La Saga de Patrick Drahi
... Et d'une bataille politico-économique dont Patrick Drahi, un nom quasi inconnu il y a encore quelques mois, sort grandi. Et pas seulement parce que ce Séfarade né au Maroc, parti de rien, et qui partage sa vie entre Genève (où réside sa famille), Paris et Tel-Aviv, a damé le pion à un des grands patrons du CAC 40. Mais parce qu'il y est parvenu en restant droit dans ses bottes, alors que les coups bas pleuvaient, et en prouvant qu'il ne manquait pas d'audace.
... Né à Casablanca en 1963, Patrick débarque à Montpellier à l’âge de 15 ans. Malgré le dépaysement, il devient vite un premier de la classe, poussé par ses parents profs de maths. Même sérieux à l’Ecole polytechnique, où il est ensuite admis. Son copain de promo Olivier Huart, actuel patron de l’équipementier télécoms TDF, ne se souvient pas l’avoir vu faire le moindre écart, même à la soirée annuelle des X, le Point Gamma (sic). Et s’il fut l’un des premiers à s’acheter un lecteur de CD, ce ne fut pas pour écouter AC/DC, mais plutôt Liszt ou Brahms. Bûcheurs, les quatre enfants qu’il a eus avec son épouse d’origine syrienne le sont tout autant: ils étudient dans les meilleures écoles à Bristol, Genève et Tel-Aviv, et semblent programmés pour reprendre un jour les commandes. Tous les vendredis soir, Patrick Drahi saute dans un jet de location pour les retrouver, rassemblés dans l’une ou l’autre de ses propriétés.
Avec désormais 28,2  millions de clients fixe et mobile, cet inconnu va pouvoir parler quasiment d’égal à égal avec Orange, jusque-là leader incontesté. Mais la grenouille ne se prendrait-elle pas pour un bœuf ? Pour mettre la main sur SFR, dont le chiffre d’affaires est huit fois plus gros que celui de Numericable, Drahi et sa holding Altice ont contracté une montagne de dettes ! Ce pianiste virtuose qui joue Rachmaninov sans trembler est donc condamné à faire cracher l’opérateur. C’est sa spécialité.
Sa jeunesse bûcheuse Né à Casablanca en 1963, Patrick débarque à Montpellier à l’âge de 15 ans. Malgré le dépaysement, il devient vite un premier de la classe, poussé par ses parents profs de maths. Même sérieux à l’Ecole polytechnique, où il est ensuite admis. Son copain de promo Olivier Huart, actuel patron de l’équipementier télécoms TDF, ne se souvient pas l’avoir vu faire le moindre écart, même à la soirée annuelle des X, le Point Gamma (sic). Et s’il fut l’un des premiers à s’acheter un lecteur de CD, ce ne fut pas pour écouter AC/DC, mais plutôt Liszt ou Brahms. Bûcheurs, les quatre enfants qu’il a eus avec son épouse d’origine syrienne le sont tout autant : ils étudient dans les meilleures écoles à Bristol, Genève et Tel-Aviv, et semblent programmés pour reprendre un jour les commandes.Tous les vendredis soir, Patrick Drahi saute dans un jet de location pour les retrouver, rassemblés dans l’une ou l’autre de ses propriétés.
Un milliardaire qui ne paie pas de mine Avec ses vêtements élimés et ses invitations à la pizzeria, Patrick Drahi a longtemps amusé le Paris des affaires par sa simplicité. Sans assistante ni chauffeur, il montre son smartphone quand on lui demande où est son bureau. Un train de vie sans chichis, qu’il impose aussi à ses entreprises. «Dans chaque acquisition, on applique la méthode Altice, détaille un de ses vieux complices. On confie des chaînes entières de commandes à des sous-traitants, mais de manière maligne, en les intéressant à la qualité.» Une stratégie efficace pour redresser les comptes (et qui va bientôt être théorisée dans un manuel), mais souvent destructrice d’emplois, au moins dans un premier temps. Lors du rachat de Numericable, Drahi n’avait pas hésité à engager deux plans sociaux et à supprimer 1.139 postes. Les nombreux informaticiens de SFR sont prévenus.
Ses savantes équations fiscales Les coups de menton d’Arnaud Montebourg ont encore fait plouf : Patrick Drahi n’a pas l’intention de changer d’un iota l’audacieuse architecture de son empire. Bien sûr, Numericable, pour ce qui est de ses activités hexagonales, paie ses impôts en France. Mais les futurs dividendes de la société remonteront à Altice, cotée à Amsterdam et basée au Luxembourg, où ceux-ci peuvent être exonérés d’impôts, tout comme les plus-values de cession. L’homme d’affaires contrôle par ailleurs cette société à travers la holding Next Limited Partnership, installée à Guernesey pour masquer l’identité d’éventuels coactionnaires. «Aujourd’hui, il en détient 100%», garantit toutefois son entourage, sans démentir qu’il ait pu avoir des associés dans le passé. Pour compliquer encore la situation, Patrick Drahi vit à Genève depuis quinze ans, mais n’y serait pas résident fiscal selon l’administration locale. Dur à suivre.