Les dirigeants palestiniens n’ont aucun atout dans leur jeu (info # 012302/14) [Analyse]
Par Guy Millière©Metula News Agency
Des rumeurs font état de concessions que le gouvernement israélien serait prêt à faire pour obtenir la signature d'un accord de paix.
Je pense qu'en réalité on assiste à une séance de poker menteur lors de laquelle les dirigeants israéliens entendent ne pas apparaître comme ceux qui auront quitté la table en premier. Et je pense que les dirigeants israéliens, quels qu'ils soient, savent parfaitement qu'il n'y aura pas d'accord de paix, et que, quand bien même ils offriraient aux « Palestiniens » la banlieue de Tel Aviv et la ville d’Haïfa, cela ne serait pas suffisant pour les Palestiniens.
Je pense aussi que les Israéliens se préparent à ce que j'appelle la « prochaine étape » : celle qui se déroulera après que les « négociations » auront échoué, que Palestiniens auront quitté la table, et que John Kerry, l'Administration Obama, Obama lui-même, les dirigeants européens envisageront des manœuvres diplomatiques contre Israël et des actions de boycott.
Je sais qu'ils discernent que la « prochaine étape » sera difficile. Je sais aussi que de nombreux Israéliens craignent cette prochaine étape.
Je confirme cette impression : je pense que la « prochaine étape » sera effectivement difficile, mais pas autant qu'il pourrait sembler. Et je pense que les craintes de nombreux Israéliens sont excessives.
De fait, les dirigeants palestiniens parlent beaucoup, mais ils n'ont aucun atout dans leur jeu.
Kerry ? L'Administration Obama ? Obama lui-même ? Ni Kerry, ni l'Administration Obama, ni Obama lui-même ne peuvent se permettre d'aller trop loin dans leur hostilité à l’encontre d’Israël, car la population américaine ne le leur permettra pas, elle qui soutient toujours très majoritairement Israël.
Aucune sanction contre Israël n'est ainsi à craindre de la part des Etats-Unis. Aucune décision délétère aux dépens d'Israël ne pourra être prise par les USA aux Nations Unies dans le contexte actuel où Obama aura fort à faire pour ne pas perdre les élections de novembre 2014. Kerry, l'Administration Obama, Obama lui-même entendent s'en prendre à Israël en laissant l'Iran devenir une puissance hégémonique dotée du nucléaire militaire, et c'est là le problème majeur qu'il faut regarder en face. Les Palestiniens, dans ce contexte, sont fort peu de chose.
L'Union Européenne ? On y parlera beaucoup de sanctions contre Israël et des sanctions peuvent prendre forme. Elles n'en seraient pas moins autant de balles que les dirigeants européens tireraient dans leurs propres pieds. L'économie israélienne n’est pas « boycottable » ; elle se situe en position de pointe dans diverses technologies essentielles au fonctionnement des économies européennes, et celles-ci sont pilotées par des gens qui savent pertinemment qu'ils ne peuvent aller trop loin sans en subir eux-mêmes les conséquences.
Les dirigeants européens maintiennent l'Autorité Palestinienne en vie et sous perfusion, parce que cela fait partie de leur politique anti-israélienne et de leur politique islamique. Et ils continueront sans doute, mais ils ne pourront faire davantage. Viendra un temps où l'AP commencera à leur apparaître comme coûtant très cher dans un contexte où l'Europe sera de moins en moins riche.
Le monde arabe ? Il est en lambeaux. L'Egypte est préoccupée par ce qui reste des Frères Musulmans et par un sinistre économique qui s'accentue. L'Arabie Saoudite est, elle, préoccupée par la volonté de sauver l'Egypte et de conjurer l'hégémonie iranienne qui se dessine. Les Emirats sont dans la même position que l'Arabie Saoudite, à l'exception du Qatar. L'Irak est à nouveau déchiré par la guerre civile, et la guerre civile en cours en Syrie se poursuit en se complexifiant.
Désormais le régime Assad, allié de l'Iran, affronte al Qaeda et l'Etat islamique en Irak et au Levant. Lequel est combattu par al Qaeda, qui se rapproche de l'Iran et cherche un statu quo avec le régime syrien.
Ces divers protagonistes ont d'autres préoccupations que la « cause palestinienne ». La Jordanie est davantage embarrassée parce qu'elle est, à savoir un Etat palestinien dirigé par un roi venu d'Arabie. C’est la raison pour laquelle ce roi venu d'Arabie ne veut surtout pas d'un Etat palestinien émanant de l'AP, quand bien même il doit parfois prétendre le contraire.
Le monde musulman ? Au-delà du Proche Orient, la « cause palestinienne » ne l'intéresse que fort peu. La Turquie, elle-même confrontée au changement d'équation régionale, se rapproche à nouveau d'Israël. Les républiques musulmanes d'Asie centrale ont des liens économiques avec l’Etat hébreu.
Le reste du monde ? La Chine et l'Inde, les deux géants de l'Asie, voient tout l'intérêt qu'ils ont à se rapprocher également d'Israël et entretiennent de solides liens économiques avec lui, qui sont destinés à s'accroître. La Russie de Poutine est un Etat cynique, mais on y comprend qu'Israël est une puissance stable et forte. Poutine joue l'Iran contre le monde occidental, mais ne laissera pas l'Iran aller trop loin contre Israël.
Les dirigeants palestiniens palabrent abondamment, mais ils n'ont aucun atout dans leur jeu, non.
Au poker menteur, les joueurs qui n'ont aucun atout dans leur jeu doivent mentir, mentir énormément. En devant espérer que des naïfs croiront à leurs mensonges. Outre les naïfs, ils peuvent compter sur les antisémites du monde entier, ce qui fait un nombre assez important de gens, en particulier en Europe. Mais quand il s'agit de géopolitique et de milliards de dollars ou d'euros, même les antisémites savent que vient un moment où il faut être sérieux, et laisser les brailleurs brailler sans faire attention à eux.