De Villepin: la haine en héritage !
Par Richard C. Abitbol
Président de la Confédération des Juifs de France et Amis d'Israël
Le silence serait indécent après l'ignominieux et haineux pamphlet de Gazouleau De Villepin paru Jeudi matin dans Le Figaro. Ce journal, en le publiant, s'est rendu complice de ragots anti-israéliens pour ne pas dire antisémites, raison pour laquelle nous réclamons le droit de réponse que nous exposons ci-dessous.
Avant de revenir sur le fond, nous nous devons, pour rendre les choses plus claires, de mettre en perspective ce triste pamphlet digne de la “Libre Parole” ainsi que son auteur et, pour cela, il faut rappeler qui est Gazouleau De Villepin. Car sa seule présentation devrait suffire à annihiler toute portée à ses propos .
Gazouleau De Villepin, lauréat de la fameuse promotion Voltaire de l'E.N.A., est décrit par ses anciens camarades comme une personne arrogante, peu conviviale malgré son nom (Galouzeau veut dire «boute-en-train» en vieux français) et peu sympathique , voire même «détestable». Ses camarades le trouvent distant, hautain, voire odieux, même méprisant, considérant les autres membres de la promo «comme des sous-merdes». Dominique affiche déjà d'authentiques convictions gaullistes et comme son maître à penser n'a de respect et d'admiration que pour lui-même.
Voilà pour la description psychologique du personnage.
Sa carrière politique, quant à elle, commence véritablement avec Jacques Chirac. En effet, aussitôt élu Président de la République en mai 1995, Chirac le nomme secrétaire général de la présidence de la République où il surfera sur ses échecs. Il anime au Palais de l'Elysée une cellule juridique (surnommée «le Cabinet noir » en référence au Cabinet noir du temps de la monarchie), chargée de suivre et d'étouffer les affaires politico-financières en cours, liées au RPR et à la Mairie de Paris. Voilà qui donne une grande caution morale aux propos qu'il tiendra par la suite, et notamment dans le pamphlet incriminé !
En 1997, afin de mettre fin aux luttes intestines de la droite, il a l'idée « géniale» de proposer au Président de la République de dissoudre l'Assemblée Nationale, assurant ce dernier qu'il aura une majorité encore plus confortable et dévouée ! Mais, ces élections législatives, comme chacun sait, aboutissent à une défaite cuisante: ce fut la première grande défaite de la pensée villepiniste ! Dès lors, Bernadette Chirac, qui ne le porte pas dans son coeur, le surnommera, avec justesse, « Néron » , qualificatif qui lui collera à la peau jusqu'à ce jour .
L'échec étant payant, en 2002, Jacques Chirac, réélu, le nomme Ministre des Affaires étrangères, ce qui lui permettra de se distinguer lors de sa fameuse prise de parole du 14 février 2003, devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, discours qui lui permettra de mettre en exergue toute sa « haine gaullienne » de l'Amérique et d'afficher avec virulence ( les « anti-américains primaires » diront avec brio) son opposition à l'intervention en Irak souhaitée par les Etats-Unis. Pour continuer dans ce sens, il déclarera plus tard, en septembre 2004, que l'expression de « guerre contre le terrorisme », prônée par le Président américain George H. W. Bush, était « impropre ». Comme toujours, l'avenir le fera mentir.
Début juillet 2003, il organise une opération secrète de libération d'Ingrid Betancourt, qui s'avèrera un cuisant fiasco et pour laquelle la France devra présenter ses excuses: deuxième grand fiasco de la politique villepiniste. Il est bon de rappeler à ce sujet que, souvent, Dominique de Villepin agit pour raisons personnelles; en effet, il était resté personnellement intim ement lié avec les soeurs Bétancourt et, ce, depuis sa période étudiante.
Grand Démocrate et grand stratège, comme chacun sait, il participe et impose les Accords Kléber, afin de trouver une « solution pacifique » à la guerre civile de Côte d'Ivoire: accord imposé sous la pression des forces armées françaises et qui aura beaucoup de peine à s'appliquer. Ceci se terminera par un bombardement de « civils ivoiriens» par l'aviation française: troisième fiasco de la pensée villepiniste.
