absence de la mariée.
Le voyage que Delacroix a effectué en Afrique du Nord, pour accompagner la mission diplomatique, est une étape essentielle de sa création. Il en rapporte de nombreux carnets de voyage, des croquis, des aquarelles et des notations, servant à mémoriser les scènes, les attitudes, les personnages pour composer ses futures toiles, dont ce mariage.
Delacroix produira plus de quatre-vingts peintures sur des thèmes orientaux, notamment Les Femmes d’Alger dans leur appartement (1834, musée du Louvre), La Noce juive au Maroc (1841, musée du Louvre), Le Sultan du Maroc (1845, musée des Augustins de Toulouse). Il popularisera l’Orientalisme. Les thèmes abordés dans cette peinture orientaliste sont assez variés, mais se réfère quasi-tous à la vision que les occidentaux ont de l’orient. Au XIXe siècle, siècle de Delacroix, on trouve surtout des scènes de harem, des scènes de chasses et de combats ou encore des représentations de paysages typiques comme les déserts, les oasis ou les villes orientales. Parmi les grands peintres orientalistes, on peut notamment cité Horace Vernet, Ingres, Théodore Chassériau, Jean-Léon Gérôme, Fromentin et bien sur Eugéne Delacroix.