La cérémonie du mariage chez les Amazighs juifs de Tiilite
Cette recherche fait suite à l’intérêt que nous avons accordé à la culture Amazigh, et aussi à la concrétisation d’un souhait de sauvegarder une composante importante du patrimoine culturel marocain à savoir le judéo amazigh , dont la nouvelle constitution du royaume a souligné l’importance, et vu aussi l’aspect multidimensionnel de l’identité Marocaine.les facteurs qui ont motivé cette étude -1-:
En effet, les dernières familles qui ont vécu à Tiilite, village du grand Dadès, durant au moins un millier d’années, ont quitté massivement ce pays vers le milieu des années 1960 ; laissant -2-derrière eux leurs traditions, leurs parlers, leurs savoir faire en artisanat, leurs pratiques commerciales que leurs voisins musulmans ont repris à leurs comptes._3_.
Le judéo-amazigh est presque une langue morte au Maroc, c’est une pratique culturelle menacée de disparition d’après les investigations de l’unesco_4_
Les gens qui pratiquent encore cette langue sont comptés sur les doigts d’une main, surtout dans les villes comme Marrakech, et Casablanca par exemple _5 --
Pour un aperçu historique sur la vallée de Dadès (se référer à mon article : mille an de vie à Tillite- 2009).
-le mot en hébreu local Azamout -3-, traduit généralement par fête de mariage, noce ,tamaghra, comporte entre autres l’idée de lecture ,d’étude, d’enseignement, d’appel( réf : Miriam Rovsing Olsen p 65.)
Nous retenons ici le dernier sens à savoir l’appel .Le mot Azamout dans le parlé de juifs de Tiilite porte le même sens qu’en amazigh : celui de l’appel, nous pouvons même avancer qu’il s’agit d’une traduction fidele du terme tamaghra, appelle, invitation, toujours en vigueur dans toute la vallée du Dadès_6_.( Comunication orale du professeur M.El Medlaoui)
En effet, ce mot tamaghra a un sens plus large chez les ait Dadès, en parle aussi de tamaghra n’ loukran, c’est une fête célébrée après accomplissement de de l’apprentissage par cœur du saint coran. L’idée d’inviter les personnes du village ou- la Takbilt- pour assister aux fêtes de naissance, pèlerinage, circoncision etc. est désignée aussi par l’expression ighoura _i_ medden.
la khotouba-4-, fiançailles : il est usage dans la société marocaine juive ou musulmane que les parents désignent à leurs fils sa future épouse ; et le jeune doit habituellement s’accommoder du choix fait par les siens( Zafrani p38 juifs d’Andalousie..)Mais il faut de même signaler que le mellah de Tiilite est composé de familles d’origines sociales différentes : ceux qui pratiquent le commerce de tissu ; de produits agricoles, d’épicerie, de bijouterie et d’autres mois riches qui s’exercent dans l’artisanat, les travaux agricoles.
Il est évident de remarquer que les choix se font le plus souvent parmi les même clans. On peut prendre seulement ici un exemple des deux familles riches les ait illou( famille Dahan,) et les ait Youssef,( famille Pérez)._7_
Etant donné la richesse de la langue amazigh, parlée à Dadès ;et vue les anciens métissages de populations, à savoir les ait Atta, les ait Sedrat, les ait Imgoun et les voisins le plus proches Imaghran( qui parlent un dialecte lié à Tachelhiyt)le mot mariage ,comporte diverses nominations :on trouve le mot tahel pour traduire l’idée de se marier ; le terme qui en dérive litihal sinifie mariage, mais le terme le plus utilisé est awl qui a pour forme active sawl ou ssiwl employée par presque tous les amazighns avec le sens de parler.
Il se peut qu’il y ait la un rapprochement intéressant qui donnerait au mot Awl un autre sens qui serait d’être dit, par extension d’être accordé après diverses discutions qui ramènent à la Khotouba, terme désigné en amazigh la le mot Timazzaline.
Timazzaline terme utilisé autre fois est tombé en désuétude à Tiilite, mais on en garde la trace suivante avec cette formule suivante :Mad -d –youzlan, ta- ? C’est-à-dire qui a demandé la main de celle-ci ?
La cérémonie du mariage dure toute une semaine. Un adage local dit ( tamaghra _ n_sebaà oussan _ s_tanzih dou Asbahi). C'est-à-dire mariage de sept jour avec Fantasia et promenade.