En mars 2004, Jacques Chirac nomme Dominique de Villepin au Ministère de l'Intérieur, ce qui le propulse comme stratège pour le référendum portant sur la Constitution Européenne avec le succès que l'on sait: quatrième fiasco du villepinisme.
Pour le récompenser de tous ses échecs, Chirac le nomme, en mai 2005, Premier Ministre. Poste où il démontrera « toute sa splendeuret sa compétence» face aux «incidents» de banlieue ou, plus exactement, face aux émeutes insurrectionnelles: 10.000 voitures brûlées en moins de deux semaines, de nombreuses institutions publiques incendiées, des écoles détruites... Dominique de Villepin décrète alors l'état d'urgence afin de permettre aux préfets de décréter le couvre-feu et il demande, benoîtement, au Conseil Français de la Fatwa d'émettre une fatwa à l'encontre des émeutiers afin que ceux-ci mettent fin à leurs exactions qui ont mis la France à feu et à sang !
Adieu valeurs républicaines, adieu laïcité, adieu autorité de l'Etat, c'est le cinquième fiasco monumental de la pensée villepiniste.
Enfin, autre idée lumineuse, Dominique De Villepin, qui pense toujours savoir ce que le peuple veut ( peuple dont il ne connait l'existence qu'au travers de ses lectures et auquel il n'a jamais été confronté dans une joute électorale), décide de lancer un contrat pour les jeunes, le fameux contrat première embauche (CPE), furieusement rejeté par les intéressés et qui suscitera de si importantes manifestations et grèves d'étudiants que Jacques Chirac sera obligé d'intervenir afin de réclamer la non-application de la loi, pourtant promulguée. Ce qui vaudra à Dominique De Villepin d'être, à nouveau, fortement critiqué par la presse, l'ensemble de la gauche, l'U.D.F et une partie de l'U.M.P: l'homme qui se veut l'écho du peuple n'a jamais été aussi loin du peuple !
Après de multiples tentatives pour calmer la protestation, Dominique De Villepin est contraint d'annoncer l'abrogation du CPE malgré sa validation par le Conseil Constitutionnel : sixième fiasco du villepinisme.
Après sa démission en Mai 2007 et en désamour avec le nouveau Président, De Villepin devient avocat au barreau de Paris sur dossier (licencié en droit, diplômé de l'I.E.P de Paris, énarque, haut fonctionnaire public) grâce à une recommandation de deux membres du barreau et à sa carrière juridique dans l'administration. Il prête serment, le 9 janvier 2008.
Cependant, Dominique De Villepin, toujours convaincu d'avoir un « destin national», annonce, le 25 mars 2010, la création d'un mouvement politique qui verra le jour le 19 juin 2010 sous le nom de République Solidaire qui s'avèrera un nouveau fiasco, le septième, de la pensée villepiniste.
Encore et toujours convaincu de son destin national, il se présente comme candidat à l'élection présidentielle. Malheureusement pour lui, les sondages ne le créditent que de 1 à 2 % d'intentions de vote, ce qui l'oblige à abandonner: huitième fiasco du villepinisme.
Un jour, Raymond Barre m'avait dit, parlant de hauts fonctionnaires: "Richard, en France , plus on échoue, plus on monte haut !"; De Villepin en est la preuve la plus cinglante ! Il s'est toujours trompé, il a toujours échoué dans tout ce qu'il entreprenait et pourtant il a toujours été récompensé de ses échecs tant par Chirac que par l es médias qui continuent de lui donner du crédit.
Aujourd'hui, avocat, Dominique de Villepin développe ses liens privilégiés avec le Qatar, liens qu'il avait déjà noués lorsqu'il était à la tête de l'Etat. Et, c'est ainsi que le cabinet d'avocats qu'il dirige compte pour principal client l'émirat qatari. De Villepin devient responsable d'un des fonds souverains de l'émirat, Qatar Luxury Group, fonds d'investissement personnel de cheikha Mozah, l'épouse de l'Emir et doté de 100 milliards de dollars.
Dès lors, De Villepin devient le serviteur zélé de son employeur Qatari.
Ce qui, vous le comprendrez aisément, explique la tonalité du torchon écrit par De Villepin, courtisan de l'Émir du Qatar, lui-même supporter des Frères Musulmans et du Hamas.
