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Le pape François dénonce l'argent, idole au centre d'un système économique mondial qui commande tout

 

 

Le pape François, en visite pastorale en Sardaigne, a dénoncé dimanche l’argent, « idole » au centre d’un système économique mondial qui « commande » tout, et le manque de travail, tout en appelant les jeunes à « se fier à Jésus ».

A la fin de la journée, en référence au double attentat suicide perpétré contre une église au Pakistan, qui a fait 70 morts – l’attaque la plus sanglante jamais menée contre la minorité chrétienne – le pape a estimé qu’il s’agissait d’un « mauvais choix, de haine et de guerre », et que « ce chemin n’(était) pas le bon ».

Il a appelé la jeunesse à « construire un monde meilleur, un monde de paix » et de ne pas faire « des choix erronés qui portent à la destruction ».

Après son arrivée à l’aéroport de Cagliari peu après 08h15 (06h15 GMT), il s’est rendu sur l’une des places centrales de la capitale de la Sardaigne, où il a été accueilli par des milliers de personnes brandissant des drapeaux aux couleurs (blanc et or) du Vatican, mais aussi de Sardaigne et d’Argentine, son pays natal.

L’attendaient un chômeur, une patronne de coopérative solidaire et un berger, tous originaires d’une île où le chômage dépasse les 18% de la population active (12% en Italie), et jusqu’à 51% chez les jeunes.

Après avoir évoqué les « souffrances » traversées « par les « jeunes sans emploi, les personnes en situation précaire, les entrepreneurs et les commerçants qui peinent à aller de l’avant », le pape François s’est écarté de son discours officiel pour parler de sa propre histoire.

Sardaigne: le pape dénonce l’argent,

Le pape François célèbre une messe à Cagliari, en Sardaigne, le 22 septembre 2013

« C’est une réalité que j’ai bien connue en Argentine. Je n’ai pas, à proprement parler, expérimenté cette souffrance (le manque de travail, ndlr) mais ma famille, oui », a-t-il expliqué.

« Mon père est parti (du nord de l’Italie ndlr) en Argentine, pour tenter sa chance en Amérique, il a souffert de la terrible crise de 1929 au cours de laquelle il a tout perdu », a-t-il poursuivi, précisant n’avoir pas vécu directement cette situation, car il n’était pas né (il est né en 1936, ndlr).

Mais, a-t-il ajouté, « j’ai ressenti cette souffrance durant toute mon enfance ». Après avoir évoqué sa visite début juillet sur l’île de Lampedusa, à la rencontre des migrants en quête d’une vie meilleure en Europe, le pape a souligné « qu’ici aussi il (rencontrait) de la souffrance ».

Ce manque de travail est la « conséquence d’un choix mondial, d’un système économique qui a en son centre une idole qui s’appelle l’argent », a-t-il martelé, ajoutant vouloir « remettre au centre l’homme et la femme ».

« Sans travail, pas de dignité »

« Sans travail, il n’y a pas de dignité », a souligné fermement le pape.

« Luttons tous contre cette idole qu’est l’argent, contre un système sans éthique, injuste, dans lequel l’argent commande tout », a-t-il lancé, reprenant cette thématique de « l’argent roi » qu’il a fait sienne depuis le début de son pontificat, déclenchant applaudissements et pleurs.

« Pour préserver ce système idolâtre, on abandonne les plus faibles, les vieux, ceux qui n’ont nulle part où loger. On est en train de parler d’une euthanasie dont on tairait le nom », a-t-il dit, improvisant de nouveau sur un thème qui lui est cher, celui des laissés pour compte de la crise.

Des ouvriers lui ont ensuite offert un casque de chantier, qu’il a coiffé quelques instants, avant de se rendre au sanctuaire de la Madonne de Bonaria, à l’origine de la fondation de sa ville natale, Buenos Aires.

Puis, quelque 100.000 personnes, venues de toute l’île, ont assisté sous un grand soleil à la messe, selon les forces de l’ordre.

Après un déjeuner, pris en commun avec les évêques de l’île, le pontife a rencontré pauvres et détenus dans la cathédrale de Cagliari.

« Les ?uvres de charité doivent être accomplies avec humilité,0 tendresse et miséricorde », leur a déclaré le pape, en fustigeant ceux qui « utilisent Jésus pour leur vanité ». « Ceux-là instrumentalisent les pauvres dans leurs propres intérêts (…) c’est un péché grave! », a-t-il dénoncé.

Face au monde de la culture, réuni à la faculté de la théologie de Cagliari, il s’est félicité de « l’autre manière de faire de la politique » des jeunes, saluant leur « vision ».

Le pape a enfin exhorté ces milliers de jeunes venus à sa rencontre à « se fier à Jésus », un « compagnon fidèle » depuis 60 ans pour lui – il a raconté avoir fêté samedi l’anniversaire de sa vocation – « qui ne l’(avait) jamais laissé seul ».

« Un jeune sans espérance et sans joie n’est pas un jeune », leur a-t-il lancé, les mettant en garde contre « les marchands de morts » qui profitent de leurs échecs, avant de rentrer à Rome dans la soirée.

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