Ici les vestiges d’un passé glorieux de Tiilite sont invoqués. D’après mes recherches menées dans la citée de Tiilite ; les restes des anciennes demeures des notables Ait ouahi( actuel Ait AbdelWahed) Ait Lahcen (Khalidi) anciens représentants du makhzen Saadien ; atteste ce passé glorieux y compris dans leurs propriétés agricole( les Ourtans.)
A cette époque ; on pratique la Fantasia dans une large place aménagée a cet effet ; dans les champs ; celle-ci existe encore de nos jours même si pratique prestigieuse a disparue.
Le mariage est aussi un contrat qui contient un certain nombre de dispositions qui protège les intérêts pécuniaires de la femme essentiellement.
La coutouba ou contrat du mariage fixe le montant de la dote légale ; et l’apport de l’épouse (Zafrani-juifs de l’Andalousie page 319)
Rite et cérémonie du mariage :
La cérémonie est rythmée par des moments privilégies qui culminent un mercredi-8-le jour des sept bénédictions par un rituel qui connaît mille et un geste ;une assez longue période de solennité ; de festivité ; qui demeurent de trois à quatre semaines par fois un minimum de huit jours est suffisant ;et dont l’éclat et le luxe varie selon les moyens et les prétentions des familles .Zazrani p :319
Le choix d’un mercredi pour le commencement des festivités du mariage a un sens magique ;il coïncide avec le jour du souk( Ass –n- Essouk) qui a lieu à el Kellaà des Mgouna ;et plus loin encore à Boumalne Dadès ! Ceb sont les deux principaux jours d’intenses échanges commerciaux qui marquent toute la vallée heureuse du grand Dadès.
Ce choix d’un mercredi n’est pas du au hasard me parait –il ; en effet il est l’une des marques de l’influence du judaïsme sur les pratiques commerciales de cette région.
Les commerçants juifs de Tiilite ont joué un rôle prépondérant surtout pour les échanges commerciaux qui relient ces contres présahariennes avec les métropoles comme Marrakech et Fès ;( exemples commerces de figues sèches ;roses ;amandes ;peaux de moutons dont s’est spécialisée la famille Dahan qui assure même le transport avec l’achat d’un camion le premier véhicule utilitaire de Tiilite (voir la copie de L’acte d’achat ; archive Ichou Abdelwahed)
IL convient de remarquer de certaines familles de Tiilite ont actuellement repris l’exercice de ces activités commerciales comme au paravent (exemples : famille Ait Abdelwahed pour commerce divers : tissu ; figues ; roses ; amandes ; épicerie et transports en commun- la famille ait Rahhou exerce dans la bijouterie avec famille ait Hassou et famille Ait Harrou ; laFamille ait Salam exerce dans la boulangerie traditionnelle (;tafournout.)
J’ai cité tous ces métiers divers car ils sont très sollicités durant les festivités des mariages ; soit chez les musulmans de Tiilite ou chez leur voisins les juifs de Tiilite.
A ces familles il faut ajouter certaines familles immigres durant le début des annes1960 du millah voisin des Ait ouzin
Situe à 2km environ de millah principal de Tiilite ;le Mellah des Ait Ouzin ; dont un proverbe en Amazigh prononce par les juifs de Tiilite : « hatn dand ilamchan adag as’gloun tiglay di ifoulousn » ;c'est-à-dire que les nomades sont venu parmi nous ;les pris du poulet et œufs sera augmenté par leur arrivée ?
IL est à noter que la consommation des ces produits est réservé exclusivement aux familles juives car les familles musulmanes en consomment peu et très rarement. Cela s’explique pour des raisons psychologiques ; je cois ; comme c’est le cas aussi de l’approbation de la consommation du beure frais pour les femmes ; chez les anciennes femmes du Dadès.
On peut remonter plus loin encore pour la pratique de ces rituels chez les Imazighns en remarquant que les Bouraghtas ne mangeaient pas de volailles.
Le temps du mariage est considéré comme une période éminemment critique et dangereuse ; comme toute période de passage de la vie. Les maries sont tenus pour très vénérablement menaces par toute sorte de malédictions ; d’opérations magiques malfaisantes (Ribat)
IL faut donc assurer leur protection par des talsims et des amulettes analogues à celles qui gardent à la naissance la mère et son enfant.
Les cérémonies proprement dites commencent par sebt –Ershim le samedi de la désignation o parce que le fiancé ou Isli désigne ce jour la ces garçons d’honneur les « Isnayns » .
Références bibliographiques :
Brahim Abdelwahed ; Chercheur