On peut donc supposer que cet article a été commandité par son client: l'Émir du Qatar !
Alors, pourquoi doit-on entendre encore celui qui s'est toujours trompé ? Pourquoi laisser ce flot de haine se déverser dans les colonnes du Figaro ? Pourquoi laisser ceux qui se disent experts et qui se sont toujours trompés envahir nos écrans et notre presse de leurs analyses erronées ? J'ai bien peur que les réponses que je pourrais donner à ces interrogations ne laissent poindre les vieux démons qui ont assombri les cieux de notre République dans un passé récent !
Ce long exposé sur le profil de l'auteur était nécessaire pour une meilleure approche du document incriminé et comprendre la sémantique idéologique et vénale sous-jacente à l'inspiration de l'auteur.
Revenons donc à l'exégèse de quelques éléments de ce texte à la lumière de ce que nous venons d'exposer.
Le problème avec De Villepin, c'est qu'il n'a jamais compris ce qu'était véritablement le devoir de la France qu'il confond avec la haine de nos alliés (américains, anglais, israéliens,...) et de ce fait, se positionne dans le digne héritage du gaullisme «pur et dur»dont cette haine est le pilier idéologique. Aussi lorsqu'il écrit qu'il défend «une France qui est attachée indéfectiblement à l'existence et à la sécurité d'Israël»,il mentpour faire apparaître ses propos comme prétendument équilibrés alors qu'il omet de rappeler qu'il a lui-même déclaré «qu'Israël n'était qu'une parenthèse de l'Histoire, et que ce pays était amené à disparaître.» ( proposde 2001, rapportés par Jean-Marie Colombani en 20 02). Ainsi De Villepin intègre dans son analyse l'anéantissement d'Israël.
S'il a raison de dire qu'Israël « ne saurait oublier les droits et devoirs qui sont conférés à Israël en sa qualité d'État constitué.» il oublie de rappeler que le premier devoir d'un État constitué est de veiller à la sécurité de ses concitoyens. Et que si l'on veut parler des droits, alors il faut rappeler qu'Israël avait le droit de suspendre la livraison d'eau, d'électricité et de denrées alimentaires à ceux qui menaient contre lui une guerre sans merci et que, pourtant, Israël n'a pas succombé à cette facilité pour préserver son éthique et continuer à remplir son devoir humanitaire. C'est d'ailleurs dans cette optique qu'Israël a construit un hôpital de campagne pour subvenir au x besoins de ceux qu'il combat par ailleurs; hôpital qui a été attaqué au mortier par le Hamas. Quel autre pays au monde se comporterait ainsi ? Pouvez-vous en citer un, Monsieur De Villepin ?
Quand vous écrivez : "Il est temps de mesurer l'impasse d'une France alignée et si sûre du recours à la force....Par mauvaise conscience, par intérêt mal compris, par soumission à la voix du plus fort, la voix de la France s'est tue...".
De quelle France parlez-vous ? De celle au nom duquel vous avez agi avec FranceAfrique ?
De celle qui a bombardé des civils en Côte d'Ivoire à l'image du colonialisme le plus dévoyé ?
De celle qui s'est couchée devant les émeutiers de novembre 2005 ?
De celle qui a attaqué au lance-flamme les Kanaks d'Ouvéa pour de misérables raisons électorales ?
Ou celle qui a vendu ce qu'elle pouvait de notre héritage national au Qatar ?
Quand un Président, digne et responsable, rappelle qu'un Etat allié "a le droit de se défendre" cela tombe sous le sens et ne paraît "anormal»qu'à un esprit dévoyé et perdu ! Etes-vous de ceux qui prônent la lâcheté et la soumission plutôt que le combat pour défendre et préserver ses valeurs et son peuple ? Etes-vous de ceux qui prônent l'abandon national ? Je croyais pourtant que vous étiez adepte de la France Libre plutôt que de celle qui se couchait.
