Morts de l'Hypercacher : pourquoi des obsèques en Israël ?
Alors que les victimes de l’attentat contre le supermarché casher de la Porte de Vincennes sont de nationalité française ou tunisienne, elles seront enterrées à Jérusalem. Pourquoi ?
Yohan Cohen, Yohav Hattab, Philippe Braham et François-Michel Saada, les quatre juifs tués vendredi par le djihadiste Amedy Coulibaly lors de l’attentat contre un supermarché casher à Paris seront inhumés mardi matin 13 janvier en Israël, ensemble. C’est là la décision des familles. Pourtant, ces quatre hommes sont Français ou Tunisien et leurs plus proches parents et amis ne vivent pas en Israël.
Yohan Cohen, qui vient de Sarcelles dans le Val-d’Oise, devait être, selon le maire de la ville qui l’avait annoncé dans un premier temps, inhumé dans sa commune d’origine. Mais François Pupponi a finalement confirmé le départ du jeune homme pour Jérusalem. Comment cela se fait-il ?
Une question religieuse
S’il n’est pas obligatoire d’être enterré en Israël selon la loi juive, c’est en tout cas recommandé. La tradition veut en effet qu’à la venue du Messie et la résurrection des morts commencent par la ville de Jérusalem et c’est donc un signe de grande foi que de demander à être enterré en Israël. Dans la Thora, le patriarche Yaacov, en exil en Egypte au moment de sa mort, avait d’ailleurs demandé à son fils Yossef d’amener son corps en terre sainte pour y être enseveli.
Des familles sur le départ ?
Le mouvement de Alyah – littéralement "montée" en Israël – connait une nette accélération ces derniers mois en raison de l’augmentation du nombre d’agressions antisémites en France.
De plus en plus de personnes, sur le départ ou pensant partir un jour de France, font donc enterrer leurs morts en Israël. Il est en effet important pour les familles de rester proches de leurs morts. On peut donc penser que pour les proches des quatre victimes de l’attentat d’HyperCacher, il est important de mettre leurs morts à l’abri sur une terre qu’ils devront peut-être eux-mêmes rejoindre bientôt.
Certains évoquent, aussi, la crainte de voir les tombes profanées en France, comme ce fut déjà le cas à plusieurs reprises.
Une récupération politique ?
Yohan Cohen, Yohav Hattab, Philippe Braham et François-Michel Saada, comme avant eux Ilan Halimi ou Jonathan Sandler et ses enfants, victimes de Mohamed Merah, seront donc inhumés en Israël. Une opération à laquelle le Premier ministre Benyamin Netanyahou n’est pas étranger. C’est bien un communiqué de ses services qui a confirmé l’heure des inhumations et le lieu précis des cérémonies, demandant aux gouvernements concernés de bien vouloir tout mettre en oeuvre pour faciliter le transfert des corps.
En outre, ces funérailles coûtent généralement beaucoup d’argent et sont un casse-tête à organiser. Le fait qu’elles soient prises en charge par l’Etat hébreu ne peut qu’être une bonne nouvelle pour les familles dans ces circonstances difficiles.
Enfin, et alors que certains en Israël ont vu dans la visite de Netanyahou à Paris, un "désastre de communication", le Premier ministre, en communicant sur l'accueil des victimes en Israël, peut, en pleine campagne électorale, vouloir récupérer les obsèques de ces quatre hommes en les accueillant en Israël.
Céline Lussato
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