Elie Barnavie s'exprime sur les Relations France-Israël
Elie Barnavie
Dans i24News : "La visite de François Hollande en Israël est, comme c’est toujours le cas, l’occasion d’ausculter l’état des relations entre les deux pays. Elles sont bonnes, sinon sans nuages.
Commençons par les nuages. Comme l’ensemble de la communauté internationale, la France s’oppose à la colonisation des Territoires, qu’elle qualifie d’« illégale », et soutient la création d’un Etat palestinien dans les frontières d’avant la guerre des Six-Jours, avec des modifications agrées par les parties. Nous sommes évidemment loin du compte avec le gouvernement au pouvoir à Jérusalem, qui n’a par ailleurs pas apprécié que Paris vote l’année dernière aux Nations Unies, puis à l’UNESCO, en faveur de l’admission de la Palestine comme « Etat observateur non membre ».
Dans son discours à la Knesset, en juin 2008, Nicolas Sarkozy, crédité de nourrir les sentiments les plus pro-israéliens de tous les présidents de la Cinquième République, s’était prononcé clairement pour « un arrêt total et immédiat de la colonisation » et n’a pas hésité à souligner la « vocation » de Jérusalem à devenir « capitale de deux Etats ». Il sera difficile à Hollande de faire moins, au grand déplaisir de ses hôtes. De même, autre pomme de discorde, on le voit mal se mettre en porte-à-faux par rapport aux « lignes directrices » imposées par l’Union européenne pour ce qui concerne le statut des organismes israéliens actifs au-delà de la Ligne verte, que l’UE entend exclure des avantages du programme scientifique européen Horizon 2020. Aussi, il est peu probable qu’il accepte de reconnaître Israël comme “l’Etat-nation du peuple juif”, une obsession de Benyamin Netanyahou qui est ardemment combattue par les Palestiniens.
Côté nuages, enfin, la faible présence française sur le marché israélien. Avec un peu plus de 2% de parts de marché, bien derrière l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou l’Italie, et un volume d’investissements du même ordre, la deuxième économie de la zone euro et la cinquième mondiale est loin de se tailler ici la place qui devrait être la sienne. On parlera donc beaucoup commerce, innovation et start-ups (pardon, « jeunes pousses »).
Côté ciel bleu, cela fait longtemps que la France a rééquilibré au profit d’Israël sa diplomatie proche-orientale. Victime de la dislocation du monde arabo-musulman et du terrorisme qui a durement frappé la France, la « politique arabe » de la Cinquième République a vécu, et avec elle la « rue arabe » du Quai d’Orsay. Une succession d’ambassadeurs remarquables a beaucoup fait pour réconcilier avec la France une opinion publique israélienne naguère encore irrémédiablement hostile.
François Hollande lui-même arrive auréolé de son action en Libye et au Mali, comme de sa volonté à en découdre en Syrie, et précédé d’une réputation méritée d’ami d’Israël, dans la lignée de la vieille S.F.I.O. Sa première rencontre avec Netanyahou, à la fin octobre 2012, a été l’occasion d’une telle convergence de vue, de la question du nucléaire iranien à la « reprise sans conditions » des négociations israélo-palestiniennes, que plus d’un sourcil d’est levé dans les chancelleries européennes".