Quant à "...Celle qui faisait parler le général de Gaulle au lendemain de la guerre des Six-Jours...", c'était celle qui a nié la responsabilité de la France dans le drame qui a frappé le judaïsme français en 1940, c'était celle qui avait voulu anesthésier la France en lui faisant croire que la collaboration n'avait jamais existé, c'était celle qui niait l'apport des Juifs français au patrimoine national depuis deux millénaires, celle qui abritait Papon sous les ors de la République, celle qui protégeait Touvier, celle qui donnait des ordres au DRH du C.E.A afin de ne plus embaucher de juifs dans ses rangs, celle qui osait s'appuyer sur les clichés antisémites les plus dévoyés tels que «peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur», «juifs qui étaient restés ce qu'ils a vaient été de tous temps... un peuple d'argent et de médias », «juifs soumis à la double allégeance »!
C'était surtout celle qui avait osé lever «la chappe de plomb »sur les restes d'un antisémitisme qui subsistait dans notre pays, qui l'obligeait à se mettre en sommeil depuis la libération des camps, empêchant la prolifération de propos, injures et attaques antisémites sur notre territoire ?
Voilà monsieur De Villepin votre nostalgie, la France que vous appelez de vos vœux et qui émerge si bien de vos propos indignes !
Vous appelez donc de vos voeux cette France qui jeta en pâture en 1967, pour la deuxième fois en deux décennies, «ses juifs»sur l'autel du sacrifice au profit de bénéfices illusoires !
La France que vous appelez de vos vœux, c'est donc celle des nostalgiques de Maurras et du Juif errant.
A cette fin, et pour vous rafraîchir la mémoire, je citerai les propos du Général De Gaulle du 5 mars 1959, rapportés par Alain Peyrefitte : "C’est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France.Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne.Qu’on ne se raconte pas d’histoire ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français. Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et les Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherez-vous de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées... ".
Ces propos s'ils étaient tenus aujourd'hui par Jean-Marie Le Pen lui aurait valu un tollé généralisé, des procès par centaines, et une déferlante de plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues de Paris !
Voilà donc la France que vous appelez de vos voeux.
Voilà donc la Haine dont vous faites votre héritage, une haine sans partage et unilatéralement distribuée envers Israël et son peuple, car ils ont eu l'audace de se défendre et de transgresser les diktats de ceux qui voudraient maintenir les Juifs en "dhimmitude".
Non, monsieur De Villepin, vous n'avez pas le monopole de la compassion avec le peuple palestinien, compassion qui semble, en ce qui vous concerne, plus vénale que naturelle.
Nous sommes, pour notre part, de ceux qui s'intéressent véritablement au peuple palestinien et à son avenir; nous nous battons pour le protéger du totalitarisme islamiste, pour qu'il puisse s'instruire sans être obscurci par l'idéologie de la haine, pour que chaque palestinien puisse choisir sa manière de vivre ou son orientation sexuelle, pour que chaque palestinien puisse s'épanouir et s'ouvrir à la connaissance et à la culture. Le véritable blocus, c'est celui de l'esprit et de la liberté, celui qu'impose le Hamas à son peuple.
Oui, seule l'obsession de la Paix permettra aux Palestiniens de vivre en paix dans leur Etat et dans le respect des autres.
Et s'il y a terreur dans les territoires palestiniens, c'est du côté du Hamas et des Djihadistes qu'il faut la chercher.
Quant à la Justice Internationale, si elle existait ça se saurait. Ni en Afrique, ni au Rwanda, ni au Congo, ni en Libye, ni en Syrie, ni en Irak, ni en Ukraine, ni dans aucun autre conflit, la communauté internationale n'a pu éteindre ces foyers bien plus mortifères que celui de Gaza.
Et au nom de quel « Statut de l'Etat Juif » voudriez-vous interdire à Israël ce qui est de droit pour tout autre Etat sur la planète ?
Je ne répondrai pas plus avant à tous vos autres arguments fallacieux et mensonges éhontés que vous déclinez dans votre narration nauséeuse et fantasmagorique. Cela est inutile car dans cette description vous ne faites que remplir le contrat qui vous lie à votre client, l'Emir Tamim Ben Hamad Al Thanimais, de grâce, ne prétendez pas agir au nom de grands principes qui vous sont étrangers.
Le parfum d'honneur dont vous semblez vous délecter n'est que la puanteur à laquelle prennent goût les intendants à la « chaise percée », courtisans dévoyés qui, aveuglés par la soif de pouvoir et de titres pompeux, finissent par confondre honneur de servir et servilité nauséabonde.